Lorsque les premières Model S ont été livrées à Paris, Villa Maillot, en septembre 2013, j’avais eu la chance de pouvoir assister à l’événement et de rencontrer l’équipe qui représentait Tesla, ainsi que quelques clients venus parfois de loin pour chercher leur exemplaire. A l’époque, j’avais interpelé la responsable de l’opération en lui demandant si le constructeur avait envisagé de prospecter le milieu professionnel des taxis en France. Et bien que des chauffeurs norvégiens aient déjà opté pour la limousine survoltée dans leur pays, aucune action n’était prévue pour séduire la corporation. Ils sont maintenant plusieurs dizaines dans l’Hexagone à faire de l’engin de Palo Alto un VTC ou un taxi électrique. Ainsi, près de Marseille (13), Stéphane Arputzo, 41 ans, qui a été enthousiaste à l’idée de communiquer son expérience aux lecteurs d’Automobile Propre.
Model S tout confort
Commandée le 17 septembre 2015, la Tesla Model S 85 blanche de Stéphane Arputzo lui a été livrée le 21 décembre 2015. Pour Noël, en quelque sorte ! Chauffeur de taxi depuis le 23 février 2010 à Septèmes-les-Vallons, en périphérie de Marseille, il a tenu à ce que sa nouvelle voiture soit équipée des sièges de nouvelle génération et de la suspension pneumatique intelligente. « C’est pour offrir à ma clientèle un confort maximal », précise notre interviewé, qui ajoute « être certain d’avoir fait le bon choix, grâce aux témoignages de quelques personnes transportées qui avaient auparavant déjà voyagé dans un exemplaire qui en était dépourvu ». Sa voiture dispose aussi de la fonction Autopilot qui lui permet de suivre un véhicule sans intervention du conducteur. « Bien conserver les mains sur le volant », exige le constructeur.
Plus d’un an avant de la commander
C’est l’ouverture du showroom d’Aix-en-Provence, mi 2014, qui a décidé Stéphane Arputzo à essayer une Tesla Model S, dont il était déjà au jus de ses qualités. « Il me restait un a priori à éliminer auparavant, celui de l’autonomie », confesse-t-il. Mais le témoignage d’un confrère, travaillant déjà sans difficulté avec cette voiture exceptionnelle, a fini par le convaincre. « S’il y arrive, alors pourquoi pas moi !? », a-t-il fini par se persuader. « Aujourd’hui, c’est moi qui réponds aux questions des chauffeurs de taxi qui s’intéressent à la Model S », indique-t-il, avec une certaine fierté légitime. « Les anciens, eux, en revanche, sont la plupart du temps assez distants », regrette-t-il.
Pas une autre
Est-il utile de poser aujourd’hui la question du choix des véhicules électriques à un chauffeur de taxi qui effectue de longues distances occasionnellement, mais néanmoins régulièrement, pour transporter ses clients ? « L’autonomie, le confort sur la route, l’espace à bord, les 2 coffres qui peuvent chacun recevoir des bagages : quelle autre voiture électrique que la Model S, disponible sur le marché, propose tout cela !? », Répond du tac au tac Stéphane Arputzo.
Environnement
« Un taxi pollue généralement beaucoup plus qu’une autre voiture, du fait des kilomètres accumulés au fil des jours », pose notre chauffeur. « Moi-même, j’effectue environ 12.000 km par mois », évalue-t-il. « Avec la Model S, je me réjouis de pouvoir faire mon métier sans rien émettre comme polluants ou CO2 sur mon passage », conclut-il. Il essaye d’ailleurs de convaincre sa compagne de rouler également en véhicule électrique.
Economie
« Avec la Model S, je sortirai environ 11.000 euros TTC en moins à l’année, soit à peu près 900 euros par mois ! », calcule Stéphane Arputzo. « Les 1.200 euros du crédit pour la Tesla correspondent quasi exactement à mes précédentes dépenses en gazole, lorsque j’avais un taxi diesel », remarque-t-il. Cette dernière lui coûtait mensuellement 500 + 600 euros, respectivement pour le remboursement du prêt et les frais d’entretien. « Sur ce dernier poste, la Model S me fait économiser 5.000 euros par an, sans compter qu’elle sera moins immobilisée pour les révisions ». Grâce à ce modèle économique, notre interviewé se met moins de pression, et peut se permettre d’effectuer une course en moins de temps en temps.
