petrole

4,5 Milliards de dollars : c’est le manque à gagner quotidien de la planète pétrole comparativement à ce qui valait l’an dernier à la même époque vu du coté des producteurs. Une gigantesque manne financière dont les grandes compagnies pétrolières se retrouvent temporairement privées pour mettre en production de nouveaux gisements de pétrole destinés à répondre aux besoins futurs de l’économie mondiale.

I. Une véritable guerre économique

Ce n’est pas l’objet de ce blog mais lorsque l’on analyse les conséquences actuelles de l’effondrement des prix du pétrole, difficile de passer sous silence les conséquences sur l’économie russe, très dépendante de ses exportations de gaz et de pétrole.

La Russie n’est pas le seul pays a être très dépendant de ses exportations d’or noir et de gaz. Il reste que les investissements importants réalisés ces 20 dernières années pour accroitre la production de pétrole et de gaz ont besoin, pour être rentable, de prix relativement élevé comparativement à ce qui vaut dans les pays du Moyen-Orient. .

En maintenant artificiellement bas les cours du brut, l’Arabie Saoudite et ses alliés tentent depuis quelques mois d’asphyxier l’économie Russe pour toutes les raisons que l’on sait. Ce que personne ne sait exactement en revanche, c’est combien de temps cela peut durer. Ce qui est sûr, c’est que si cela devait durer, le réveil promet d’être violent.

II. L’impact sur les énergies renouvelables

Autre conséquence, plus discutable celle-là, c’est l’impact du pétrole pas cher sur le développement des énergies renouvelables. Malgré une croissance forte et des prix de plus en plus compétitifs, les investissements en faveur des renouvelables pourraient diminuer du fait d’un temps de retour sur investissement significativement allongé lorsque le baril de brut se négocie à bas prix. Ca c’est pour la théorie. En pratique, personne n’est dupe : l’ère du pétrole bon marché est une ère définitivement révolue. Retarder de quelques mois les investissements programmés en faveur des renouvelables n’est pas de nature à bouleverser l’équilibre économique des projets futurs.

Pour certains, le pétrole pas cher est une aubaine passagère dont il serait dommage de se priver pour investir plus vite encore en faveur des renouvelables grâce aux pétrodollars économisés.

III. L’impact sur les ventes de véhicules électriques

S’agissant du marché du véhicule électrique en revanche, l’effet pétrole pas cher pourrait malheureusement s’avérer plus compliqué à gérer à court terme que dans d’autres secteurs.

L’investissement dans une nouvelle voiture étant rarement considéré comme un investissement à long terme compte tenu de la durée moyenne de possession d’une voiture, pour beaucoup d’automobilistes, le carburant bon marché est une raison de plus pour reporter à plus tard l’acquisition d’une voiture hybride (rechargeable) ou électrique. Lorsque l’autonomie des VE aura été multiplié par deux et que les prix auront continuer à baisser (après tout, y en a bien qui croient encore au père Noël…).

Il est vrai que cette baisse subite du prix du pétrole arrive au pire moment sur le marché naissant du VE avec d’un coté des annonces relatives au doublement de la capacité des batteries à horizon 3/4 ans, de l’autre, des véhicules à moteur thermique qui n’ont jamais été aussi sobres… au moins sur le papier.

IV. L’impact sur l’environnement

Malgré les effets indésirables à court terme, cette baisse du prix du brut est forcément une bonne nouvelle pour la planète. En gelant – au moins temporairement – l’exploration et la mise en production de nouveaux gisements de pétrole non conventionnels, l’industrie du gaz et du pétrole offre une (courte ?) pause aux fonds sous-marins ultra-profonds.

Mieux : avec un prix du pétrole bas, pour certains investisseurs, la rentabilité dans de nouveaux projets éoliens ou solaires supérieurs devient supérieure à celle offerte par la vieille industrie du pétrole et du gaz !

IV. Préparer l’avenir

Si les avis divergent sur bien des points concernant les conséquences du prix actuel du pétrole, il y en a au moins un sur lequel tous les bons experts s’accordent : plutôt que d’attendre bêtement que les prix du pétrole nous obligent de nouveau à davantage de sobriété et d’efficacité, mettons à profit cette accalmie passagère pour investir plus en faveur des alternatives au tout pétrole.

Individuellement bien sûr, mais aussi et surtout collectivement ! Vu du coté de l’Etat, l’effondrement du prix du baril est une aubaine passagère qu’il est regrettable de ne pas saisir pour lever quelques milliards d’euros supplémentaires de taxes sans impacter le pouvoir d’achat des ménages.

Un cadeau comme le marché nous en fait rarement, qui doit aider la France à rattraper son retard en faveur des énergies renouvelables plutôt que de reporter à plus tard les indispensables investissements à venir. L’objectif est aussi ambitieux que mobilisateur : en finir avec notre extrême dépendance au pétrole dans le transport !