En 2000, Peugeot lançait dans le cadre du Mondial de l’automobile de Paris un concours biennal international de design. Replaçons sous les spots 2 modèles très différents, dont l’un, le Moonster, devait représenter la mobilité en 2020.

En chinant

Visiter les expositions dédiées à l’automobile ou les brocantes demeure une source d’inspiration pour la production d’articles autour de la mobilité électrique. On y trouve d’anciens magazines ou des documents d’époque qui témoignent de la perception de l’électromobilité plusieurs années ou dizaines d’années auparavant mais aussi de l’existence de modèles branchés peu courants.

A un stand, je suis tombé sur 2 reproductions au 1/43e de concepts lauréats du concours de design Peugeot. De quoi donner envie d’en savoir un peu plus sur ces 2 modèles qui ne circuleront jamais dans nos rues.

2000 = La mobilité en 2020

Pour la première édition de son concours international de design, Peugeot souhait frapper fort. L’événement était ouvert à tous les volontaires âgés d’au moins 14 ans qui ne travaillaient pas pour un constructeur automobile. Thème proposé par le Lion : « Concevoir la Peugeot de 2020 ».

L’auteur du projet le plus apprécié par le jury devait être récompensé par un chèque de 5.000 euros, remis au salon de Genève (mars 2001) suivanr. En outre, son engin serait reproduit à l’échelle 1 et présenté à Francfort (septembre 2001). Un déroulé scrupuleusement respecté.

 

40% de voiture de sport

Bien qu’il était imposé d’adresser par Internet son dossier (différentes vues + 1 texte expliquant le concept) de participation, le Lion a reçu environ 2.000 candidatures provenant de 80 pays, dont 80% hors de France. Parmi les territoires peut-être les plus inattendus, l’Ouganda et la Moldavie.

A la remise du prix, Peugeot a indiqué avoir reçu des projets très divers. Dans le Top 3 des catégories : voitures de sport (40%), citadines (25%), pickups (5%). Le premier jury était composé de représentants du constructeur, de journalistes spécialisés en automobiles, et d’Internautes.

Moonster

Le lauréat de la première édition de ce concours international de design proposé par Peugeot est alors Marko Lukovic, un étudiant de 23 ans à l’université d’arts appliqués de Belgrade, aujourd’hui sur le territoire de la Serbie. Sur les 10 projets retenus pour la finale, c’est son Moonster qui a été retenu.

« Moonster a attiré l’attention du jury avec son originalité, sa forme, sa fantaisie et son dynamisme », a commenté à l’époque Frédéric Saint-Geours, directeur général d’Automobiles Peugeot. Les lignes du véhicule peuvent à la fois évoquer un lion bondissant, un transformer en action ou le Sphinx de Gizeh.

 

Electrique ?

Pour 2020, Marko Lukovic a proposé un véhicule original biplace inspiré de l’aéronautique. Nous sommes à 6 mois d’entrer dans l’année ciblée par le concours en 2000. Les productions actuelles et annoncées par Peugeot sont très éloignées de cet exercice de style.

Le Moonster est loin d’offrir un excellent volume intérieur par rapport à l’espace au sol formé par les 4 roues qui s’étirent un peu loin de l’habitable. Pas gênant pour explorer la Lune, mais pas du tout adapté à la circulation dans les grandes villes. Seulement 2 personnes embarquées dans 8 cm de moins en longueur (4 m contre 4,08) mais 22 de plus en largeur (1,95 m contre 1,73) que la Renault Zoé dont l’habitacle est capable d’accueillir 5 passagers.

S’agissant d’un concours de design, la motorisation de l’engin a très peu été évoquée. Il faut fouiller pas mal le Web pour apprendre que son concepteur avait imaginé 1 moteur électrique dans chaque roue.

Des dessins à l’échelle 1 en 3D

Dans une vidéo produite en 2001, Peugeot présente les différentes étapes qui ont été nécessaires pour aboutir à une reproduction en grandeur nature du Moonster à partir des dessins fournis par Marko Lukovic. Tout d’abord une modélisation 3D sur ordinateur. Elle a été traduite en données numériques communiquées à une fraiseuse qui a taillé avec précision les différentes pièces d’une première réalisation à l’échelle 1/4.

Un gabarit a alors été calculé, permettant de découper des feuilles d’aluminium qui ont été chauffées puis martelées à la main jusqu’à épouser les galbes attendus. Assemblage, polissage, réalisation et pose du pare-brise et de différents équipements électriques : 6 mois ont été nécessaire pour parvenir à un concept aux dimensions d’un véhicule prêt à prendre la route.

Sur son site Web, Marko Lukovic a rassemblé ses diverses réalisations, dont quelques unes pour le monde automobile et une foule de concepts de véhicules, dont certains pour le challenge de design organisé par Michelin.

 

2004 = La Peugeot de vos rêves

Avec la 3e édition du concours international de design, Peugeot invitait ainsi les candidats : « Concevez la Peugeot que vous rêvez de voir dans un avenir proche ». Sur les 3.800 propositions reçues (dont 2.600 soumises depuis 107 pays étrangers), le jury a retenu celle du Portugais André Costa, étudiant de 23 ans en design industriel à Lisbonne.

Sa Moovie a suivi les mêmes scénarios que la Moonster, jusqu’à la présentation d’un modèle à l’échelle 1 au salon de Francfort l’année suivante, réalisé en seulement 3 mois. A chaque nouvelle édition du concours, la dotation est relevée. Ce sont 6.000 euros que le lauréat a reçus en 2005.

A noter en première avec la Moovie : sa production en un grand nombre d’exemplaires au 1/43e par le spécialiste du modèle réduit Norev.

Biplace électrique

La Moovie joue à fond la carte de la mobilité urbaine… à condition que les rues soient débarrassées des ralentisseurs de type coussins berlinois et gendarmes couchés. Dans une empreinte au sol de 2,33 x 1,8 m, à comparer avec celle de la Smart Fortwo ED (2,69 x 1,56 m), elle embarque 2 personnes.

Particulièrement bas, l’engin dissimulent ses roues. Quasiment invisibles, elles sont pourtant exceptionnellement grandes à l’arrière, pour plus d’efficience, mais cachées dans l’encadrement des portes.

« Style original, expression d’une allégeance claire avec la marque, et ses nombreuses innovations qui en font une véritable perspective future », voilà comment le jury a justifié son choix.

 

Le U qui entoure le lion

Il s’efface des calandres, et pourtant, ce « U » qui entourait le lion sur la calandre a été exploité par André Costa et reproduit pour l’encadrement de l’immense pare-brise qui s’étire jusqu’à l’aplomb de la face arrière. Cette reprise, associé à l’image d’un engin doux pour l’environnement, a permis au jeune designer de faire la différence avec les autres projets.

Lui aussi poursuit sa route avec style, et communique abondamment sur ses créations à travers les réseaux sociaux et un blog.