Google Car

Comme beaucoup d’autres secteurs d’activités, l’industrie automobile doit faire face aux mutations nombreuses d’un monde en pleine évolution. Un changement d’échelle sans précédent auquel participe pleinement la révolution numérique en cours. Une révolution silencieuse qui pourrait bien redessiner en profondeur notre façon de consommer l’automobile dans les toutes prochaines années. Explications…

I. Google et la Californie, précurseurs

La « Google Car », beaucoup en ont entendu parler, rares sont ceux à avoir eu l’occasion d’en croiser une. Et pour cause : sa circulation n’est à ce jour autorisée qu’à titre expérimental dans quelques rares Etats d’Amérique du Nord. La Californie en fait évidemment partie.

Depuis 2010, les prototypes qui y circulent ont parcouru des centaines de milliers de kilomètres sans causer le moindre accident. Un point central pour un système qui vise à réduire encore le nombre d’accidents et de tués sur les routes.

À ce sujet, précisons que les freins ne sont plus techniques mais essentiellement de nature juridique et/ou réglementaire. Les cabinets américains experts du sujet en sont convaincus : la loi va très vite devoir évoluer pour répondre à la pression croissante des lobbys… mais aussi des attentes citoyennes !

II. Une vraie question de génération

Mais au fait, pourquoi investir des sommes conséquentes en capteurs et autres équipements numériques indispensables au bon fonctionnement des véhicules auto-conduits pour reproduire ce que l’espèce humaine effectue jusqu’à présent par elle-même, parfois avec un certain plaisir?

C’est sur ce point que les divergences inter-générationnelles apparaissent. Pour une part croissante d’automobilistes, notamment les plus jeunes, la voiture est de moins en moins synonyme de plaisir. De plus en plus souvent, elle est même perçue comme une contrainte : répression, congestion routière, coût (entretien, carburant, assurance…). Surtout, pour celui qui conduit, impossible de faire autre chose que de conduire pour garder tous ses sens en éveil et pouvoir réagir instantanément aux dangers et aux différents aléas de la route.

Or, beaucoup l’ont déjà constaté, chez les plus jeunes notamment (mais pas uniquement…), le degré de dépendance aux smartphones et autres tablettes numériques est tel qu’il est devenu de plus en plus difficile de convaincre les plus addicts de consacrer une partie de leur temps à conduire une voiture lorsqu’ils ont besoin de se rendre d’un point A à un point B. Beaucoup préfèrent mettre à profit ce temps de déplacement pour travailler, naviguer sur Internet, les réseaux sociaux, etc…

Ce n’est pas juste une (r)évolution culturelle. C’est une évolution d’ensemble, une évolution des modes de vie. Il y a 30 ans, l’Internet mobile n’existait pas. Les voitures étaient beaucoup moins aseptisées que que la majorité des voitures actuelles, les infrastructures routières moins encombrées, les contrôles de vitesses bien moins répandus, etc… La voiture était alors souvent associée au plaisir de conduire. Certains constructeurs ayant même décidé d’en faire leur principal argument de vente…

Mais les temps changent. Comme beaucoup de pays développés, la France est un pays qui vieillit, qui concentre à l’intérieur de ses grandes villes et de ses agglomérations, une population de plus en plus urbaine, laquelle n’a évidemment plus les mêmes besoins en mobilité que ceux qui ont permis le développement de l’automobile à pétrole au siècle dernier.

III. Un potentiel considérable à l’intérieur des grandes agglomérations

C’est notamment pour répondre aux besoins en mobilité à l’intérieur de ces zones urbanisées plus ou moins denses et plus ou moins vastes que les véhicules auto-conduits pourraient apporter de nouveaux services très attendus par les futurs habitants de ces nouveaux quartiers.

En complément, voire en substitution partielle, des lignes régulières de transports collectifs par exemple. Surtout celles où le taux de remplissage annuel moyen dépasse rarement 30 % de la capacité nominale des véhicules utilisés. D’autant que l’on peut imaginer des gabarits de véhicule allant de la voiture particulière « 4 portes, 4 places » à des véhicules de capacité supérieure type monospace ou minibus 9/12 places. De nouveaux services capables de répondre à un vrai besoin (exemple : liaisons commune à commune sans passer par la ville centre), le tout à un coût potentiellement très compétitif. Car comme souvent, c’est sur la question du coût que le véhicule auto-conduit pourrait finir par s’imposer. En s’affranchissant du premier poste de dépense des services de transport de personnes aujourd’hui disponibles (= le chauffeur du bus dans une majorité de cas), les véhicules auto-conduits seront potentiellement à même de pouvoir proposer des trajets à des prix très compétitifs dès lors que le taux de remplissage du véhicule sera également optimisé grâce aux technologies numériques.

Cerise sur le gâteau : ces véhicules étant amenés à beaucoup rouler, leur taux de renouvellement sera sensiblement plus élevé que celui des voitures particulières qui encombrent aujourd’hui l’espace public. De fait, ils bénéficieront en permanence des dernières évolutions technologiques disponibles en matière de propulsion hybride ou électrique…

IV. Quelle perspective en France et en Europe à l’horizon 2025 ?

À quoi ressemblera la France en 2025 ? C’était le thème choisi par le gouvernement pour annoncer de façon originale et visionnaire (?) sa rentrée politique. Parmi les nombreuses mutations auxquelles la France doit dès-à-présent se préparer, la révolution annoncée par les véhicules auto-conduits fait indiscutablement partie des sujets qui méritent d’être traité à part entière. Dans un pays où l’essentiel du parc roulant est constitué de véhicules « diesel boite manuelle », l’inertie des mentalités constituera de toute évidence un important frein culturel avant de dire oui aux véhicules auto-conduits !

Une chose est sûre : qu’on soit pour ou qu’on soit contre, les véhicules auto-conduits ouvrent la voie à de nouveaux services potentiels en mobilité, tout en étant à même de répondre très efficacement aux besoins existants couverts jusqu’ici par des voitures individuelles à pétrole ayant souvent comme seul et unique passager à bord, le conducteur. Autant dire que le potentiel d’optimisation est considérable. D’ailleurs, ces dernières années le numérique a déjà commencé à s’y attaquer : covoiturage, covoiturage dynamique, auto-partage P2P, etc…