Devant ce qui s’apparente chaque jour un peu plus comme une opération médiatique organisée par les médias eux-même, nous avons mené l’enquête pour dresser le profil type des automobilistes qui revendiquent fièrement leur appartenance au clan #GiletJaune. Sans surprise, les propriétaires de véhicules diesel constituent l’immense majorité des mécontents…

Les habitants des zones rurales, éloignés de tout

Le premier constat, indiscutable, c’est la différence frappante entre les automobilistes des zones rurales éloignés des grands bassins d’emplois et les automobilistes des zones urbaines. Rien de très surprenant me direz-vous puisque pour une part importante des ménages qui vivent en milieu rural, l’augmentation des prix à la pompe, c’est un peu la double peine : non seulement l’automobile est bien souvent la seule alternative disponible mais en plus les distances à parcourir au quotidien sont généralement plus importante que pour les habitants des zones urbaines. Quand en plus, les automobilistes en question ont la très mauvaise idée de se chauffer encore au fioul, c’est même la triple peine…

Dans les faits, la proportion des véhicules dans lesquels le fameux gilet jaune prône fièrement sur le tableau de bord juste derrière le pare-brise est sensiblement plus important qu’en milieu urbain.

Des SUVistes qui roulent au gazole !

Comme on pouvait s’y attendre, les gilets jaunes sont à une écrasante majorité, des propriétaires de véhicule diesel qui refusent l’idée même de devoir payer le précieux fluide au même prix que le SP95-E10. Aucune injustice à cela puisque chaque litre de gazole contenant 12% d’énergie en plus par rapport au SP95-E10, il faudrait en théorie qu’il soit vendu 12% plus cher que l’essence d’un strict point de vue énergétique.

Là où la situation devient cocasse, c’est lorsque l’on observe attentivement le type de véhicule dans lesquels le gilet jaune est positionné de la façon la plus visible possible sur le tableau de bord. A ce petit jeu, à l’échelle des 5 départements de l’Ouest de la France traversés ces 2 dernières semaines, le dacia Duster ressort presque sans surprise hélas comme le véhicule préféré des gilets jaunes ! La désormais célèbre Jacline (…) et son gros XC90 diesel acheté d’occasion au prix d’une citadine à essence neuve a manifestement encourager certains à protester sans complexe contre l’augmentation des prix à la pompe tout en continuant à rouler au volant d’un véhicule revendiquant des performances aérodynamiques plus proches de celles d’une boite à chaussure que d’une voiture…

Des automobilistes pas contents et mal informés

Interroger un gilet jaune sur les alternatives qui pourraient l’aider à faire face au prix durablement élevé des carburants, c’est un peu comme demander à un fanatique d’iPhone d’essayer de trouver son bonheur en choisissant un smartphone fonctionnant sous Android : c’est compliqué !

Mécontent, victime parmi les victimes, prisonnier d’une classe politique qui veut la peau des méchants automobilistes à tout prix, le gilet jaune revendique généralement une ignorance crasse dès lors qu’il s’agit de vanter les mérites des carburants alternatifs au gazole.
C’est d’autant plus affligeant que cela fait quelques années déjà que rouler au gazole n’est plus la solution la plus économique qui soit en coût global à l’usage, excepté pour les professionnels qui continuent de jouir d’exonérations fiscales d’un autre âge.

Sans même parler des alternatives hybrides et électriques, nombre de petites voitures équipées de petits moteurs à essence 3 cylindres font désormais partie des solutions les plus économiques disponibles, tant sur le marché neuf que de l’occasion. Ajoutez-y le fait que les véhicules en question sont le plus souvent capables de rouler partiellement à l’E85 moyennant quelques précautions d’usage qui tiennent davantage du bon sens que de l’expertise moteur et vous avez là un moyen ultra simple et accessible au plus grand nombre de réduire sensiblement son budget auto.

L’argument carbone : de plus en plus inaudible

Là en revanche où la classe politique dans son ensemble mais aussi les médias ont une part de responsabilité, c’est lorsqu’il s’agit de justifier la hausse du prix des carburants. En répétant inlassablement que cette hausse vise à respecter la trajectoire carbone de la France, les décideurs comme les médias n’ont toujours pas compris que ce type d’argument est totalement inaudible des gilets jaunes. Quand on sait la part des émissions de CO2 que représente le parc automobile roulant français dans le total des émissions de GES mondial, difficile de leur donner tort. Si l’on y ajoute les exonérations de taxes dont continue à jouir le transport aérien ou maritime mondial, difficile de justifier une hausse des taxes qui ciblerait spécifiquement les automobilistes français.

C’est d’autant plus regrettable que les arguments ne manquent pas pour justifier ces augmentations de taxes sur un produit importé qui à lui seul représente plus de 50 milliards de déficit dans la balance commerciale française.

Plus simplement, il suffirait de pointer du doigt le gaspillage quotidien auquel participent les millions d’automobilistes qui se déplacent encore seul au volant de leur voiture matin et soir dans les bouchons pour justifier la nécessité d’accélérer les changements de comportement par la contrainte. Des GWh de pétrole gaspillé quotidiennement juste pour réchauffer et polluer l’air ambiant des villes quand l’urgence écologique devrait conduire celles et ceux qui le peuvent à préférer les nombreuses alternatives sans pétrole plus que jamais disponibles.

Le 17 novembre, je n’irai évidemment pas manifester contre la hausse du prix des carburants. Et si d’aventure je devais mettre un gilet jaune, ça sera pour circuler à vélo…

Vive le futur sobre et intelligent !