Une scène de la série post-apocalyptique The Rain sur Netflix.

La crise sanitaire et économique liée à l’épidémie de Covid-19 questionne sur notre capacité à vivre en indépendance. Stock de vivres, entretien d’un potager, assainissement de l’eau : pour s’alimenter, les techniques de survie sont connues. Mais qu’en est-il de la mobilité ? En cas d’effondrement mondial, est-il préférable d’avoir une voiture électrique plutôt qu’une thermique ? De l’approvisionnement en énergie à l’entretien, Automobile-Propre compare le potentiel d’autonomie des deux technologies.

Imaginez un scénario post-apocalyptique dans lequel le réseau électrique est hors service et les stations essence cessent d’être approvisionnées. Comment faire pour s’alimenter en denrées, outils, médicaments et produits nécessaires à la survie s’ils sont à plusieurs centaines de kilomètres ? Si le vélo peut convenir dans certaines situations, le véhicule motorisé reste indispensable pour d’autres. De la voiture électrique ou thermique, laquelle serait capable de fonctionner dans un tel contexte ?

Panne sèche pour les voitures thermiques

L’extraction d’hydrocarbures est anecdotique en France. Nous produisions moins de 1 % de notre consommation en 2010. Le pays est donc totalement dépendant des importations, soumises à des aléas politiques, économiques et techniques. Un effondrement provoquerait une inéluctable rupture d’approvisionnement.

Si les réserves permettent de tenir quelques mois en réduisant nos besoins (l’équivalent de trois semaines de consommation actuelle est stocké sur le territoire national), il faudrait ensuite composer sans les hydrocarbures. D’autant que la modeste production de carburants d’origine agricole (éthanol, biodiesel, biogaz) serait très probablement réservée aux militaires, secours et officiels. L’immense majorité des véhicules thermiques ne pourrait donc pas fonctionner en cas de crise prolongée.

L’électricité, une énergie facile à produire

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Une immobilisation plus limitée pour les voitures électriques. Même privés du courant distribué sur le réseau public, ces véhicules peuvent toujours se recharger à partir de sources alternatives. L’électricité peut effectivement être produite n’importe où avec des moyens très simples et variés, contrairement aux hydrocarbures. Ainsi, les propriétaires de maisons équipées de panneaux solaires pourront continuer à recharger leur véhicule, pour certains après quelques adaptations techniques. Une modeste installation de 3 kWc, soit environ 20 m² de panneaux solaires, fournit en moyenne entre 7 et 11 kWh d’électricité chaque jour. Sans batterie domestique, faire le plein d’une Renault ZOE devrait donc nécessiter quatre à sept jours bien ensoleillés. Une charge très lente, mais suffisante pour disposer d’environ 400 km d’autonomie, de quoi partir en expédition de temps en temps.

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Les plus rodés sauront fabriquer leur propre éolienne ou turbine hydraulique à partir d’un vieux moteur électrique, facilement convertible en générateur. Les connaissances dans le domaine de l’électricité et de l’électronique sont plutôt bien répandues parmi la population. Bricoleurs chevronnés, électriciens et techniciens devraient pouvoir dispenser leur savoir pour rétablir l’alimentation électrique via des moyens de production très locaux. Ainsi, il sera même possible de recharger une voiture électrique en pédalant, comme l’a prouvé l’inventrice finlandaise Janne Käpylehto.

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Entretenir avec les moyens du bord

Les véhicules électriques nécessitant moins d’entretien que leurs homologues thermiques, ils sont naturellement plus robustes et durables. Toutefois, leurs techniques de maintenance ne sont pas autant maîtrisées que celles des voitures à carburant. Si beaucoup d’automobilistes savent réaliser des opérations sur les moteurs essence et diesel, rares sont ceux qui osent fouiller sous le capot d’un véhicule électrique, par manque de connaissances ou crainte d’une électrocution. L’architecture d’une voiture à batterie est pourtant simple et contient beaucoup moins de pièces en mouvement.

Grâce au freinage régénératif, elle ne contraindra pas l’utilisateur survivaliste à partir en quête de plaquettes. Elle ne l’obligera pas non plus à trouver un bidon d’huile minérale ou de liquide de refroidissement pour effectuer les niveaux. Une panne sévère du moteur ou d’un organe vital a toutefois plus de chances d’être réparée sur un véhicule thermique, les mécaniciens, les pièces et l’outillage adapté étant très répandus. Un modèle zéro-émission nécessitera l’intervention d’une personne ayant de solides savoirs en électricité et électronique ainsi que des composants majoritairement fabriqués à l’autre bout de la planète.

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L’informatique, un handicap commun.

Avec les pneumatiques, l’informatique est un handicap commun aux deux technologies en situation de crise. À l’exception des vieux modèles, les voitures électriques et thermiques embarquent toutes deux des ordinateurs de bord, calculateurs et capteurs numériques. Elles sont donc soumises aux mêmes aléas que n’importe quel équipement informatique. Un virus, bug logiciel ou encore l’explosion d’une bombe à impulsion électromagnétique (EMP) pourrait anéantir toute possibilité de déplacement, tout particulièrement en l’absence d’informaticien aguerri et un peu pirate sur les bords.

Compte tenu de ces avantages et inconvénients, le match du véhicule le plus apte à fonctionner en situation de crise extrême reste à l’avantage du véhicule électrique. Il est en effet plus facile de l’approvisionner en énergie, requiert un modeste entretien et présente moins de potentiel de panne. Et vous, qu’en pensez-vous ? Préférez-vous compter sur une voiture thermique ou électrique dans un scénario catastrophe ?