Grises, blanches, noires : les voitures que nous croisons, et aussi souvent les nôtres, semblent souvent manquer de gaieté. Hubert Mercier, retraité d’EDF en Avignon (84), milite pour le retour sur les carrosseries de tout le spectre de l’arc-en-ciel. Il y a son blog, mais aussi ce qu’il a osé permettre sur la carrosserie de sa Citroën C-Zero.

Un commentaire…

L’idée du présent article remonte à une interview publiée sur le présent blog fin juillet dernier : « Témoignage : Patrick Augé, de la Peugeot 106 électrique à la BMW i3 ». Hubert Mercier avait déposé en commentaire « Merci pour leur choix des couleurs », suivi du lien http://huber.unblog.fr/ vers un intéressant blog qu’il a créé. Un doute : ce message provenait-il bien d’un électromobilien ou d’un énième petit malin souhaitant racoler nos lecteurs pour sa propre crèmerie ? Petits échanges de messages entre l’auteur du commentaire et moi-même : il s’agit d’un pionnier du VE, ouf !

…en entraîne d’autres

A la suite de l’intervention de Hubert Mercier, Patrick Augé embrayait : « J’ai aussi voulu me démarquer par le choix de couleur, quand l’on constate autour de soi que les voitures noires ou grises sont choisies par plus de 70% des conducteurs, il faut essayer de sortir de la grisaille, et allez vers des couleurs vives, ou sortant de l’ordinaire, surtout en électrique ! ».

JP64 abondait : « Je me disais qu’avec la vogue des LLD (on ne s’engage que sur 3 à 5 ans, jusqu’à la prochaine évolution de VE) le souci de la revente (qui fait privilégier les couleurs politiquement correctes : gris, blanc, noir) disparaît. On peut maintenant faire preuve de personnalité dans le choix de la couleur de son auto ! ». C’était suffisant pour gratter un peu le sujet.

Pourvu qu’elle soit noire

« N’importe quelle couleur, pourvu que ce soit noir ! » : les passionnés de véhicules anciens, dont beaucoup de pionniers de la mobilité électrique sont encore, auront reconnu cette déclaration de Henry Ford pour son modèle T, première voiture au monde à être produite à la chaîne.

Les photos en noir et blanc qui nous sont parvenues de cette époque pourraient nous laisser croire que les véhicules du début du XXe siècle ne connaissaient que le gris, le blanc et le noir. Mauvaise pioche : nombre d’engins exhibés dans les musées, parvenus jusqu’à nous en l’état ou restaurés à l’identique, prouvent le contraire !

Un atout à la revente ?

Pour justifier aujourd’hui le choix du blanc, du gris et du noir à l’achat d’une voiture neuve, beaucoup d’automobilistes reprennent cet argument usé par nombre de conseillers commerciaux en concessions : « Elle se revendra mieux ainsi ! ». On a d’ailleurs un parallèle dans l’immobilier où il serait indiqué, toujours avec l’objectif de trouver plus rapidement un acquéreur, que les murs soient revêtus d’un jeu de peintures entre blanc et gris. Soit ! Mais le gris sur une carrosserie peut aussi se confondre avec l’asphalte et masquer l’arrivée d’une voiture ; le noir est salissant et aspire la chaleur des rayons du Soleil ; le blanc est… quelqu’un pour m’aider !? « La couleur des utilitaires ! », répond aussitôt Hubert Mercier.

Et notre choix personnel ?

C’est qu’il a tourné et retourné la question dans sa tête, notre interlocuteur. « J’entends déjà crier beaucoup d’entre vous qui vont me dérouler la liste des arguments : Le gris est moins salissant, le gris est passe-partout, le gris se revend mieux, le gris est plus classe etc., etc. », indique-t-il en page d’accueil de son blog pour bien montrer qu’il connaît la chanson, – air et paroles. « Les arguments ne manquent pas, mais si l’on achète une auto avec ceux-ci on passe à côté de notre vrai choix personnel pour privilégier une ambiance général », prévient-il.

Halte à la morosité ambiante

« Malheureusement, par nos voitures de plus en plus contaminées par la grisaille du non choix de couleur, nous ternissons notre paysage. En effet, inexorablement, la contagion des autos en tôles grises, absentes de peinture, accentue la morosité omniprésente de notre société », peut-on lire encore sur la page d’accueil du « blog de l’éclat de nos routes ».

Absentes de peinture !? « Oui, gris c’est la couleur de l’acier ! », me répond Hubert Mercier à l’autre bout du téléphone. « On n’achète pas une voiture comme un fromage ! », s’emporterait-il presque. « Vive l’automobile en couleur ! », prend-on dans les yeux à l’arrivée sur son blog créé il y a 6 ans ! « L’ennui de toute peinture est le gris ! », semble confirmer le peintre Eugène Delacroix en déformant sa moue immortalisée au siècle dernier sur les biftons de 100 balles.

Contagion vertueuse…

« Le fait d’avoir les trois quarts de leur catalogue (noir & blanc) de modèles gris permet aux constructeurs de commander la peinture par citernes entières », assure Hubert Mercier. Ce qu’il ne dit pas et que l’on constate pourtant de plus en plus, c’est que désormais il faut souvent payer une option pour avoir une teinte plus joyeuse ! Et il ne s’agit pas forcément d’un rendu métallisé ou nacré ! « A nous de faire notre propre choix en montrant notre couleur de vie », appelle-t-il.

