diesel

Après Volkswagen, c’est au tour de Renault de faire parler de lui avec ses moteurs diesel et la prétendue fraude aux NOx. Des révélations qui sont tout sauf une surprise pour les lecteurs du blog : au mois d’octobre dernier, on rappelait ici même le problème intrinsèque des émissions de NOx des motorisations diesel, surtout depuis la généralisation de l’injection haute pression et de la suralimentation. Qui sera le prochain constructeur à venir gonfler la liste ? Comment le législateur a t-il pu laisser passer pareille escroquerie ?

I. Stop à l’hypocrisie

Au rang des présumés coupables, commençons déjà par citer ceux qui jusqu’à présent échappent à toutes les accusations : les clients !

Si les constructeurs ont évidemment leur part de responsabilité, il serait tout de même utile de rappeler celle qui revient indirectement au consommateur à chaque fois qu’il utilise son crossover diesel pour des usages diamétralement opposés à l’usage théorique pour lesquels ce type de véhicule est conçu initialement. Vu la part des déplacements de moins de 3 kilomètres encore effectués à ce jour au volant d’une auto à pétrole, qui plus est diesel, c’est tout de même un comble qu’aucun média n’ait jugé utile de rappeler que toutes ces histoires de pollution en milieu urbain seraient bien moins graves si les automobilistes faisaient preuve d’un peu plus de courage et de bonne volonté pour se déplacer autrement qu’en voiture à pétrole à chaque fois que cela est possible !

Alors que personne aujourd’hui n’aurait l’idée d’acquérir une Renault ZOE pour traverser la France plusieurs fois par an, nombreux sont les automobilistes qui continuent à acheter des voitures diesel pour parcourir rarement plus de 50 km par jour, en ville et/ou à la campagne.

Quand bien même ils sont parfaitement dans leur droit ce faisant, il est quand même tentant de rappeler que s’ils le voulaient vraiment, pour le même prix ou presque, la plupart pourraient aussi faire le choix de rouler à l’hybride ou à l’électrique. Des véhicules qui, rappelons-le, viendraient utilement alimenter le marché de l’occasion d’ici quelques années au détriment de toujours plus de tout pétrole…

II. Le législateur complément dépassé

Autre coupable jusqu’ici plutôt bien épargné par les médias : le législateur. Berné par l’industrie automobile depuis des années, il aura fallu attendre le scandale Volkswagen pour que le législateur se décide enfin à mobiliser des moyens pour contrôler de façon transparente et indépendante les émissions des véhicules en conditions d’usages réelles.

Or, que ce soit en matière d’émissions de CO2 et donc de bonus écologique (…) et/ou d’émissions de polluants tels que les particules fines et surtout les NOx, ça fait quelques années déjà que les consommateurs soucieux de la qualité environnementale des produits qu’ils achètent s’indignent des écarts grandissants entre les valeurs théoriques des constructeurs tout droit sorties du monde de Martine et celles obtenues à l’usage, sensiblement plus élevées.

Si vraiment le législateur avait eu le courage et la volonté politique d’affronter en face-à-face le lobby des constructeurs automobiles européens, toutes ces histoires de diesel truqués et autres anomalies du genre n’auraient probablement jamais été. En tout cas, certainement pas dans les proportions révélées jusqu’à présent !?

III. La fiscalité sur les carburants : le pousse au crime

Bien que la fiscalité sur les carburants n’ait pas de lien direct avec la fraude au NOx, impossible de ne pas pointer une nouvelle fois l’insupportable écart de fiscalité qui perdure encore à la faveur du gazole. Payer moins pour polluer plus : il n’y a que le vieux monde de la politique pour continuer à défendre un truc aussi débile !

Fin 2015, il y a bien quelques députés qui ont tenté d’élargir la récupération de la TVA à autre chose que le gazole pour les professionnels. Hélas, l’aveuglement et l’incompétence crasse du reste de l’hémicycle a eu raison de leur audace.

Résultat : dans la majorité des grandes villes françaises, même les taxis roulent encore au gazole en 2016 ! Exaspérant…

IV. Le vrai tort des constructeurs est ailleurs

Plutôt que de répéter les banalités des médias, personnellement, j’ai plutôt tendance à penser que là où les constructeurs ont vraiment failli, c’est dans le fait de s’être entêtés à ce point en faveur du diesel plutôt qu’en faveur de l’hybride ou de l’électrique. De ce point de vue, les constructeurs japonais se distinguent très nettement des constructeurs européens, en ayant fait le choix d’investir très tôt dans les technologies hybride et électrique plutôt que dans le diesel à outrance.

Si le moteur diesel a quelques atouts intrinsèques pour des usages très précis, force est de constater qu’au quotidien, la technologie hybride-essence ou électrique est indiscutablement mieux adaptée que le moteur diesel pour plus de 8 automobilistes sur 10.

En faisant semblant d’ignorer l’usage réel des voitures achetées par les clients, les ingénieurs motoristes européens continuent de développer des moteurs totalement inadaptés aux besoins réels des automobilistes et aux contraintes du monde urbain. Contrairement à Toyota notamment, ils n’ont pas réussi à séduire les clients autrement qu’avec de fausses promesses et/ou des arguments d’un autre âge à base de puissance, d’accélération et de couple maxi.

Résultat : la plupart des innovations développées ces 15 dernières années pour optimiser le moteur à pétrole se sont toutes révélées bien moins efficaces à l’usage qu’annoncées.

Les deux seules technologies qui ont réellement permis de réduire drastiquement et durablement les émissions de polluants en milieu urbain sont l’hybride et l’électrique. Il aura fallu attendre la 8ème année du bonus écologique pour que le gouvernement ajuste les barèmes à la faveur de ces deux seules technologies. Un choix que continuent pourtant de critiquer les irréductibles du moteur à pétrole pur qui n’ont toujours pas compris que ses jours étaient désormais comptés…

Vive le futur sobre & intelligent ! ;-)