Kia EV9

Kia veut occuper le haut du panier avec l’EV9, l’un des rares SUV électriques à 7 places. On a pu s’installer à bord en avant première.

La marque Kia est passée à la vitesse supérieure dans le segment des électriques avec le déploiement de la plateforme e-GMP commune aux marque du groupe coréen. Cela a notamment donné naissance à la Kia EV6, qu’on ne présente plus avec son autonomie confortable et ses vitesses de recharge très rapides. Alors que Hyundai vient de lancer le second modèle de cette nouvelle ère avec la Ioniq 6, Kia voit les choses en grand et déploie l’EV9. Mais les nouveautés sont plus nombreuses qu’il n’y paraît : les aménagements à 6 ou 7 places, la conduite autonome de niveau 3 ou la batterie de quatrième génération sont inédits.

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C’est ce que permet entre autre la plateforme e-GMP, qui connaît ici l’une de ses plus grandes configurations. Car si le Kia EV9 arrive bel et bien sur nos routes, le grand SUV a avant tout été imaginé pour le marché américain, où la demande pour ce genre de véhicules est particulièrement importante. Preuve en est avec le Kia Telluride, un SUV 8 places exclusivement vendu de l’autre côté de l’Atlantique.

Une gueule de concept-car

Le coup de crayon, fidèle au concept éponyme et supervisé par le célèbre designer Karim Habib, reprend tous les codes du segment. Kia se réjouit d’un Cx de 0,28, mais il apparaît nettement que la surface frontale, et donc le SCx plus déterminant n’atteindra pas des records. Sans surprise, les dimensions de l’EV9 sont donc étirées. Avec 5,01 m de long pour 1,98 m de large et 1,75 m de haut, il se positionne aux côtés des Ford Explorer, Tesla Model X et Volvo EX90, ces deux derniers étant ses concurrents naturels. L’empattement de 3,10 m est évidemment un gage d’habitabilité avec suffisamment de place pour tous les occupants, sans sacrifier les volumes de chargement.

La malle propose un volume de chargement de 828 l en configuration 4/5 places ou 333 l avec la dernière rangée en place. De beaux volumes, dans lesquels il serait toutefois assez difficile d’y ranger des objets lourds ou encombrants en raison d’un seuil de chargement très haut perché. A l’avant se cache une boîte de 90 l ou de 52 l en fonction de la configuration mécanique choisie. Un petit plus bienvenu quand d’autres voitures ne font pas cet effort, même si les volumes sont plutôt modestes face à la place qui pourrait être disponible sous cet imposant capot.

Des sièges arrière inversés comme dans un van

Véhicule familial avant tout, le Kia EV9 propose deux configurations différentes. La première, somme tout classique, se présente avec trois rangées de sièges pour un total de 7 places. La banquette centrale, coulissante et rabattable, propose aussi des dossiers inclinables. En raison d’un pavillon quasi-horizontal, l’accès à l’arrière est plus facile qu’avec un Sorento. Mais cela profite aussi au confort avec des dossiers plus hauts et une garde au toit à la troisième rangée appréciable.

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Le Kia EV9 propose aussi une originale configuration à 6 places. A l’instar du Tesla Model X, la rangée centrale présente deux sièges indépendants. Ils disposent cependant d’une inédite fonction qui permet de les faire pivoter à l’aide d’une tirette. Vers l’extérieur, ils peuvent tourner sur un angle de 90° pour faciliter l’accès à bord. Vers l’intérieur, ils peuvent pivoter sur un angle de 180° pour se tourner face aux passagers un arrière. Dans cette configuration, l’EV9, n’a presque plus rien à envier à une navette de transport de personne. Cependant, la cinématique n’est possible qu’à l’arrêt et faire tourner le siège vers l’intérieur n’est pas des plus facile. Enfin, si l’accoudoir est bien placé en temps normal, il fait doublon avec celui de la porte lorsque le siège est retourné, et le bras droit se retrouve dans le vide.