Biberonnage
Le secret d’une bonne autonomie en permanence, pour Stéphane Arputzo, c’est le biberonnage de la batterie. « Je n’attends pas de devoir impérativement la recharger », témoigne-t-il : « Dès que je passe devant une borne et que j’ai un peu de temps, même 10 minutes pour prendre un café, je branche la Model S ».
Dans son secteur, il a l’embarras du choix, et en particulier sur les parkings des grandes surfaces. « J’utilise régulièrement les bornes DBT chez Ikea et Auchan, ou celles en 22 kW de Leclerc ou Super U », rapporte-t-il. Ce maillage satisfaisant est crucial pour lui, car sa maison étant en bout de ligne ErDF, la recharge à son domicile, en monophasé 32 A, n’est pas des plus efficaces. En outre, « le compteur est à 400 mètres de la maison », déplore-t-il.
Cordons et adaptateurs
Autre impératif, pour répondre à toutes les demandes de transport : disposer de tout le matériel nécessaire à la recharge de la batterie. « Dans mon coffre, j’ai toujours avec moi le cordon Type2 – Type 2 fourni par Tesla, celui acheté chez Amphase Type2 – Type 3, et des adaptateurs, dont un pour se brancher sur les bornes CHAdeMO, un rouge pour le 380 V triphasé, un bleu… », énumère-t-il. De quoi exploiter un maximum de stations de ravitaillement différentes, sur son passage.
Marseille – Paris
Stéphane Arputzo effectue régulièrement des déplacements à Paris avec sa Model S. Et pas seulement pour ses affaires personnelles, comme lorsqu’il est venu rencontrer Elon Musk, avec nombre d’autres propriétaires des productions de la marque californienne ! Aussi et surtout pour les besoins de sa clientèle, qu’ils soient professionnels ou médicaux. Pour ce dernier cas, il évoque la situation d’un enfant devant être hospitalisé pour recevoir une greffe. « Sur les 750 kilomètres d’un trajet aller ou retour, je mets environ 90 minutes de plus qu’un confrère en taxi thermique », chiffre-t-il. « Et lorsque je dois m’arrêter à un superchargeur pendant l’heure de se restaurer, j’offre le repas ! ». Est-il étonnant que notre interviewé dispose d’une clientèle fidèle ?
Des clients surpris…
« Quand ils montent pour la première fois dans ma voiture, certains clients ne s’aperçoivent pas qu’elle est électrique, car trop absorbés par leurs portables », révèle Stéphane Arputzo, qui trouve alors souvent le moyen de leur faire remarquer le silence d’évolution de la Model S. « C’est le point de départ d’une conversation qui n’aurait sans doute jamais démarré dans un taxi thermique », commente-t-il. « Ils s’intéressent alors à la Tesla, me demandant parfois où se trouve le concessionnaire du secteur ».
Aux chefs d’entreprise, il rappelle que l’achat d’une voiture électrique est exonéré de taxe sur les véhicules de société. D’autres s’inquiètent avant même de monter dans l’habitacle, lorsqu’ils voient le chauffeur caser les bagages dans le coffre avant. « Eh, vous n’allez pas mettre mes valises avec les odeurs d’huile du moteur ! », s’exclament-ils parfois.
…et des inconditionnels
Un peu geek sur les bords, notre interviewé, qui avoue être de la génération PlayStation et Videopac, n’hésite pas à présenter à ses passagers tout le potentiel de la console tactile centrale. Pour quelques clients, nouveaux ou fidèles, être transportés en Model S est impératif. S’il n’est pas disponible, Stéphane Arputzo les confie à un de ses confrères équipés de la même voiture et avec la plupart desquels il a des contacts réguliers. Il en compte 6 dans les Bouches-du-Rhône et 4 dans le Gard. « Ma clientèle s’étend grâce au bouche-à-oreille », constate-t-il. Il est vrai que voyager en Tesla, pour pas plus cher, c’est forcément tentant !
Des bornes pas toujours accessibles
Stéphane Arputzo s’inquiète tout de même de voir les places devant les bornes de recharge de plus en plus souvent occupées. Il y a bien sûr les thermiques ventouses que nous avons tous déjà observées. « J’ai des courses à faire et je ne veux pas me garer loin », a entendu un jour notre interviewé. A ce comportement dommageable à la mobilité branchée, s’ajoute un nombre toujours plus important de véhicules électriques et hybrides rechargeables en circulation. Il n’est plus rare de tomber sur une station saturée. Un véritable problème pour un professionnel de la route ! « Les points de charge vont devoir se multiplier », espère-t-il.
