Qui mieux que Dacia peut concurrencer votre Dacia ? C’est ce qui ressort de l’essai du nouveau grand break familial Jogger à 2 moteurs réalisé au Portugal par Maxime Fontanier. Nous vous proposons de découvrir pourquoi.

Le modèle essayé

Le nouveau Dacia Jogger est proposé avec un choix de 3 motorisations : TCe 110 turbo gavé à l’essence, Eco-G 100 en bicarburation Essence/GPL, et l’hybride essence/électrique nommé « Hybrid 140 ». C’est ce dernier dans lequel nous vous proposons aujourd’hui d’embarquer en famille. Sous le capot, on trouve un bloc 1,6 l à 4 cylindres et 16 soupapes qui lui est spécifique.

Les deux autres architectures se contentent de 3 cylindres, 12 soupapes et d’une cylindrée de 999 cm3. Forcément, la sonorité sur route sera très différente. D’autant plus que notre Hybrid 140, qui reprend la chaîne cinématique des Renault Arkana et Clio hybrides, saura aussi évoluer en silence sur son seul moteur électrique à petite vitesse.

L’ensemble développe une puissance cumulée de 140 ch (103 kW) à 5 600 tr/min. Au niveau du couple, le bloc atmosphérique à injection indirecte apporte 144 Nm, à conjuguer au besoin avec les 205 Nm du moteur électrique. Ce dernier reçoit son énergie d’une batterie lithium-ion 230 V d’une capacité de 1,2 kWh. Le pack pourrait presque tenir dans une valise de taille moyenne. Le réservoir d’essence, lui, est d’une contenance identique pour tous les modèles : 50 litres.

Un peu de coquetterie dans la présentation

Pour une hauteur de 1,69 m qui comprend les barres de toit montées de série, le Dacia Jogger Hybrid 140 s’inscrit dans un rectangle de 4,55 x 1,78 m. Avec cette architecture, en dehors de la série limitée Extrême, seul le niveau de finition Expression est proposé. Le break familial repose sur des roues en tôle Saria de 16 pouces, dont la découpe permettrait presque de confondre ses enjoliveurs en plastique avec des jantes alliage.

Lors de notre rendez-vous avec cette nouvelle voiture, elle avait revêtu une robe en Brun Terracotta métallisé qu’elle vous invite à lui offrir contre 550 euros afin de la sortir du blanc glacier. Au même prix, elle sait aussi se présenter en gris schiste ou urbain, noir nacré et kaki lichen. Autre petite touche pour séduire : les 5 vitres de l’unité arrière sont surteintées, en comprenant la lunette équipée d’un essuie-glace.

Devant, l’éclairage est obtenu d’un partage des rôles entre l’halogène (feux de route) et la technologie Led (feux de croisement et loupiotes diurnes). En bas du bouclier, les petites parties en plastique noir mat pourront encaisser de petits chocs sans trop vous trahir. En poupe, les feux arrière avec signature lumineuse en Y sont une coquetterie offerte par le pack City. Facturé 500 euros, il apporte en plus la caméra de recul, le détecteur d’angle mort et l’aide au parking aux 2 bouts.

Le plein de bagages ou de voyageurs

Avec 3 rangées de sièges dans l’habitable, le coffre du Dacia Jogger Hybrid 140 ne peut qu’être d’une grande modularité. Derrière un hayon qui libère un vaste accès, les occupants peuvent compter a minima sur 160 litres. L’espace passe à 565 l en rabattant le rang 3 ou à 696 l en le retirant simplement. Pour comparaison, la version 5 places offre 708 l. Si en plus on rabat la banquette du milieu, le volume est à son maximum dans la familiale avec 1 807 l, contre 1 819 l dans le break classique.

Au besoin, il est possible de tracter une remorque freinée jusqu’à 750 kg. C’est moins que les 1 200 kg des versions essence et double carburation GPL 5 ou 7 places.