Une dotation technologique plus garnie

Par rapport aux autres modèles électriques de la gamme, le poste de conduite change de forme et présente un nouveau coup de crayon. Si l’architecture globale est similaire avec une dalle numérique posée derrière le volant, l’atmosphère ne s’inspire pas de celle d’une Kia EV6. L’affichage numérique se compose de deux dalles de 12,3 pouces dédiées à l’instrumentation et au système d’info divertissement. Les graphismes des écrans, plus modernes, marquent la rupture avec ce qu’on a l’habitude de voir sur l’ensemble des voitures du groupe. On y retrouve aussi un panneau tactile intermédiaire de 5,1 pouces. Intuitive, cette commende n’est toutefois pas idéalement placée : la jante du volant cache les informations et il est nécessaire de se pencher pour affiner les réglages de la climatisation. Surtout, elle est de trop dans cet habitacle, puisque le véhicule propose également des commandes physiques pour régler le confort thermique à bord, en plus d’un menu complet via l’écran central…

Comment fonctionne la climatisation du Kia EV9 ?

Le nouveau SUV électrique est équipé en série d’une pompe à chaleur. Celle-ci permet comme toujours d’annoncer de substantielles économies d’énergies par temps froid, mais elle s’équipe aussi d’une résistance pour réchauffer plus rapidement les occupants. Cependant, le grand SUV propose en plus un second système, quasi-indépendant, avec un panneau de commande dédié aux passagers arrière et des buses d’aération sur le ciel de toit. Ce module est lui aussi équipé de sa propre résistance d’une puissance maximale de 4 kW (contre 6,3 kW à l’avant). Si cela devrait peser lourd sur la consommation à pleine puissance en hiver, celait permettrait de réchauffer plus vite la partie arrière et ainsi permettre au système de passer plus rapidement le relais à la pompe à chaleur. Voilà qui devrait permettre, en plus de réglages individuels et des sièges chauffants et ventilés au second rang, de faire des économies d’énergie. Un dispositif qui manque cruellement au Volkswagen ID. Buzz, mais qui n’a rien d’inédit face à celui du Tesla Model X par exemple.

La dotation technologique à bord du SUV monte d’un cran. Il peut par exemple se doter de rétroviseurs caméra en option, avec des écrans posés sur les garnitures de portes. L’intégration est correcte, mais ils se montrent imposants, alors que leur usage devrait toujours être déconcertant, surtout pour le rétro de gauche. Le Kia EV9 est aussi le premier véhicule de la marque capable d’une conduite semi-autonome de niveau 3 grâce à l’implantation de deux lasers LiDAR sur le bouclier avant. L’ensemble est associé à une suite de caméras pour un contrôle à 360° du véhicule. Cela signifie que le conducteur ne doit pas nécessairement tenir en main le volant pour garder les aides en marche. Cependant, la législation n’autorise pas encore ce type de conduite. Seule l’Allemagne fait exception à ce jour, où Mercedes a décroché l’homologation de son système. Kia ne devrait sans nul doute pas tarder à arriver dans la course.

Une nouvelle batterie pour le Kia EV9

Le Kia EV9 embarque une batterie qualifiée de quatrième génération. Il s’agit d’une unité inédite d’un capacité utile totale de 99,8 kWh, ce qui en fait l’une des plus importante sur le marché à l’heure actuelle. Elle est composée de 456 cellules poches fournies par SK On, et réparties en 38 modules. L’ensemble propose une tension totale d’un peu moins 800 Volts. Elle alimentera au choix une ou deux machines électriques en fonction de la configuration retenue. Dans le premier cas, l’EV9 dispose d’une machine arrière d’une puissance totale de 204 ch pour 350 Nm de couple. Contre toute attente, la valeur de puissance est ici moins importante (mais le couple est inchangé) qu’à bord de la plus petite Kia EV6 RWD, et identique à celle d’un Niro EV. Ainsi configuré, le SUV ne sera pas le plus véloce avec un 0-100 km/h en 9,4 s. Les plus pressés apprécieront sans doute la version à transmission intégrale, qui cumule 385 ch pour 200 Nm à l’avant et 350 Nm à l’arrière. La vitesse de pointe grimpe à 200 km/h (contre 185 km/h) mais les accélérations sont plus vives avec 6,0 s pour atteindre 100 km/h.

