Aiways U5

Avec le témoignage de Gaëtan Montoisis, nous bénéficions du regard d’un automobiliste belge sur le SUV chinois Aiways U5 et sur le réseau de recharge pour voyager en France.

Pour 33 000 euros, Gaëtan Montoisis a acquis début février dernier un Aiways U5 avec 3 000 km au compteur. Une offre spéciale de lancement, pour laquelle il n’a pas reçu d’aide à l’achat. Ça n’existe pas en Belgique. Pour comparaison, la même offre en France était facturée 39 700 euros par Car East. Soit 6 700 euros de plus, mais avec la possibilité de déduire les 7 000 euros de bonus de l’époque : tiens donc, une différence qui correspond à quelque chose près à cette prime nationale !

Dans sa première vie, le SUV électrique de notre témoin a fait partie du lot proposé à la location par Hertz en Corse, l’été dernier. « J’ai déjà parcouru 20 000 km au volant de cette voiture. Je viens de temps en temps en France avec. Ainsi, j’ai effectué 980 km aller et autant au retour pour me rendre à Casteljaloux [NDLR : Dans le Lot-et-Garonne, 55 km à l’ouest d’Agen environ par la A62]. Je suis aussi allé chez Disney à Marne-la-Vallée », lance notre interlocuteur.

« J’effectue également 400 km pour aller à la mer en Belgique. Le reste du temps, l’Aiways U5 est utilisé pour mes trajets quotidiens », complète-t-il.

Aiways U5

3e voiture électrique

Si le regard de Gaëtan Montoisis est intéressant sur son SUV électrique chinois, c’est aussi parce qu’il a déjà eu 2 voitures électriques auparavant : Une Tesla Model 3 et un Kia e-Niro.

« C’était 2 voitures à problème. Le pire, c’était avec la Tesla Model 3 Long Range Propulsion. J’ai connu avec elle plusieurs problèmes : court-circuit sur le chargeur embarqué, cardan, pare-brise mal assemblé, rivets explosés au niveau de la porte du coffre, etc. Les défauts ont été corrigés, mais j’ai dû emmener 5 fois en 6 mois ma Model 3 dans un Service Center », détaille-t-il.

« Pour le Kia e-Niro, mon plus gros désagrément était le redémarrage intempestif de la recharge après l’avoir arrêtée par l’application. Le concessionnaire a mis en cause mon installation domestique, une borne Tesla. Il me demandait 600 euros pour la refaire avec leur matériel ! », n’a pas apprécié notre interviewé.

« Ma 3e voiture électrique est la bonne, pour moi. Elle n’est pas parfaite, je le sais, mais au moins je peux monter dedans, rouler avec, la recharger y compris sur la borne Tesla, sans problème. Je n’ai pas eu à la ramener pour une panne ou un défaut qui me bloquerait. Je la conseillerai dans mon entourage », assure-t-il.

Aiways U5

Ce qui me plaît, c’est que c’est un nouveau modèle pas connu, exotique

« J’aime beaucoup cette voiture. J’aime son design, sa présentation intérieure et extérieure. Ce qui me plaît aussi, c’est que c’est un nouveau modèle pas connu, exotique. En choisissant l’U5, je vais suivre et accompagner l’évolution de la marque Aiways », apprécie Gaëtan Montoisis.

« Avec ses couleurs claires, l’intérieur est très lumineux, bien que mon U5 ne dispose pas de toit en verre. C’est salissant peut-être, mais les matériaux ne présentent pas de traces d’usure prématurée. Concernant la qualité de l’assemblage, nous ne sommes sans doute pas au niveau du Kia e-Niro, mais en revanche c’est bien mieux qu’une Tesla Model 3 », compare-t-il.

Aiways U5

Derrière le volant, l’afficheur se présente sous la forme d’un triptyque. « La partie centrale est vraiment très bien. Les informations peuvent être restituées sous la forme de 3 modèles différents. J’ai choisi celui qui ressemble à un compteur classique et permet de bien suivre les phases de consommation et de régénération. L’affichage linéaire, lui, évoque l’instrumentation d’une vieille Lincoln », explique Gaëtan Montoisis.

« Avec la présentation des informations et les couleurs, on a l’impression d’avoir en face de soi un vieux GPS acheté 35 euros sur AliExpress. Mais ça fonctionne bien », souligne-t-il. « À gauche, on retrouve plein d’informations, mais les caractères sont trop petits. La partie de droite ne sert à rien », modère-t-il.

« Le DAB fraîchement installé est une véritable catastrophe. Il fonctionne bien à l’arrêt. Mais il perd le signal en roulant. Je préfère utiliser globalement Apple CarPlay », recommande notre interlocuteur.

Aiways U5

Deux défauts majeurs contournables

Et les défauts majeurs ? « Les aides à la conduite sont inutilisables sur l’Aiways U5. Je m’en passe très bien. Il y a comme une sorte de point mort dans le volant qui se montre flottant pour que le véhicule s’inscrive entre les 2 lignes de la file. Il faut donc bien le tenir, ce qui rend inutile le dispositif de maintien dans la file. La détection d’obstacles devant ne fonctionne pas mieux », décrit Gaëtan Montoisis.

« Avec la régénération de niveaux 2 et 3, l’U5 est soit dans l’accélération, soit à ralentir. C’est pourquoi je n’utilise que le niveau 1 qui laisse le véhicule en roue libre lorsqu’on lève le pied de l’accélérateur. En revanche, quand on actionne la pédale des freins, le ralentissement est d’abord effectué par régénération. Si on appuie davantage, alors les mâchoires entrent en jeu, et on les entend », schématise-t-il.