« Nous n’avons plus beaucoup de liberté dans nos sociétés ‘hyper’ structurées où elle est devenu un mot sans application réelle. Imaginons notre environnement visuel avec des voitures dans toutes les teintes de l’arc-en-ciel sur nos parkings, dans les rues, et sur les chemins et routes de France. Notre esprit en serait positivement reconnaissant ! », plaide-t-il.

…à commencer par les VE ?

« Renouer avec la couleur sur les voitures en le faisant sur des électriques permettrait de les différencier », estime le jeune retraité. Et si les constructeurs allaient déjà dans ce sens ? BMW i3, Renault Zoé et la Leaf qui vient d’être présentée au Japon, notamment « habillée en cerise », semblent donner raison à Hubert Mercier.

« Les Français seraient contents de rouler avec des voitures en couleur, ce serait plus gai », est-il persuadé. Pour la Tesla Model S qu’il redoute d’essayer de peur « de pleurer ensuite de ne pouvoir se l’offrir », il se désole de la voir régulièrement dans un noir qui l’assimilerait à un « vulgaire diesel ». Et le bruit du diesel, justement, notre interviewé ne supporte pas !

Et ses propres voitures ?

« J’ai toujours eu des voitures en couleur », révèle-t-il. Ce passionné d’anciennes et de gros moulins, teinté de citroënisme, se rappelle de la Traction familiale de son grand-père. Alors là, forcément, noire ! « Non, elle était d’un vert pastel que je n’ai jamais retrouvé ensuite sur une autre Traction », commente-t-il. DS, CX dont une GTI, Chrysler Voyager, Buick, Jaguar : il s’est fait plaisir.

Il a même envisagé un jour, en se promenant avec sa fille, de convertir à l’électrique l’une de ces anglaises si félines. On est loin des 2 scooters électriques Peugeot Scoot’Elec qu’il possède toujours. « Ils sont increvables », affirme-t-il. Ou encore de sa voiturette Lamborghini flambant jaune utilisée pour visiter son troupeau de chèvres.

Même les électriques ?

Hubert Mercier est électromobilien depuis presque 10 ans. « J’ai acheté et réparé facilement une Citroën Saxo grâce au forum vehiculeselectriques.fr. C’était le circulateur du système de refroidissement qui était en panne », se rappelle-t-il.

Après avoir conservé cette voiture plus de 4 ans, il a acheté une Renault Fluence Z.E. bleue, puis une Citroën C-Zero obtenue au moment du déstockage de 2012. Alors là, forcément, blanche ! L’exception qui confirme la règle ? « Deux fois par an, sur Avignon, rue des Teinturiers, est organisée une ‘journée des peinturiers’, des artistes qui taguent ce qu’on veut bien leur confier. J’ai amené ma C-Zero qui porte depuis des motifs végétalisés des 2 côtés », répond-il avec, je pense, un peu de malice. « Il n’existe pas de fleurs grises dans la nature », complète-t-il. Le moins que l’on puisse dire, c’est que notre interviewé va vraiment au bout de ses idées !

Privée de recharge rapide

Derrière toutes ces belles couleurs, Hubert Mercier est un électromobilien qui, comme beaucoup d’autres, connaît aussi quelques soucis. « Ma C-Zero n’accepte plus la recharge électrique depuis que je l’ai connectée à une borne dont le câble et le connecteur venaient tout juste d’être changés. Il y a eu un grand bruit et une grosse flamme sous la borne. Je pense qu’il y a eu une inversion d’effectuée au remplacement matériel. Citroën n’arrive pas à trouver ce qui ne va pas sur ma voiture et compte me changer le convertisseur. Je ne vois pas en quoi il serait responsable du problème », témoigne-t-il.

Wattmobile

Autres déboires, cette fois avec les Renault Twizy de Wattmobile. « Je pensais que le service avait disparu d’Avignon parce qu’il n’était plus visible à la gare TGV. Il a simplement été déplacé au parking du Palais des Papes, en centre-ville. Sur les 2 Twizy, le lecteur du badge ne s’allumait plus. Les 2 quadricycles n’ont pas servi depuis 3 mois, mais les batteries de traction étaient reconnues comme chargées en branchant le câble de recharge à la borne. En compensation d’avoir dû abandonner ce jour-là l’idée d’utiliser leur service, on m’a promis une utilisation gratuite la prochaine fois », remonte Hubert Mercier, quelque peu déçu du manque de succès de la formule.

EnR

« Depuis 5 ans, j’ai des panneaux solaires sur le toit du garage. Je recharge mes véhicules électriques aux énergies renouvelables. Bien sûr, je revends ma production à EDF, mais l’électricité est une grande fainéante qui va au plus court. Quand je mets en charge mes voitures de jour, l’électricité produite par mes panneaux est bien utilisée principalement », affirme notre interviewé.

Pour parfaire cette démarche vertueuse, il a signé un contrat il y a un an avec Planète Oui pour l’alimentation de son domicile. « Au contraire des carburants fossiles, on peut produire de l’électricité pour la mobilité avec les énergies renouvelables », apprécie-t-il. Et pour le mot de la fin ? « Chacun peut faire quelque chose à son propre niveau », lance-t-il.

Automobile Propre et moi-même remercions Hubert Mercier pour sa grande réactivité, sa patience, et le temps pris pour nous répondre et nous faire parvenir les photos d’illustration du présent article.