Espionnage renault voiture electrique

Alors que les deux premières Fluence ZE viennent de sortir des chaînes de l’usine turque de Renault, le constructeur défraie la chronique avec une histoire d’espionnage industriel visant son programme de véhicules électriques.

Espionnage chez Renault

3 cadres de haut niveau ont été mis à pied suite à des soupçons de diffusion d’informations touchant au programme de véhicules électriques de Renault. Selon des sources proches du dossier, ces personnes sont en charge du pilotage des avant-projets du constructeur et du véhicule. L’un de ces cadres figure même dans le comité de direction du groupe, chapeauté directement par Carlos Ghosn.

L’affaire a été révélée lundi, et les cadres ont été mis à pied le même jour. Pourtant, l’entreprise a indiqué avoir été alertée fin août 2010, et a mené une enquête interne. Elle affirme désormais avoir en sa possession des éléments de preuves suffisants pour prendre cette décision importante, estimant qu’il s’agit de faits « très graves ».

Des cadres proches du dossier voitures électriques

Même si Renault tient à protéger l’anonymat de ces 3 salariés, des noms circulent dans la presse et sur les blogs. Ainsi, il s’agirait de Jean-Michel Balthazard, le directeur « amont et projet », Bertrand Rochette, le responsable des avant-projet et Matthieu Tenenbaum, le n°2 du projet des voitures électriques, qu’Automobile Propre a d’ailleurs rencontré à plusieurs reprises.

« Sur un plan juridique, nous sommes en train d’étudier toutes les options qui conduiront inévitablement à un dépôt de plainte », a indiqué le directeur juridique du groupe, Christian Husson. Il faut dire que si la justice ne donne pas raison à Renault, ces 3 cadres auront été « traînés dans la boue » avec du pain sur la planche pour laver leur « e-reputation ».

Mais le constructeur n’est pas le seul à réagir. Selon le journal Le Monde, le ministre de l’industrie a par ailleurs déclaré avoir « demandé à l’administration de Bercy de bien vouloir renforcer les obligations de protection des entreprises industrielles qui demandent l’aide de l’Etat, qui nous demandent une contribution financière pour innover ».

À qui profite cet espionnage de Renault ?

Reste à savoir quelles sont les informations qui ont été dévoilées, et surtout à qui profite cet espionnage industriel. Le Figaro Eco cite des sources qui estiment que c’est la conception du moteur électrique et la structure des batteries pour les modèles électriques d’après 2012 qui pourraient être visés.

Selon des sources internes, Renault soupçonnerait un acteur chinois, de même que les services secrets français qui ont lancé une enquête.

Il faut dire que Renault-Nissan a investi près de 4 milliards d’euros dans son programme électrique. Le groupe aurait déposé 56 brevets sur la voiture électrique, alors 34 dépôts sont imminents et que 115 autres sont en cours d’analyse (Le Figaro).

On imagine donc aisément la portée des informations qui ont pu être divulguées, même si pour l’instant il n’y a que très peu d’éléments vérifiés dans toute cette affaire. Renault a d’ailleurs demandé à ses salariés d’éviter de communiquer sur ce qui s’apparente à une « guerre économique » selon les mots d’Éric Besson.

En tout cas, je pense que ceux qui s’imaginaient au départ qu’il s’agissait d’un « coup de pub » peuvent laisser de côté cette hypothèse ! Les plus tordus diront peut-être qu’ils ont choisi le bon moment pour l’annoncer, pile-poil quand le spot des vœux Renault électrique pour 2011 est diffusé…