Publié début décembre, un nouveau rapport de l’OCDE s’intéresse aux émissions de particules « hors échappement » des véhicules. Une pollution largement sous-estimée qui concerne également les voitures électriques.

Si les voitures électriques sont souvent présentées comme des véhicules zéro émission à l’usage, ce n’est pas vraiment le cas dans la réalité. Au-delà des émissions à l’échappement, évidemment nulles sur une voiture électrique, d’autres facteurs sont source d’émissions de particules dangereuses pour la santé : freins, pneumatiques, chaussée et remise en suspension en surface sont les quatre facteurs pointés du doigt par le dernier rapport de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

« Les émissions non issues de l’échappement devraient être responsables de la grande majorité des émissions de particules fines provenant du trafic routier dans les années à venir », avertit l’OCDE qui mesure et compare les émissions engendrées par les véhicules électriques et leurs homologues diesel.

Le phénomène est inquiétant et les exercices de projection établis par l’OCDE montrent que les particules « hors échappement » émises par les véhicules de tourisme pourraient considérablement progresser avec la croissance du parc automobile. Elles pourraient augmenter de 53,5 % dans les prochaines années, passant d’environ 0,85 million de tonnes aujourd’hui à 1,3 million à l’horizon 2030.

Le poids des batteries pénalise l’électrique

Si les systèmes de freinage régénératifs embarqués à bord des voitures électriques peuvent réduire l’usure des freins, les émissions issues de l’usure des pneus, de la route et de la remise en suspension des particules demeurent une réalité sur les véhicules électriques. Dans certains cas, elles peuvent même être plus élevées que sur leurs équivalents thermiques.

Concernant les particules PM10 (diamètre inférieur à 10 µm), le bilan est plutôt favorable pour l’électrique avec des émissions 5 à 19 % inférieures à celles d’un véhicule thermique. Ce n’est pas forcément le cas pour les plus petites d’entre elles, les PM2.5 (≤ 2,5 µm). Tout est en fait question de poids et de taille de la batterie ! Alors que les petites voitures électriques parviendraient à émettre 11 à 13 % de particules PM2.5 de moins que leurs équivalents thermiques, les véhicules à grande autonomie, souvent handicapés par leurs grosses batteries, pourraient émettre 3 à 8 % de particules en plus.

Issus du rapport de l’OCDE, les tableaux ci-dessus montrent que le surpoids de certaines voitures électriques peut être source d’émissions de particules supplémentaires.

Des actions politiques nécessaires

« La majeure partie des politiques publiques se concentrent aujourd’hui sur les émissions à l’échappement. Les autres ont été largement négligées », regrette l’OCDE qui appelle les gouvernements à se saisir rapidement du sujet. La première préconisation est de normaliser les mesures de ces particules. Un processus qui permettrait également de mieux comprendre les facteurs qui influencent la quantité de particules rejetées.

Autre point évoqué : celui de la réglementation. Selon l’OCDE, la meilleure façon de réduire ces émissions est de diminuer le recours à la voiture individuelle en privilégiant d’autres modes de transport (bus, marche, vélo, etc.) et en instaurant de nouvelles taxes ainsi qu’une redevance basée sur le kilométrage parcouru pour limiter les usages. Ayant un impact direct sur les émissions, le poids des véhicules doit aussi être mieux contrôlé. Sur ce point, la France a de l’avance puisqu’elle mettra en place à compter du 1er janvier 2022 un nouveau malus au poids.

Sur le plan technologique, de nombreuses pistes sont mises en avant. Pour les pneus et les dispositifs de freinage, l’utilisation de nouveaux matériaux contribuera à limiter les émissions, le tout lié à de nouvelles normes internationales plus strictes pour les fabricants. Les routes peuvent aussi être améliorées via des dépoussiéreurs chimiques. Déjà utilisés dans certains pays nordiques, ils sont pulvérisés sur la route et permettent de « lier » les particules, ce qui réduit leur capacité à revenir en vol en cas de vent ou de passage d’un véhicule. Au niveau des véhicules, des systèmes de filtrage spécifiques peuvent aussi être embarqués. Un dispositif que DHL a déjà testé en 2018 à bord de son utilitaire électrique StreetScooter.

Source : Étude OCDE