Renault vient de dévoiler les résultats d’une enquête réalisée pour son compte par Ipsos en août dernier concernant les perspectives de développement de la mobilité électrifiée en Europe. Le panel des 5 000 sondés est composé à parts égales de Français, Allemands, Britanniques, Espagnols et Italiens.

80 % veulent des voitures électrifiées

Si 8 Européens sur 10 souhaitent que se développent massivement les voitures électriques et hybrides dans les 10 prochaines années, les plus demandeurs sont les Espagnols (91 %), les Italiens (88 %), et les Britanniques (84 %), s’affirmant pleinement à 50 % (Réponse « Oui tout à fait »).

Les Français et les Allemands sont en retrait, avec respectivement 70 et 65 % de partisans plutôt tièdes sur le sujet (de l’ordre de 42 % de réponses « Oui, plutôt »).

Plus de la moitié des personnes interrogées (54 %) estiment que cette transition est actuellement trop lente. Les Français se démarquent une nouvelle fois avec le score le plus bas (48 %) sur ce sujet. Comme les Allemands, ils pensent à 20 % que le mouvement est trop rapide, mais sont les plus nombreux (35 %) à indiquer que ce développement s’effectue à la bonne vitesse.

Phénomène de mode ou mutation profonde ?

Alors que les Italiens, Britanniques et Espagnols envisagent à 79 %, 78 % et 74 % que cet élan vers les modèles électrifiés est « une mutation profonde de la manière de se déplacer en voiture », des 2 côtés du Rhin cette généralisation est avant tout perçue comme un phénomène de mode (55 % dans l’Hexagone, 60 % au pays d’Angela Merkel).

C’est encore sur ces 2 territoires que les efforts sur les voitures électriques et hybrides paraissent le plus largement inutiles (46 % et 51 %) pour réduire la pollution. À 82 %, 80 % et 77 %, les Espagnols, Italiens et Britanniques pensent l’inverse.

En revanche, quel que soit le territoire, les trois quarts des utilisateurs de voitures électriques rapportent qu’elles sont plus agréables à conduire.

L’essence et le diesel toujours plébiscités

Plus de la moitié des Européens sondés (56 %) déclarent que les voitures essence et diesel sont les plus adaptées à leurs besoins. Avec toutefois des écarts importants puisque les Allemands s’affirment à 71 % dans cette position, contre 46 % d’Italiens. Les votes dans l’Hexagone sont conformes à la moyenne (57 %), où 11 % des personnes interrogées mettent tout de même en avant les électriques, 14 % les hybrides rechargeables, et 18 % les autres voitures électrifiées qu’on ne peut brancher.

De fait, 44 % du panel complet assure que les thermiques sont les engins les plus économiques pour eux. Les Britanniques sont les plus nuancés (35 %) sur le sujet, où 25 % des citoyens font davantage confiance aux VE pour cela (contre 13 % des Allemands et Français).

À comparer avec ce chiffre qui pourra apparaître étonnant : seuls 25 % des Européens ont conduit au moins une fois dans leur vie une voiture électrique ou hybride.

L’électrique ou l’hybride pour prochaine voiture

Près de 40 % des sondés s’attendent à passer à l’électrique à court terme lors du prochain changement de voiture. Les Italiens (50 %) et les Espagnols (48 %) en sont le plus persuadés. Le bloc franco-germanique (30 %/25 %) est le plus dubitatif sur le sujet. Les pourcentages grimpent de façon homogène de 15 % en envisageant cette question sur le long terme, sauf pour les Britanniques davantage motivés (+27 %).

À courte vue, les Européens se présentent uniformément comme plus ouverts aux modèles hybrides (moyenne de 47 % ; de 33 % en Allemagne à 62 % en Italie ; France = 42 %). Les chiffres sur le long terme se calquent presque sur les résultats obtenus pour les voitures électriques, sauf au Royaume-Uni où l’opinion est plus favorable à ces dernières.

Globalement, les partisans de l’hybride sont plus de la moitié à ne pas savoir s’ils opteraient pour les rechargeables, les plus indécis étant les Allemands (70 %). Lorsque l’avis est bien tranché, les Britanniques et Espagnols se prononcent davantage pour les hybrides simples. Les Plug-In Hybrid (PHEV) se démarquent positivement en Italie et en France.

