La Dacia Spring voiture électrique lancée en 2021

Électrique et low-tech, et si elle était là, la vraie révolution ?

Depuis un petit moment, la question tourbillonne dans la tête de certains sans jamais vraiment trouver de réponse satisfaisante. Puis est arrivée la Dacia Spring, et tout s’éclaircit.

La question ? Est-ce que voiture électrique est obligatoirement synonyme de high-tech ?

Il faut dire que notre perception de ce segment est depuis des années très fortement influencée par Tesla, une marque devenue pour certains une icône, et pour le grand public le symbole de la voiture électrique ET de haute technologie. Presque une marque générique.

Depuis 2012, la marque s’est employée à produire et faire briller des voitures, pardon, des ordinateurs sur roues qui ont fini par imprimer de facto dans l’inconscient collectif ce postulat qui paraissait définitif : électrique et high-tech sont indissociables. Ou, dit autrement, une voiture électrique est forcément connectée, digitale, bardée d’assistances à la conduite et d’écrans rivalisant de fonctionnalités. Voire de portes électriques qui s’ouvrent toutes seules comme les ailes d’un faucon.

Voire de voitures volantes. Ah non, pardon, pas encore.

Et évidemment, tétanisés par ce succès aussi californien que disruptif, les autres constructeurs ont suivi et alimenté la surenchère, surtout sur le segment premium – le premier à avoir été investi par les marques en voie d’électrification : conduite autonome par-ci, connexion 4G permanente par là, trois, voire quatre écrans sinon rien, fonctions intelligentes, rétroviseurs caméras… Bref, avec l’électrique c’est le concours Lépine permanent de la bagnole. Avec certaines thermiques aussi, certes, mais c’est plus visible sur les VE, avec lesquelles cette « modernité » paraît plus naturelle.

Dacia Spring : less is more

Et puis est arrivée tranquillement la petite dernière de la famille, la Dacia Spring. Qui, fidèle à l’ADN de la marque, ne fait pas vraiment dans le luxe ni dans l’ostentatoire. Et qui répond à sa façon à la question, par l’exemple : oui, une voiture électrique peut-être low-tech, non elle n’est pas nécessairement bardée de technologies. La meilleure preuve tient en deux équipements que l’on aurait pu croire à jamais disparus en 2021 : un frein à main mécanique, et des tirettes de chauffage. Oui, vous avez bien lu, un p*** de FREIN A MAIN MÉCANIQUE, le même que vous tiriez sur votre 205 GTI pour impressionner vos camarades (et plus si affinités) sur le parking du Mammouth les dimanches après-midi de novembre après avoir somnolé devant K2000.

Alors certes, ce sont avant tout les critères économiques qui dictent les choix sur cette petite voiture, et on ne va pas se cacher qu’avec ses 45 chevaux et ses 130 km/h en pointe vent dans le dos, elle ne révolutionnera certainement pas le domaine de la performance pure. Mais ce n’est pas le propos. L’innovation provient justement de l’absence d’innovation, ce qui en matière d’électrique est un véritable pari. Tout est conventionnel dans cette auto, à part peut-être quand même la présence très bienvenue d’Apple CarPlay et Android Auto, interfaces naguère réservées au premium.

Ce qui est plutôt rafraîchissant, et pas seulement pour le portefeuille. Si l’on en juge par les premiers commentaires très favorables – y compris sur YouTube – dans l’essai de première prise en main de Maxime, il semblerait que Dacia ait visé juste. Certes, le facteur prix y est pour beaucoup, avec ses 16 000 euros hors déduction du bonus écologique (ce qui la met à 12 000 euros), mais pas seulement. Il apparaît aussi que certains soient lassés, ou à tout le moins ne s’intéressent que très peu aux technologies digitales qui ont envahi le quotidien automobile, leur privilégiant la simplicité, voire une certaine rusticité.

Dacia Spring

C’est sur ce terrain que la Dacia Spring évolue, renouant à sa façon – et même si elle est fabriquée en Chine – avec l’histoire des voitures mythiques des constructeurs français, ce qui nous fait dire que c’est finalement peut-être elle la nouvelle 4L, qui, de plus, est arrivée là où on ne l’attendait pas du tout.

J’ai le sentiment que les constructeurs pourraient continuer à nous surprendre avec d’autres modèles électriques privilégiant un certain classicisme, avec juste l’essentiel en matière de technologies, et privilégiant l’art de vivre et de rouler, que ce soit pour musarder ou pour s’amuser à arsouiller un peu, avec des voitures légères et une autonomie raisonnable, ou « suffisante », même si celle de cette Dacia reste encore un peu juste pour envisager un long trajet, mais ce n’est clairement pas sa vocation. Des voitures pouvant même aller jusqu’à jouer sur le côté néo-rétro, en affichant une instrumentation analogique et des commandes mécaniques à base de boutons physiques.

Franchement, une Alpine, une Caterham ou une Miata électrique dans cet esprit pour partir en week-end à deux, ça aurait de la gueule, non ?

Surtout avec un vrai frein à main.

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