Check sur ChargeMap
« La plaie, ce sont ceux qui mettent leur voiture en charge et la laisse sur la place réservée, parfois plusieurs heures après la fin de l’opération, sans indiquer de numéro de téléphone en cas de besoin », s’emporte-t-il. En plus de tendre vers la disparition de ce comportement fâcheux, « l’idéal serait que tout utilisateur d’une borne envoie un checking sur ChargeMap pour indiquer le début et la fin de mobilisation du point », plaide Stéphane Arputzo. « Je fais parfois un détour de plusieurs dizaines de kilomètres pour effectuer une recharge : tomber sur une station totalement occupée, sans savoir si une place va bientôt se libérer, est une véritable épreuve qui me fait perdre du temps », déplore-t-il.
Et le prochain taxi ?
« Ce ne sera pas une thermique, c’est sûr ! », répond Stéphane Arputzo, lorsqu’on lui demande quel sera son prochain véhicule de taxi. « J’en arrive à ne plus supporter les voitures mal réglées dont les gaz d’échappement envahissent l’habitacle de ceux qui les suivent », admet-il. « Et puis, lorsqu’on a la migraine, comme ça m’est arrivé très récemment, un véhicule électrique, il n’y a pas mieux ! », ajoute notre interviewé.
Accroc à Tesla
Comme presque 100% des actuels propriétaires d’une Tesla, Stéphane Arputzo pense que sa prochaine voiture sera de la même marque. « J’aime bien le système, les message que l’on reçoit en diverses occasions, comme pour la galette des rois », justifie-t-il.
S’il n’était pas convaincu par le constructeur, il n’aurait pas parcouru 1.500 kilomètres pour voir 30 minutes Elon Musk à Paris. Son regret autour de cet événement, « qu’il n’y ait pas eu de traduction simultanée ! ». Un périple qu’il n’hésiterait pas longtemps à refaire pour un événement majeur organisé par Tesla.
Un souhait ? « Pouvoir se recentrer sur des prises en charge VIP », conclut-il. Les noms de son site Internet et de sa page Facebook évoquent déjà quelque peu ce désir. Pour réserver une course, il y a aussi le téléphone (06.07.130.717) et une adresse de messagerie.
Automobile Propre et moi-même remercions Stéphane Arputzo pour sa disponibilité, son accueil téléphonique, et sa réactivité à prendre et nous faire parvenir des photos de sa Tesla Model S.
Je ne comprends pas pourquoi TOUS les taxis et VTC ne passent pas à l’électrique. Autant moi avec mes 30 bornes par jour je vais avoir du mal à amortir un VE à plus de 30.000 boules autant pour un professionnel de la route qui passe sa vie dans sa caisse ça me paraît une évidence! 500 ou 600€ d’économies de diesel par mois plus la maintenance, même une très chère Tesla est économiquement rentable de manière indiscutable! En plus c’est bon pour la planète et pour l’image de marque vis-à-vis des clients, sûrement moins de jours par an au chômage technique pour cause de voiture à l’atelier et plus confortable au quotidien, et plus de problèmes avec les zones à faible émission, jour de circulation alternée ou autres contraintes que les villes ont tendance à mettre de plus en plus sur les voitures thermiques, bref que des avantages!
LE DIESEL EST MORT L ESSENCE AUSSI
les camions tesla moteur et batteries garantie 1 700 000 kilometres oui 1.7 millions de km
au usa un loueur a déjà des tesla s ayant dépassé 600000km et oui 600 000 km sans pannes ni changement de batteries. comparativement a leur parc mercedes il economise 89000e sur les 600000 km et de plus la mercedes a été immobilisé plusieurs semaines pour réparation de pannes contre une seule semaine pour la tesla pour l entretien classique.
la p100d fait 760km sur le périph parisien en condition réelle et record à 970km à vitesse moyenne de 40km/h sur ce même périph.
en 2019 puis 2022 une partie des diesels sera interdit a paris puis en 2024 TOUS les diesels seront interdit. en 2030 tous les véhicules thermiques seront interdits a paris essence et diesel.
vendez vite votre diesel bientôt ca sera invendable
C’est quoi le délire !
Les 2 mamelles du chauffeur de taxi en Tesla sont la lessiveuse (dans de nombreux cas aussi en vt haut de gamme) et le black (kilométrage non contrôlable car pas de facture de carburant.) D’ailleurs drôle de comptabilité dans l’exemple, le gazole était dans le compte de charges avant, comme ses mensualités maintenant, où est le pb. Petite précision, le black fait partie de la profession à une certaine hauteur, en électrique il peut être no limit. Pour être honnête et c’est très surprenant sur un comparatif de prix de la course en europe, la France est bien placée, on en perd son latin.