Aiways U5

Aiways U5 : comportement routier et consommations

« À part les pneumatiques montés d’origine qui ne sont pas très bons sous la pluie, le comportement de l’U5 sur autoroute est très sain. Le véhicule se montre confortable, stable et le bruit de l’air sur la carrosserie est très réduit », juge Gaëtan Montoisis.

« Sur route, l’U5 n’est pas aussi dynamique que la Model 3 qui collait vraiment à l’asphalte. C’est normal : c’est un SUV. En ville, les dimensions des 2 modèles se tiennent. L’U5 est même plus court de quelques centimètres. Son gabarit n’est pas très dérangeant, d’autant plus que je vis en milieu rural », assure-t-il.

« Pour me rendre à mon travail, mon trajet se compose de 20 km d’autoroute et de 40 km de routes secondaires. Dans ces conditions, l’Aiways consomme 15-18 kWh/100 km l’été, et 20-22 kWh/100 km l’hiver. Sur autoroute, la moyenne est de 23 kWh/100 km. Pour notre périple de 3 000 km en France, nous avons obtenu 19,9 kWh/100 km », chiffre-t-il.

Aiways U5

Une recharge facilitée avec Ionity

« La recharge Ionity, c’est vraiment la tranquillité. Je ne constate pas de soucis sur ce réseau. Je ne comprends d’ailleurs pas ces discussions que je considère comme de la radinerie concernant les tarifs pour un maillage qui doit trouver sa rentabilité après les lourds investissements. Quand on recharge toute l’année pour peu cher, est-ce si déplacé de payer 0,79 euro la minute 3 ou 4 fois par an ? », interroge Gaëtan Montoisis.

« En France, la recharge de l’Aiways me coûte bien moins cher grâce à la tarification à la minute et à la puissance de recharge que l’U5 maintient longtemps à 90 kW. En Belgique, c’est 0,79 euro le kilowattheure. Au-dessus de 60 kW de puissance, le système en France est plus intéressant », calcule-t-il. « Pour mes 3 000 kilomètres réalisés en France dernièrement, j’ai reçu 441 kWh sur des bornes de recharge, y compris Ionity. Le tout pour 197 euros. C’est raisonnable », estime-t-il.

« Chez moi, grâce à mes 19 panneaux solaires pour une puissance en crête de 5,8 kW, les 100 kilomètres en Aiways U5 me coûtent 2,59 euros », ajoute-t-il.

Aiways U5

Aiways U5 : Recharge France vs Belgique

« Le territoire belge est plus petit que la France. Nous avons moins besoin de recharger en cours de route. La densité du réseau n’a pas besoin d’être aussi importante. Ce que j’ai remarqué, et que je trouve appréciable chez vous, c’est la présence importante de bornes 11 et 22 kW dans les villages », rapproche Gaëtan Montoisis.

« J’ai noté parfois des problèmes de réseau qui rendent inutilisables certains chargeurs. Comme celui de Marmande, 50 kW DC, où je n’ai pas pu m’identifier », conclut-il.

 

Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Gaëtan Montoisis pour son témoignage très intéressant et la rapidité avec laquelle il a répondu à notre sollicitation d’interview.

Avis de l'auteur

L’idée de la présente interview est née après l’ajout d’un commentaire par Gaëtan Montoisis à la suite d’un de mes précédents articles. Je souhaitais savoir en particulier comment les utilisateurs qui apprécient l’Aiways U5 s’accommodent de 2 défauts majeurs que j’avais moi-même relevés après 3 jours d’essais d’un modèle similaire et de même provenance. Il s’agit du problème de fonctionnement de la régénération et du très mauvais comportement des aides à la conduite.

Ces 2 anomalies ne sont quasiment jamais mises au jour dans la presse. Et pourtant, elles existent bien. La preuve avec le présent témoignage.

Comme le souligne notre interviewé, l’Aiways U5 n’est pas parfait. Et pourtant je comprends très bien l’attachement qu’il peut lui porter. Après ma propre expérience, j’aurais moi-même été prêt à adopter ce véhicule, au moins un petit moment. En dépit de ses défauts. En sachant que, comme Gaëtan Montoisis, je pourrais passer au-dessus. Après tout, je garde bien un bon souvenir global de mes Citroën LHM ! Et pourtant, il y aurait à en dire aussi beaucoup sur ces modèles !

Pourquoi le SUV électrique chinois peut-il être perçu comme si attirant ? Le design, intérieur comme extérieur, peut déclencher un véritable coup de foudre. Et quelle sensation d’espace à bord dans ce SUV qui dispose de la même empreinte au sol qu’une Tesla Model 3 ! Asseyez-vous à l’avant, puis à l’arrière, et vous verrez ! Et ce coffre si spacieux !

Personnellement, je souhaite une chose : qu’Aiways corrige les problèmes ici relevés pour ces voitures et me permette de constater les progrès réalisés. Je pourrais alors conclure sereinement : « Voilà une offre très intéressante et convaincante sur le marché des SUV électriques ». En attendant, je ne me risquerais pas à la conseiller à mon entourage. Comme je ne l’aurais pas fait pour une Citroën XM break GPL, un véhicule qui m’a cependant apporté tant de satisfactions.

Nous sommes tous différents. Le charme que peut exercer l’U5 sur notre interviewé et moi-même ne sera pas suffisant pour beaucoup d’électromobilistes, face aux anomalies véritablement présentes sur ce modèle.