Avec un empattement de 2,90 m, la banquette accueille très généreusement 3 personnes, d’autant plus que le tunnel central de service est peu élevé. Il y a de l’espace aux genoux, aux coudes et à la tête. Pourtant la position est dominante par rapport au conducteur. L’assise élevée permet d’être d’installé confortablement avec les jambes en angle droit. A noter l’absence de prise Isofix au milieu.

Le 3e rang est capable d’accueillir correctement 2 adultes de taille moyenne sur des assises relativement confortables. Y accéder impose de rabattre un siège de la banquette centrale, mais pas d’être un contorsionniste. Si les 5 personnes à l’arrière seront entourés de robustes plastiques, elles profiteront de prises 12 V, de nombreux espaces de rangements, et d’une belle luminosité offerte en particulier par les 2 vitres en custodes.

Affrontement de 2 mondes

En s’asseyant au volant du Dacia Jogger Hybrid 140, on remarque de suite la confrontation de 2 mondes. Les grosses molettes mécaniques qui permettent d’agir très rapidement et facilement sur le chauffage et la ventilation tranchent avec l’écran tactile 8 pouces.

Apparaissant presque tombé du ciel, sa présence s’explique par le pack Navigation Europe de l’Ouest (+ 400 euros) qui apporte aussi la réplication smartphone filaire Android Auto Apple CarPlay, un système de navigation avec une cartographie assez brute mise à jour pendant 3 ans, 2 prises USB et 6 haut-parleurs. « La présentation n’a rien de low cost, ça présente très bien », estime Maxime Fontanier.

Avec un style repris sur les accoudoirs latéraux, une bande rembourrée et revêtue de tissu sépare les plastiques rigides que l’on sent robustes : « Globalement, la qualité de fabrication est très sérieuse ». Les matériaux du ciel de toit et en revêtement de sol sont moins valorisants.

La modernité se retrouve sur et derrière le volant en similicuir. Les branches de ce dernier supportent de nombreux boutons : à gauche pour gérer les aides la conduite, et à l’opposé pour intervenir sur l’ordinateur de bord. En couleur, l’afficheur numérique de l’instrumentation est encadré par 2 jauges, l’une pour le niveau d’énergie dans la petite batterie et l’autre pour l’essence. Ici aussi les espaces de rangement sont nombreux, et même géant en considérant la soute boîte à gants. Mais ça manque d’antidérapant.

Les + et – de la boîte

Maintenant que nous avons pu apprécier la confortable sellerie en similicuir avec surpiqûres qui offre un bon maintien latéral, découvrons le comportement du Dacia Jogger Hybrid 140. Mauvaise surprise en manipulant le sélecteur de marche : « La commande de boîte n’est pas d’une précision extrême, il arrive qu’on se trompe. De plus, le bruit n’est pas qualitatif ». Pas de vitesse à changer : « On n’a pas d’embrayage sur cette voiture. C’est le moteur électrique qui assure les démarrages et va lancer la boîte ».

Avec les premiers tours de roues nous découvrons rapidement les limites de la direction un peu lourde, quoique assistée, créditée d’un diamètre de braquage à 11,7 m. A vitesse modérée, et lorsqu’il est en route, le moteur thermique se fait ressentir par de petites vibrations et une sorte de grognement venu de l’avant. C’est toutefois moins désagréable que le bloc à 3 cylindres que l’on trouve dans les versions TCe 110 et Eco-G 100.

Le mode Eco est suffisant pour adopter une conduite urbaine dynamique : « C’est assez réactif pour rouler au quotidien, même si l’on n’a pas la réponse aussi rapide d’un moteur électrique qui profite d’un couple immédiat. Il y a un petit temps de réponse. On sent la boîte travailler un peu. Mais franchement c’est pas mal ».

Elle fait le job

Avec le mode Brake, le frein moteur du break familial de la marque roumaine « est beaucoup plus marqué, comme sur un véhicule électrique. Mais ça fait du bruit quand ça régénère : j’ai l’impression d’avoir une usine à gaz sous le capot ». Sur route dégradée, la suspension du Dacia Jogger Hybrid 140 filtre correctement les chocs. Les ralentisseurs peuvent être abordés avec une certaine sérénité. La relative fermeté perçue à vide donne confiance pour les épisodes de grands départs en vacances avec une famille nombreuse et un coffre additionnel sur le toit.