Motivation

Produire moins de pollution ou de gaz à effet de serre est de justesse la principale motivation des Européens pour passer à la voiture électrique ou hybride (44 %), devant le souhait de réduire les dépenses en carburant (43 %). C’est exactement la position en Italie et en Espagne, où les considérations environnementales apparaissent les plus élevées.

Dans l’Hexagone, il s’agirait avant tout de réduire le budget dédié au carburant. Outre-Rhin et outre-Manche, c’est un prix d’achat moins élevé des véhicules qui l’emporte.

Dans les 5 pays, mais pas forcément dans le même ordre de classement, le passage à des voitures électrifiées devra apporter les 3 avantages suivants à l’usage : bénéficier d’un véhicule silencieux, stationner gratuitement dans certains parkings, pouvoir recharger la batterie sur son lieu de travail.

Concernant le ravitaillement en énergie justement, la possibilité d’effectuer l’opération avec les sources renouvelables est mise au jour comme un des points les plus intéressants.

3 freins

Ce sont toujours les 3 mêmes freins qui sont évoqués à l’heure d’envisager le passage à une voiture rechargeable : une autonomie qui ne permet pas des déplacements à longues distances, des bornes de recharge publiques difficiles à trouver (moins mis en avant en France et en Allemagne), et un coût total élevé à l’utilisation.

Il en ressort 3 attentes des Européens sur les constructeurs : proposer des modèles à des tarifs abordables, augmenter l’autonomie, et réduire le temps de recharge.

Hybrides rechargeables ou non, et électriques : les Européens sont la moitié à ressentir un manque d’informations concernant ces technologies. L’Allemagne sort du lot avec des citoyens plus connaisseurs. À l’autre extrémité : les Espagnols et Britanniques.

Erreurs de perception

Un questionnaire a permis de noter des erreurs régulièrement effectuées qui révèlent le niveau de méconnaissance, notamment sur la présence d’un moteur à combustion et les émissions carbonées sur les modèles hybrides rechargeables.

En outre, 3 affirmations embarrassent parfois plus de la moitié des sondés : un véhicule électrique peut rouler plus de 300 km sans être rechargé ; la recharge complète d’un hybride rechargeable peut être effectuée en moins d’une journée ; un véhicule hybride rechargeable peut rouler 50 km sans aucune émission de carbone.

Meilleure puissance d’accélération et utilisation d’une prise domestique pour le ravitaillement en énergie sont 2 autres caractéristiques méconnues des véhicules électriques.

Source : Renault/Ipsos

Avis de l'auteur

Est-il finalement étonnant de retrouver la France et l’Allemagne comme territoires où les voitures électriques et hybrides sont perçues comme ayant peu d’influences positives sur la santé publique et l’environnement ?

N’est-ce pas dans ces 2 pays que les informations concernant l’impact de ces véhicules sont les plus confuses, en braquant les projecteurs sur de fausses informations ou des situations en train d’évoluer favorablement ? Et ce, avec un traitement des sujets qui omet très souvent d’apporter un éclairage comparatif concret avec les autres technologies, et, surtout, des solutions.

Nous sommes actuellement dans une pleine période de communication autour de résultats de sondages divers. Quand ils sont réalisés à la demande de constructeurs, il faut savoir prendre du recul sur les chiffres et conclusions.

Celui-ci, proposé par Renault et réalisé sur le terrain par Ipsos, apparaît cependant particulièrement fiable. Le Losange n’a pas hésité à le publier généreusement en dépit de chiffres et informations qui ne lui sont pas forcément tous favorables. L’enquête, et surtout le traitement des données, laisse apparaître un détail et une neutralité à laquelle nous ne sommes pas forcément habitués de la part d’une marque qui cherche à développer la mobilité électrique.

À noter également que l’ensemble est livré sans chercher à jouer sur l’émotion.

Les 66 pages de chiffres apportent davantage d’informations encore que ce que j’ai relevé dans le présent article. C’est pourquoi je vous encourage à consulter le document cité en source. Effectuée en plein contexte de déconfinement, l’enquête interroge le panel sur l’évolution de la mobilité dans ce cadre.