consommation de pétrole

2013 va t-elle enfin être l’année du changement pour les promoteurs du véhicule électrique ? Il faut l’espérer. Pourtant, malgré le niveau conséquent des aides publiques accordées aux véhicules électriques en France, les prévisions de ventes très optimistes annoncées en 2008 et 2009 ne seront pas atteintes, c’est une certitude. Simple retard à l’allumage ou futur échec commercial en devenir ?

Les difficultés auxquelles les VE doivent faire face sont nombreuses : coût, autonomie, longévité (batterie), polyvalence, etc… du moins lorsqu’on les compare à leur homologue à pétrole. Car lorsque l’on interroge les pionniers du VE, rares sont ceux qui regrettent le temps où ils avaient à remplir leur réservoir dans une station service plutôt qu’à recharger leur VE sur une prise dédiée dès que le besoin s’en fait sentir.

Paradoxalement, c’est bien la voiture à pétrole qui constitue encore aujourd’hui le principal ennemi face aux véhicules électriques. Pour combien de temps encore ?

Dire enfin la vérité aux français !

Le véhicule électrique n’est pas la solution magique pour répondre aux nombreux enjeux que posent la mobilité durable. Il n’aura jamais réponse à tout comme l’automobile à pétrole sait le faire aujourd’hui, souvent de façon totalement irrationnelle (petits trajets en ville notamment). En revanche, il dispose de solides atouts pour répondre aux besoins en mobilité individuelle motorisée qui caractérisent les vastes espaces urbains et périurbains à l’intérieur desquels se concentrent désormais plus de 80% de la population française.

Les français ont beau être très friands de petites voitures, ils ne constituent pas pour autant un exemple à suivre en matière de mobilité. Même nos voisins allemands amateurs de grosses cylindrées et vouant une passion sans limite pour l’automobile de prestige sont moins enclins que nous à prendre le vélo ou les transports collectifs pour leurs déplacements en ville.

Alors qu’il ne viendrait à personne l’idée de manger un petit suisse avec la même louche que celle utilisée pour vider une soupière, nombreux sont les français qui continuent d’utiliser une automobile à pétrole pour effectuer les petits trajets du quotidien, seuls au volant, alors qu’un vélo suffirait à répondre au même besoin. Vu les caractéristiques techniques des voitures modernes, il y a vraiment de quoi s’interroger sur la rationalité d’un tel choix ?

Soyons clair : les millions de véhicules Diesel qui circulent chaque jour en France, moteur froid, sur des trajets de moins de 5 kilomètres sont une aberration énergétique. Ils sont une véritable injure vis-à-vis des générations futures tant ils contribuent à gaspiller l’énergie et à dégrader la qualité de l’air en ville! Le plus grave, c’est que tout cela reçoit la bénédiction des pouvoirs publics qui continuent d’offrir des bonus écologiques aux acheteurs de petits véhicules Diesel supposés très économes, sans jamais se soucier de l’usage réel qui en est fait !

Ringardiser la consommation de pétrole

Toutes les études et les sondages le disent : l’automobile plaisir est en perte de vitesse, notamment chez les jeunes. Leur faible pouvoir d’achat et leur appétence pour le numérique sont souvent citées parmi les principales causes de ce désintérêt vis-à-vis de l’automobile. Il y a aussi les contraintes toujours plus nombreuses (radars, stationnement, congestion, coût du carburant…) qui ciblent l’automobile.

À titre personnel, je pense que le moment est venu d’y ajouter le fait que consommer du pétrole pour se déplacer, c’est ringard ! Certes, il y a encore beaucoup de situations qui obligent à recourir à une automobile à pétrole même pour se déplacer seul, notamment en milieu rural. En milieu urbain en revanche, pour qui préfère vivre au futur plutôt qu’au passé, les alternatives pour se déplacer autrement qu’en brûlant du pétrole n’ont jamais été aussi nombreuses : tramways, métro, train, vélo, vélo à assistance électrique, véhicules électriques, véhicules hybrides, etc…

Pour la décennie à venir, si les constructeurs automobiles veulent tenter de raviver l’automobile plaisir chez les jeunes, il serait temps qu’ils songent à élargir leur gamme de véhicules hybrides et électriques. Car derrière la modernité apparente des voitures neuves vendues en ce début de XXIème siècle, il y a une triste réalité : l’immense majorité carbure encore au pétrole. Un pétrole de plus en plus difficile à extraire, de plus en plus sale1et surtout, de plus en plus cher.

À quand une vraie révolution fiscale au détriment des énergies fossiles ?

En 2013, est-il normal qu’il soit encore aussi simple de se déplacer seul au volant d’un véhicule Diesel, en ville comme à la campagne ? Combien de temps encore va t-on laisser la qualité de l’air des villes se dégrader comme cela vaut depuis trop longtemps déjà, y compris dans les petites villes 2 ?

Nous sommes de plus en plus nombreux à le penser et à le dire : le déni français ne se limite pas uniquement à la santé économique du pays. Il vaut aussi pour beaucoup de problématiques environnementales, à commencer par la qualité de l’air en ville qui n’en finit plus de se dégrader ! Or, vu l’état des finances publiques de notre pays, ça n’est pas les subventions qui pourront durablement permettre aux véhicules électriques se s’imposer face aux véhicules thermiques. Seule la taxation des véhicules thermiques là où ils n’ont plus leur place est en mesure de pouvoir répondre à la hauteur des enjeux !

Nos dirigeants peuvent toujours rétorquer qu’une telle mesure est socialement injuste, des solutions existent. Plusieurs pays d’Europe n’ont pas attendu que la qualité de l’air des grandes villes soit aussi mauvaise que chez nous pour mettre en place des mesures coercitives, visant prioritairement les vieux véhicules à moteur thermique. La France ne peut plus continuer à faire figure d’exception comme c’est déjà le cas pour beaucoup d’autres sujets.

Vive le futur sobre et intelligent.

1 Sable bitumineux, pétrole de schiste, etc…
2 Dans certaines régions françaises, la surdiéselisation du parc automobile est telle que même dans les petites villes (< 30 000 hab.) on enregistre à certaines heures de la journée, des dépassements systématiques des seuils de pollution en vigueur (PM10, NOx,etc…)