Très sensible au développement des énergies nouvelles et à la protection de l’environnement, Dominique Delport profite de la réhabilitation de sa maison pour l’équiper d’un système inédit de production et d’alimentation en électricité et eau chaude d’origine renouvelable.

Dans la Manche

« Notre maison est située dans le centre d’un bourg de 1.500 habitants, dans la Manche. Nous sommes en train de la réhabiliter au moyen de gros travaux. Une partie du bâtiment a même été détruit », indique ce retraité qui a très vite compris l’intérêt de lier mobilité durable et production domestique d’énergie de sources renouvelables. Surtout depuis sa rencontre avec Jean-Baptiste Segard, fondateur de la société EP Tender qui développe des prolongateurs d’autonomie éponymes, sur remorque, pour véhicules électriques.

Du GPL à l’électrique

La mobilité durable, Dominique Delport l’a abordée avec son épouse sous l’angle du GPL. « Nous avons eu des Renault Laguna et Twingo, puis 2 Dacia Sandero, toutes les 4 équipées pour être alimentées au GPL », confirme notre interviewé.

« Il n’y avait pas de point public de recharge pour véhicules électriques près de chez nous. Puis une borne a été installée dans notre village. Notre fils a acheté une Renault Zoé. Enseignant chercheur, il est parti pour l’université de Cambridge, nous laissant sa voiture. Nous pensions profiter de l’offre de Renault pour le rétrofit de la batterie [NDLR : Pack de 22 kWh remplacé par celui de 41 kWh], mais nous avons jugé qu’il était préférable, financièrement, d’acheter une Zoé 40 neuve », détaille-t-il.

EP Tender

« En 2014, j’avais déjà essayé plusieurs modèles de voitures électriques, dont une Smart ED et une Tesla Model S. Depuis, j’ai aussi testé la Model X. Techniquement, ces voitures américaines sont imbattables, surtout au regard de la pauvreté des systèmes embarqués dans la Zoé, mais elles ne me correspondent pas : trop lourdes et trop chères ! », souligne Dominique Delport.

« Ma première rencontre avec Jean-Baptiste Segard, c’est aussi à mon fils que je la dois. Tenant absolument à le retrouver au Mondial de l’Auto, il m’a fait traverser tout le salon pour aller directement sur son stand », s’amuse-t-il à dire. « L’EP Tender est un concept très intéressant et dont il faut encourager le développement », assure-t-il, en pensant à la version équipée d’une batterie lithium-ion.

Déplacements longs en ZOE…

Dominique Delport et son épouse n’hésitent pas à effectuer des déplacements longs avec leur Zoé. Pour exemple ce trajet vers Tours (37), tout de suite après notre interview, à environ 300 kilomètres de chez lui.

« J’arrive à faire le parcours d’une traite, sans recharge intermédiaire, en roulant d’abord à 72-76 km/h puis à 80 km/h sur la fin. Je me méfie des indications de la Zoé après recharge. Mais s’il le faut, j’ai la possibilité de m’arrêter quelques dizaines de minutes à une borne, par sécurité. A ce sujet, ce serait bien que ChargeMap ajoute un champ à sa présentation des stations de recharge, qui indiquerait ce qu’il y a d’intéressant à proximité de chacune, comme les commerces ou les curiosités touristiques, par exemple », complète-t-il.

« Pour les déplacements longs, j’évite les autoroutes sur lesquelles je n’hésite pas à rouler à 130 km/h lors de trajets plus locaux », précise-t-il.

…jusqu’à Londres et dans le Larzac

« Il nous arrive d’aller dans le Larzac avec notre Zoé, à plus de 1.000 km de chez nous, en prenant notre temps. Nous sommes allés aussi 4 fois à Londres avec cette voiture électrique, afin de rendre visite à notre fils », rapporte notre interlocuteur.

« Je suis satisfait d’avoir pu obtenir les badges qui me permettent de circuler dans Londres et de recharger les batteries à proximité des musées que nous visitons. Il est possible de réserver une borne jusqu’à 1 heure à l’avance, comme c’était le cas avec le réseau Autolib’ », se réjouit-il.

« Ca coûte environ 33 euros par jour de circuler et stationner dans Londres. Ce qui a un effet pervers : plutôt que d’y voir de nombreuses voitures électriques, ce sont plutôt de grosses voitures, extrêmement chères, qui sont présentes dans les rues », déplore-t-il.