Au-dessus de 50 km/h, le bloc essence s’active. En chahutant un peu l’engin, on sent que « la motricité est vite à la peine. Le train avant va patiner, sollicitant rapidement les aides électroniques. La voiture a un comportement très sous-vireur ». L’hybride permet de réaliser de meilleures accélérations qu’avec la version essence 110 ch. Ainsi le 0 à 100 km/h peut être bouclé en 10,1 s, contre 11,2 s pour la TCe 110. C’est pourtant cette dernière qui est dotée de la vitesse de pointe la plus élevée : 180 versus 167 km/h.

La sportivité sur cette voiture sera plus à rechercher dans une exceptionnelle séquence tout-chemin permise par une garde au sol élevée et des flancs épais sur les pneus, que dans un pilotage façon circuit : « Quand on sollicite beaucoup le moteur, c’est pas très agréable, on a l’impression de ressentir des hésitations dans le changement de rapport ». Avec des tambours à l’arrière, le freinage n’est pas formidable. Son efficacité serait à améliorer.

Consommation

En plus de petits bruits de mobilier, le grand break fait caisse de résonnance sur les chaussées fortement dégradées ou composées d’un revêtement granuleux. A partir de 90 km/h, l’insonorisation apparaît très légère : « Ca a toujours été le cas sur les Dacia ». Au niveau des aides pour faciliter la conduite sur voies rapides, vous avez le choix entre limiteur ou régulateur simple de vitesse.

Ne cherchez pas de dispositif de maintien dans la file : il n’y en a pas. Pour alléger le prix et le poids, Dacia ne vise pas la Grande Ourse aux crash-tests de l’Euro NCAP.

Avec environ 180 kg de plus sur la balance (1 385 vs 1 205 kg), le Jogger Hybrid 140 affiche une consommation officielle en cycle mixte WLTP de 4,9 litres aux 100 km, contre 5,7 l pour la motorisation TCe 110. Lors de notre essai, nous avons plutôt observé une moyenne à peine inférieure à 6 l avec l’hybride. Ce qui laisse espérer environ 800 km de route avant de passer par une pompe à essence.

Tarifs et concurrence maison

Au 15 février 2023, le site Internet de Dacia propose le Jogger Hybrid 140 en finition Expression à partir de 24 600 euros TTC en break 5 places ou 25 500 euros pour la déclinaison familiale à 7 places. Contre respectivement 19 600 et 20 500 euros pour les versions TCe 110 et Eco-G 100 dont les tarifs sont identiques.

En tenant compte de la peinture métallisée et des 2 packs optionnels, le modèle essayé est facturable 26 950 euros. « C’est un tarif canon pour un véhicule avec 7 vraies places ou un grand coffre, et une qualité de fabrication tout à fait correcte », apprécie Maxime Fontanier.

L’engin apparaîtrait presque sans concurrence. Ce n’est pas tout à fait vrai. Il y a moins cher pour la même habitabilité : sa déclinaison à bicarburation essence/GPL également en classe énergétique B. On a tout de même 5 000 euros d’écart à l’achat !

Et pour le carburant ? Toujours à la même date, et pour exemple, dans la station nantaise Avia qui délivre les 2 carburants, le SP95-E10 est à 2,02 euros le litre, contre 0,96 pour le GPL. Selon les chiffres communiqués par Dacia, la version Eco-G 100 engloutit 3 litres de carburant en plus par rapport à l’hybride. Pour cette dernière, Maxime Fontanier a observé une consommation moyenne de 6 l/100 km, soit 12,12 euros. La même distance avec 9 litres de GPL coûterait 8,64 euros. Mais il faudra se contenter d’une puissance nettement inférieure (100 contre 140 ch), et de la sonorité du bloc downsizé à 3 cylindres.

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