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Leur part a beau diminuer au fil des ans, le problème demeure : les vieux véhicules très polluants encore en circulation pèsent pour une part relativement importante de la pollution locale due au trafic automobile.

Parmi les mesures mises en place jusqu’à présent par le gouvernement, la plus efficace manque toujours à l’appel : une prime à la casse valable pour l’achat de véhicules d’occasion faiblement émetteurs.

I. Trop, c’est trop !

Sur la route des vacances, en ville, à la campagne, en bord de mer, à la montagne : les vieux diesel sont partout ! De l’aveu d’un touriste étranger avec qui j’ai eu l’occasion de parler cet été, ces « vieux » diesel qui pourrissent l’air partout où ils circulent font désormais partie de l’image que certains touristes se font de la France. Au delà du symbole, ces vieilles voitures – en grande majorité diesel dans le cas de la France – font beaucoup de tort à l’automobile en accentuant le ressenti perçu par les riverains, les urbains, les cyclistes, les adeptes de la marche, etc… en matière de pollution automobile.

Si leur responsabilité mérite d’être relativisée compte tenu de leur nombre et du nombre de kilomètres parcourus par ces vieilles mamies annuellement, rappelons tout de même qu’un vieux diesel âgé de 12 ans rejette jusqu’à 1000 fois plus de particules qu’un diesel euro 6 ! Quant aux vieilles mécaniques à essence (il n’en reste guère plus que quelques centaines de milliers sur nos routes), le constat n’est guère plus réjouissant, surtout lorsque le manque d’entretien vient s’ajouter à l’âge et au kilométrage…

II. L’urgence sociale

Plutôt que d’offrir de généreux bonus à des acheteurs de voitures électriques ou hybrides qui pourraient s’en passer, pourquoi ne pas faire la chasse à ces vieilles mécaniques en proposant à leurs propriétaires des offres réellement attractives pour les encourager à les remplacer par des véhicules d’occasion plus propres, financés à taux zéro, dans la limite d’un montant de 10 k€ sur 60 mois maxi ? Objectif avoué : encourager l’achat de véhicule d’occasion de moins de 5 ans au détriment de véhicules d’occasion plus anciens, à petits prix qui ne respectent pratiquement plus aucune norme.

La dégradation alarmante de la qualité de l’air à l’intérieur des grandes villes notamment mérite bien un peu d’imagination de la part de ceux qui sont supposés apporter des solutions aux difficultés rencontrées par les populations en situation précaire non ?

Si d’autres alternatives que l’automobile sont évidemment à étudier en priorité, force et d’admettre qu’il reste de nombreux cas de figure où seule l’automobile permet de répondre efficacement aux besoins de mobilité des populations en question. Un constat particulièrement vrai en milieu rural où les distances à parcourir et les offres de transport alternatives à l’automobile restent très limitées.

Quant à l’amélioration des usages – éco-conduite en tête – il faut malheureusement reconnaitre que c’est une pratique difficile à faire entrer dans les moeurs malgré les économies réalisables dans la durée.

III. Mais au fait, c’est quoi un vieux diesel ?

Bien que beaucoup s’en tiennent à la date de 1ère mise en circulation ou à la classe Euro, dans les faits, la classification entre vieux diesel très polluant et diesel correctement dépollué est beaucoup complexe qu’il n’y parait !

Pour s’en convaincre, il suffit d’interroger les centres de contrôle technique automobile. Chaque année, ces centres voient passer des milliers de véhicules dont l’âge moyen est supérieur à 10 ans. Bien qu’elles soient relativement limitées, les mesures effectuées en matière de pollution montrent qu’au-delà de 8 ans d’âge, les résultats varient en fonction de nombreux paramètres : entretien, kilométrage, type de motorisation, usage, marque, etc…

Cependant, ce qui ressort de façon assez nette, c’est la prédominance des véhicules âgés de plus de 10 ans et équipés de motorisation turbo diesel non équipée de FAP. Des véhicules qui gagneraient bien souvent à être remplacés par de petites motorisations essence, hybride voire électrique compte-tenu du kilométrage annuel moyen effectué par leur propriétaire et du type de parcours correspondants.

IV. Changer d’époque

Pour que ce type de proposition puisse voir le jour, il faudrait que les décideurs commencent par changer d’époque en arrêtant d’obéir aux lobbys automobiles. Car contrairement à ce que l’industrie auto affirme, ça n’est pas seulement le fait de vendre plus de voitures neuves qui crée de l’emploi en France. Surtout lorsque les voitures en question sont produites dans des pays où la main d’oeuvre est bien meilleure marché qu’en France…

En imaginant un dispositif de primes à la casse valable pour l’achat de véhicules d’occasion garantis, l’Etat pourrait encourager l’achat de véhicules d’occasion sélectionnés par des professionnels. Vu de sa fenêtre, c’est toujours mieux que lorsque la transaction s’opère directement de particulier à particulier…

V. Et l’innovation dans tout ça ?

A l’heure où il n’a jamais été aussi simple de trouver son bonheur sur le marché de l’occasion, que les véhicules les plus populaires auprès des automobilistes s’y trouvent en très grand nombre, on pourrait facilement imaginer un dispositif de prime à l’achat variable en fonction de la faiblesse des rejets et/ou de l’efficacité énergétique du véhicule acheté. Une sorte de bonus de l’occasion qui viendrait majorer les primes ou autre dispositif d’aide à l’achat

Exemple 1 : remplacement d’une Renault Laguna 1.9 dTi de 2000 (diesel Euro 3) par une Renault Mégane III authentique 1.5 dCi de janvier 2010 (diesel euro 5)
prime à la casse : 700 €
bonus éco : –
reste à financer : 7900 € à 0 % sur 48 mois => 165 € TTC /mois

Exemple 2 : remplacement d’une Peugeot 206 1.9 diesel de 1999 (diesel Euro 3) par une Peugeot 107 1.0i de septembre 2010 (essence Euro 5)
prime à la casse : 700 €
bonus éco : 100 €
reste à financer : 5000 € à 0 % sur 36 mois => 139 € TTC/mois

Exemple 3 : remplacement d’un monospace diesel de 1996 (diesel Euro 2) par un Citroën C4 Picasso 1.6 HDi de novembre 2009 (diesel euro 5)
prime à la casse : 700 €
bonus éco : –
reste à financer : 8900 € à 0 % sur 60 mois => 148 € TTC / mois

À l’heure où des millions de ménages se plaignent de la baisse de leur pouvoir d’achat, voilà une mesure pleine de bon sens que beaucoup attendent de la part d’un gouvernement soit disant socialiste…