Hier, jeudi 28 mars 2019, Ouest-France accueillait au Mans (72) les intervenants de ses Assises de l’automobile. Ce matin, le quotidien a publié quelques extraits choisis qui devraient faire très largement réagir.

Moins de bornes sur autoroutes ?

Il n’est pas étonnant qu’aujourd’hui les bornes de recharge sur autoroutes ne soient pas encore utilisées de façon intensive. La mobilité électrique se met en place à un rythme plutôt tranquille, et les autonomies des voitures branchées commencent à peine à supporter plus de 200 kilomètres à 120-130 km/h.

Ce qui est en revanche très curieuse, c’est l’interprétation qu’en a fait le rédacteur du média ou un des participants (le propos n’est pas mis en citation dans l’article de Ouest-France). En croisant avec cette donnée « La distance moyenne quotidienne d’un usager d’autoroute ne dépasse pas les 60 kilomètres par jour » apportée par Marc Bouvron, directeur général de Cofiroute, on peut lire : « Du coup la question des bornes de rechargement rapide sur autoroute paraît moins brûlante ».

Au contraire !

C’est pourtant tout le contraire ! La voiture électrique est à l’aube de devenir celle du foyer qui sera utilisée pour tous les types de déplacements, dont ceux à longues distances, que ce soit pour les vacances ou d’autres besoins ponctuels. Il y a donc bien urgence à développer les stations de recharge rapide sur toutes les autoroutes, et de façon telle qu’on y soit assuré à 100% (ou presque) de pouvoir en repartir avec le plein des batteries dans un délai raisonnable.

Ce qui passe par plusieurs points de recharge disponibles pour chaque standard, et des moyens de secours efficaces. Ainsi des dépanneuses capables de transférer rapidement de l’énergie pour quelques dizaines de kilomètres ; juste ce qu’il faut pour rejoindre de façon confortable la prochaine borne fonctionnelle.

Au client de décider ?

« Thermique, électrique, hybride ? Pour Linda Jackson, directrice générale de Citroën, ‘c’est toujours le client qui décidera. A nous de répondre à la demande’ ». De quoi faire resurgir cette question récurrente : En matière de mobilité durable, qui a la responsabilité d’impulser la bonne direction et les bons usages ? L’Etat ? Les constructeurs ? Les citoyens consommateurs ?

Si c’est l’Etat, alors il faut accepter que la facture soit salée et ne pas produire de rapport parlementaire qui vienne torpiller les efforts sans les mettre en perspective avec les bénéfices rendant incontournables les investissements sur les deniers publics.

Si c’est aux constructeurs d’initier le mouvement, dans ce cas ils doivent être capables de révolutionner sans cesse l’automobile pour la rendre plus vertueuse pour l’environnement et la santé publique. Au moins autant, et même plus, que lorsqu’ils sont sous la pression de l’Europe.

Si ce sont les citoyens consommateurs qui doivent être à l’initiative, alors on enlève les gilets jaunes pour enfiler les gilets verts et porter de façon équivalente les causes sociales, climatiques et de santé. Et tout en adoptant les bonnes habitudes pour se déplacer.

Tous responsables !

L’idéal est que l’Etat, les constructeurs et les citoyens consommateurs se sentent tous responsables de faire baisser de façon conséquente, urgente et exceptionnelle les émissions de polluants, de particules et de CO2. Et que ce sentiment embraye sur des actes en conséquence.

Dans son propos, ci-dessus isolé, la directrice générale de Citroën semble se défausser de cette charge sur le dos des automobilistes. Ce n’est cependant pas tout à fait le sens global de son intervention. « Si le client est roi, il faudra toujours lui expliquer les différentes options qui s’offrent à lui, faire preuve de pédagogie ».

C’est un vœu pieu, qu’on aimerait représentatif des discours entendus dans les concessions. Il est encore trop souvent constaté qu’est pris pour un casse-pied un client qui voudrait se renseigner sur les voitures alimentées au GNV, à l’éthanol, à l’électricité ou à l’hydrogène. Il y a encore pas mal de route à faire chez les professionnels !

Des constructeurs moins arrogants

La transition est donc facile pour en arriver à cette invitation de l’explorateur suisse Bertrand Piccard, fondateur du programme Solar Impulse, à l’adresse des constructeurs, « à être parfois moins ‘arrogants’ ». Un passage « très applaudi », selon Ouest-France.

Journalistes, blogueurs ou automobilistes : Combien de fois avons-nous pu constater que pour certains constructeurs la messe était dite, ne tenant absolument pas compte d’un ensemble global de réalités pour ficeler des gammes de véhicules ou des offres transversales ?

Cette arrogance-là, oui, elle est souvent constatée et ressentie, avec certaines marques plus qu’avec d’autres.

Tous dans des voitures chinoises

Et cette arrogance, jetée sous les projecteurs par Bertrand Piccard, lui permet d’affirmer une nouvelle fois : « Je peux vous garantir que nous roulerons tous dans des voitures chinoises avant 10 ans ».

Voilà pourquoi il invective à nouveau les constructeurs européens qui « doivent comprendre que les gens attendent maintenant des solutions pour rouler plus propres ».

Sa recette à suivre en urgence : « Mettre sur le marché des voitures électriques performantes, offrant une vraie autonomie et à un prix accessible ».