Pour : « une Tesla va moins au garage qu’un vt » là il faut atterrir, on sait maintenant que c’est l’inverse. Site U.S. sur le sujet c’est 300 pages.
Témoignage très intéressant.
Plus de taxis hybrides ou même électriques serait une bonne chose pour tout le monde (et en premier lieu pour la santé des chauffeurs eux-mêmes)
J’aimerais savoir qu’elle est la consommation électrique réelle du véhicule.
Merci
Il y a bien longtemps que je boycotte des taxis, j’ai eu trop de problèmes (avion raté car le taxi n’est pas venu, prix surprise, lecteur de carte toujours en panne, etc.), je préfère solliciter les amis voire louer une voiture.
Mais j’avoue que des Taxi Tesla pourraient bien me motiver pour essayer de nouveau !
Par contre je ne comprends pas les reproches faits sur le mode de recharge. Les bornes publiques sont à tout le monde, du Twizy à la Tesla, que l’on soit particulier ou professionnel. Si il n’y a pas assez de bornes ça peut se gérer en faisant payer le stationnement mais il me semble qu’il serait plus intelligent de la part de notre communauté de conducteurs de VE pour militer pour davantage de bornes ! Une autre solution est de faire payer la charge (quantité consommée), mais si la puissance est faible (charge lente) je pense que c’est une mauvaise idée car le coût est faible pour l’opérateur (par rapport au gain en terme de pollution et/ou d’image), du coup la monétique va augmenter le coût d’installation et de maintenance (et donc diminuer le nombre de bornes) et aussi augmenter les pannes.
Les seules voitures qui pour moi n’ont rien à faire sur une borne c’est celles qui ne sont pas en charge par exemple parce que la charge est terminée, typiquement une hybride plug-in avec 8 kWh de batteries qui profite de la place plus que de la prise.
Voilà, bravo à ce chauffeur de taxi.
J’étais sceptique sur plusieurs points : les 600 euros d’entretien par mois pour un VT et la rentabilité malgré un achat de près de 100 000 euros! Puis à la réflexion, je crois avoir compris : le choix d’une TESLA est rentable par rapport à un taxi haut de gamme genre MERCEDES classe E ou S, AUDI A6 ou A8 ou BMW série 5 ou 7 (prix des pneus de grande taille, prix des plaquettes et disques, coût des visites chez ces constructeurs, etc…). Là où je ne suis pas d’accord, c’est le choix pour un véhicule haut de gamme pour un taxi : cela montre bien que les courses sont facturées au prix fort pour pouvoir se payer de telles voitures. Je préfère les courses à quelques euros en 205 au MAROC à des courses à 50 euros à MARSEILLE en taxi de luxe!
Étonnant qu’en temps que pro il se concentre sur la recharge biberonnage sur les lieux publics…
Ca me fait penser à un taxi Tesla vu à Lyon qui rechargeait honteusement avec la prise type 2 à 7Kw pendant des heures sur la borne IKEA.
Je pense qu’un professionnel ne devrait pas avoir un accès gratuit aux bornes de recharges public
Étant moi même chauffeur de taxi sur la métropole lilloise , je confirme sur le fait d avoir un véhicule avant-gardiste (propre, silencieux , et surtout une belle ligne …) tout en faisant des économies ….un pur plaisir de conduite ..€€€€€
Très intéressant ce témoignage ! Grands trajets, gros kilométrages et rentabilité sont souvent cités comme frein au passage à l’électrique et pour Stéphane ce ne pas du tout un problème, au contraire. Je suis aussi de plus en plus confronté aux bornes occupées par des VT et aussi, plus incompréhensible, par des VE ventouses. Donc pensons à ne pas s’éterniser à la borne ou mettre un mot + n° tel sous le pare brise : une borne n’est pas une place de stationnement en fait !
Si effectivement meme pour les pros la garantie sur les batteries est kilometrage illimite c’est sur que c’est un bon choix…maintenant a voir si une tesla d’1 an et 150000 km perd plus ou moins qu’une berline diesel haut de gamme dans les memes conditions….apres meme avec 12000 km mensuels 600 euros d’entretien sur une voiture thermique ca parait quand meme enorme…
12000 km/mois !!! C’est sur qu’avec autant de bornes ça devient très vite rentable !