Une enquête menée par Transport & Environment révèle que seulement 5 % des recharges de batteries se font sur des bornes publiques et que le réseau européen compte déjà 1 point de charge pour 5 voitures électriques. Selon le résultat de cette étude, le principal frein à l’adoption de l’électromobilité par les conducteurs n’est pas le manque de bornes, mais bien le peu de modèles électriques mis sur le marché par les constructeurs.

Transport & Environment (T&E) admet que la présence d’un grand nombre de bornes de charge publiques peut être un facteur psychologique important susceptible d’encourager les automobilistes à opter pour un véhicule électrique. En particulier pour ceux qui ne disposent pas d’un garage ou d’une place de parking privée. L’enquête française récemment publiée confirme cette opinion.
Mais pour cette ONG qui fédère 58 associations européennes actives dans la défense de l’environnement et la promotion des mobilités « durables », le prétendu manque de bornes n’est plus le principal obstacle à la croissance des ventes de VE. Selon les résultats d’une étude qu’elle publie sur son site, il y aurait déjà, en moyenne, 1 point de charge public pour 5 véhicules électriques en circulation dans notre continent, soit bien plus que la recommandation européenne d’un pour 10.

En Norvège, pays le plus avancé dans l’électrification du parc automobile, la proportion d’usagers de VE utilisant quotidiennement une borne de charge publique était de 10 % en 2014 mais elle a chuté à seulement 2 % en 2017. Moins de 15 % des conducteurs  utilisent une borne au moins une fois par semaine. La charge rapide le long des grands axes routiers est le seul type de charge en augmentation dans le pays. Il faut probablement trouver la raison de cette évolution dans l’accroissement de l’autonomie des véhicules et la densification du réseau de bornes.

Le frein principal, c’est le peu de modèles branchés”

Se basant sur les annonces et les plans des opérateurs de réseaux de charge, T&E estime qu’il y aura 220.000 bornes dans les zones urbaines en 2020 et au moins 5.000 chargeurs rapides le long du réseau autoroutier. Ce nombre se traduit par 1 point de charge rapide tous les 34 km.

« Les constructeurs automobiles créent un écran de fumée en affirmant qu’il y aurait un manque de points de charge sur la plupart des marchés » déclare Greg Archer, directeur chez T&E. « Mais en réalité le problème de l’œuf et de la poule est résolu en Europe occidentale et du nord. Dans les faits, le frein principal c’est le peu de modèles branchés mis sur le marché par les constructeurs ».

T&E concède que le développement du réseau de charge n’est pas uniforme à travers l’Europe, mais c’est aussi le cas des ventes de VE. Avec 91 % des immatriculations de nouveaux véhicules électriques en 2017, les 11 pays d’Europe occidentale et du nord sont clairement leaders du marché. Les Etats d’Europe centrale, orientale et méridionale devraient rattraper leur retard d’ici 5 à 10 ans, ce qui leur donne le temps de densifier leur réseau de bornes d’ici là.

Toujours selon T&E, l’augmentation de l’autonomie des nouveaux véhicules électriques devrait réduire, au cours des prochaines années, le rythme du développement des réseaux de bornes. L’étude estime que pour la période 2018-2030, les investissements dans les réseaux de charge des pays leaders du marché devraient se monter à 12 milliards d’euros. Soit 1 milliard par an, une toute petite fraction des 100 milliards que ces Etats investissent chaque année dans leurs infrastructures de transport.