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Mais cette version AWD présentera en contrepartie une autonomie plus réduite de 497 km. La version propulsion viserait un maximum de 541 km selon la norme WLTP. Toujours en attente d’homologation au moment où nous écrivons ces lignes, ces valeurs devraient concerner les versions d’entrée de gamme. Les rétroviseurs caméra devraient aussi améliorer marginalement l’autonomie finale. Rappelons à ce chapitre que le Tesla Model X est crédité de 576 km WLTP alors que le Volvo EX90, avec une batterie de 107 kWh, vise la barre des 600 km.

 

Une puissance de recharge en haut du panier

Grace à sa technologie 800 V, l’EV9 devrait offrir parmi les meilleures puissances de recharge. Kia n’a cependant pas encore communiqué de valeur officielle, ni même de temps de recharge, et n’indique qu’un gain de 239 km (mixte WLTP) en 15 minutes. Qu’à cela ne tienne, un rapide tour sur le site de KIA aux USA nous apprend que l’EV9 expédierait le 10-80 % en 24 minutes. La puissance moyenne qui en résulterait serait cohérente avec les autres e-GMP du groupe. Le Model X partage sa batterie avec la Model S. Si l’on se réfère à nos mesures effectuées sur la berline (10-80 % en 27 minutes), le SUV coréen ferait donc mieux que le Model X avec une puissance moyenne supérieure.

Il disposera d’un système de préconditionnement de la batterie accouplé à la navigation pour profiter de ces performances lorsque la batterie aura du mal à se réchauffer en hiver. Dommage en revanche que le planificateur embarqué ne se montre toujours pas aussi précis et complet qu’il devrait. S’il informe bien sur l’autonomie trop faible pour rejoindre la destination, il ne fait le choix que de bornes dans les alentours, sans plus. Charge au conducteur de planifier son trajet manuellement.

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La puissance du chargeur embarqué AC et le temps de recharge associé n’ont pas été communiqués, mais il ne fait aucun doute qu’un dispositif de 11 kW soit un minimum ici. Comme c’est désormais une coutume, le SUV disposera aussi du système de recharge bi-directionnel via la prise combo CCS avec la fonction V2D et V2L, qui permet d’alimenter ou recharger d’autres objets avec la prise 220 V de l’adaptateur. Lors de cette présentation, Kia a aussi affiché ses ambitions de développer des dispositifs de recharge bidirectionnel pour alimenter des maisons ou le réseau en cas de besoin.

Un prix qui reste à connaître

Comme la plupart des SUV XXL, le Kia EV9 interroge sur l’utilité d’un véhicule électrique de ce gabarit et qui joue les superlatifs à l’heure où la sobriété est de mise. Mais il convient de voir les choses différemment. Il est intéressant de voir les constructeurs s’intéresser aussi à ce marché de niche, principalement représenté par des SUV thermiques, au mieux hybrides, afin de permettre aux familles nombreuses de s’électrifier. Certes pensé avant tout pour le marché nord-américain sans volonté initiale d’offrir une alternative aux clients européens, l’EV9 arrive dans un segment très peu peuplé, et où l’on retrouve principalement des références premium : les Mercedes EQS SUV et EQB (de la catégorie inférieure avec 4,68 m de long) et le Tesla Model X sont les seuls représentants. Mais ce groupe sera aussi occupé rapidement par le Volvo EX90, le BYD Tang et, plus tard encore, par la version de série du Skoda Vision 7S.

Pour le moment donc, le Kia EV9 veut être une alternative de choix pour les familles nombreuses qui veulent disposer d’un SUV pratique et avec suffisamment de place à bord, mais aussi pour celles qui ne veulent pas faire le choix d’un van électrique aux autonomies bien plus faibles : avec ses recharges rapides et une autonomie sur autoroute qui devrait se situer entre 320 et 350 km selon nos estimations, l’EV9 compterait parmi les meilleurs. Enfin, il s’adresse aussi à ceux qui ne peuvent/veulent pas faire le choix du Model X, affichée à partir de 114 490 €. Car si les prix de l’EV9 ne sont pas encore connus, il devrait présenter un ticket d’entrée inférieur, aux alentours des 80 000 €.