Géothermie + pompe à chaleur

« Au cœur de notre système de production d’énergie dans notre maison en cours de réhabilitation, un système géothermique avec 3 sondes verticales à 60 mètres de profondeur. Le circuit est relié, via un collecteur, à une pompe à chaleur conçue sur mesure localement, à partir d’un modèle au catalogue, par l’entreprise Lemasson, installée à Agneaux, à une vingtaine de kilomètres de chez nous. J’ai ainsi pu me rendre sur places plusieurs fois pour suivre la construction de la PAC », apprécie Dominique Delport.

« L’eau chaude alimente le circuit sanitaire et le plancher chauffant qui, l’été, grâce à la circulation d’un liquide réfrigérant (PAC avec système free cooling), refroidira la maison. Nous disposerons ainsi de 80% de notre énergie de façon gratuite », évalue-t-il.

+ panneaux photovoltaïques

« Cette architecture sera complétée par 2 unités de production photovoltaïque, montées sur le toit de la maison. Tout d’abord une première installation d’une puissance nominale de 7,2 kW. Après avoir constaté un chevauchement des panneaux entre eux sur une quinzaine de centimètres, et auquel je ne m’attendais pas, j’ai décidé de compléter la bande disponible sur notre toit avec des panneaux hybrides qui produisent aussi de l’eau chaude. Le fluide sera injecté au système géothermique entre les sondes et la PAC », ajoute Dominique Delport.

Stockage de l’électricité : Batterie + EP Tender

« Au départ, le stockage de l’électricité reposera sur une batterie lithium-ion d’une capacité énergétique de 12,5 kWh. J’aimerais désormais associer cette unité à un EP Tender. Actuellement, le prototype que Jean-Baptiste Segard est en train de mettre au point est équipé d’une batterie 31 kWh. Son souhait est de porter cette capacité aux alentours de 60 kWh. Dans mon cas, la capacité de stockage domestique d’électricité passerait à 72 kWh, avant injection dans le réseau électrique national », chiffre notre interviewé.

« Acquérir un EP Tender représente un coût important, voire dissuasif si le matériel n’est utilisé que très ponctuellement. En revanche, exploité au quotidien comme unité de stockage reliée à une production d’énergie renouvelable, c’est déjà nettement plus intéressant », plaide Dominique Delport.

EP Tender : Les 2 scénarios

« Afin de privilégier l’autonomie, j’ai choisi une Renault Zoé 40 avec son convertisseur 22 kW pour la recharge. Relié en direct avec la voiture, l’EP Tender me permettrait une recharge bien plus rapide, sans passer par ce convertisseur. Jean-Baptiste Segard espère doter son système d’une puissance de recharge entre 70 et 100 kW », met en avant notre interlocuteur.

Premier scénario d’exploitation de l’EP Tender : « En stationnaire, la batterie de l’EP Tender stockerait l’énergie produite par les panneaux photovoltaïques tout en régénérant au besoin celle de la Zoé. A la maison, notre voiture serait donc toujours rechargée via l’EP Tender, une solution que j’estime très moderne », envisage Dominique Delport.

« En revanche, lors des longs déplacements, la connexion à une borne permettra de recharger la batterie de la voiture et celle de l’EP Tender », projette-t-il dans un second scénario. Ainsi l’attelage disposera-t-il d’une capacité énergie d’environ 100 kWh. De quoi rivaliser en autonomie avec les Tesla !

Rallye VE dans la Manche

Son projet, en cours de réalisation, Dominique Delport espère le promouvoir en participant samedi prochain, 1er juin 2019, au rallye Manche Electro Tour, tandis que Jean-Baptiste Segard présentera l’EP Tender lithium-ion au village de la mobilité durable organisé en parallèle à Sainte-Mère-Eglise (50).

« C’est la première fois que je participe à un tel rallye réservé aux véhicules électriques. Je m’y suis inscrit dès que j’ai eu connaissance de cet événement », nous confie notre interlocuteur.

Il se désole cependant du retard pris par le département dans le développement du réseau de recharge. « Pas de recharge rapide, et il manque une centaine de bornes 22 kW. Je reconnais que je vais être un peu de mauvaise fois dans ce que je vais dire, mais pas tant que ça finalement : le budget consacré dans la Manche au développement de la mobilité hydrogène est celui qui manque pour que le département dispose d’un réseau de recharge satisfaisant », conclut-il.

Automobile Propre et moi-même remercions Dominique Delport pour sa disponibilité et son engagement dans la promotion de la mobilité durable. Un autre remerciement à Bob66 qui nous a mis en rapport avec notre interviewé.