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Interrogée dans le cadre du Grand Jury RTL – Le Figaro – LCI, la Ministre de l’environnement Ségolène Royal est revenue sur son projet d’implantation d’une usine Tesla à Fessenheim en Alsace.

La semaine dernière, Ségolène Royal avait déclaré qu’elle souhaitait proposer à Tesla d’implanter son usine Européenne à la place de la centrale de Fessenheim. Des déclarations qui ont pris de court les acteurs économiques Alsaciens engagés dans les discussions avec Tesla depuis de longs mois déjà.

J’avais réagi sur Automobile Propre en expliquant que ces propos me semblaient un plutôt légers, notamment parce que le démantèlement d’une centrale nucléaire demande forcément du temps et que le calendrier de Tesla est contraint.

J’indiquais dans mon article qu’il fallait que « madame Royal explique clairement la façon dont elle voit un tel projet ».

J’ai donc été positivement surpris que la Ministre se soit exprimée sur ce sujet aujourd’hui lors d’une interview du Grand Jury RTL – Le Figaro – LCI dans laquelle mon article est cité. Elle a donné quelques précisions sur ce projet d’implantation d’usine.

Voici une vidéo réalisée à partir du fichier audio en téléchargement sur le site de RTL :

En voici la retranscription littérale :

Ségolène ROYAL : « Sur Fessenheim, j’ai rencontré il y a deux jours le Ministre de l’industrie allemand et la Ministre de l’environnement, en présence d’ailleurs d’Emmanuel Macron qui est Ministre de l’Economie, et ce que je leur ai demandé, c’est la chose suivante : je suis prête à accélérer la fermeture de Fessenheim mais dans une centrale… »

Elizabeth MARTICHOUX : C’est à dire ? Ça veut dire quoi « prête à accélérer la fermeture de la centrale » ?

Ségolène ROYAL : Eh bien je mets pression sur EDF pour que les études complémentaires soient mises sur la table et pour que je puisse avant l’été, que le gouvernement puisse avant l’été, prendre le décret d’arrêt de l’autorisation d’exploitation de Fessenheim. Nous accélérons les choses, il y a un chargé de mission qui a été nommé pour la mutation industrielle du site.

Ludovic GALTIER : Donc, sous la pression des Allemands, vous accélérez les choses ?

Ségolène ROYAL : Non, parce que c’est ma conviction, parce que c’est aussi un engagement du président de la république, et parce que je pense qu’à partir du moment où nous accélérons aussi la prise en compte des salariés et la mutation industrielle du site… Je le dis souvent aux écologiste, fermer une centrale nucléaire c’est pas tourner un bouton, derrière il y a quand même des centaines d’emplois.

Ensuite la fermeture elle est décidée par l’autorisé de sûreté nucléaire. C’est à dire que c’est l’autorité de sûreté qui va dire comment est-ce qu’on procède au démantèlement, au retrait des matières radioactives, etc. Il y a tout un processus mais ce qui est important, c’est que parallèlement on redonne un espoir aux salariés de ce site et j’ai demandé aux Allemands, qui l’ont accepté je vous l’annonce, que nous puissions travailler ensemble à la mutation du site…

Elizabeth MARTICHOUX : Un site franco-allemand ?

Ségolène ROYAL : …il y a donc la mise en place d’un groupe de travail commun entre les allemands et nous pour qu’on puisse installer, sur ce site de Fessenheim, de nouveaux emplois liés à deux nouvelles filières industrielles. Celle de la voiture électrique, donc je rencontre à nouveau dans une dizaine de jours les équipes Tesla… parce que directement Elon Tusk (Musk), le patron de Tesla lorsqu’il est venu en France, je lui ai demandé, je lui ai écris pour lui montrer le potentiel de développement sur ce territoire…

Ludovic GALTIER : Et il vous a dit quoi ?

Ségolène ROYAL : Il n’a pas dit non.

Ludovic GALTIER : Il n’a pas dit oui…

Elizabeth MARTICHOUX : Mais attendez, Séglène Royal, [ce site] il faut le démanteler, il faut le dépolluer, comment on fait ?

Ségolène ROYAL : C’est pas forcément sur le site de la centrale… c’est sur le bassin d’emploi…

Ludovic GALTIER : Parce que la proposition avait surpris, c’est le fondateur d’Automobile-Propre.com qui vous dit, alors le titre est un peu violent, mais « s’il vous plaît madame Royal, ne dites rien, si on veut avoir une chance d’avoir cette usine en France il faudra faire preuve de sérieux sur ces déclarations : comment installer une usine Tesla sur le site de Fessenheim ? ». Il avait l’air un peu surpris…

Ségolène ROYAL : Ecoutez tant mieux si ça fait de la surprise, ça fait de la reprise, et si tout le monde se met au travail, tant mieux ! *rires* Et pour ma compétence, c’est bon, j’ai donné, donc je vous dit très clairement les choses : j’en ai parlé au patron de Tesla qui lui-même me disait « je vais installer une usine en Europe, soit en Allemagne, soit en France ». J’ai sauté sur l’occasion, j’ai dit « mais justement, à la frontière franco-allemande il y a un bassin d’emploi avec des salariés qualifiés dans des filières industrielles lourdes »…

Ludovic GALTIER : Et on peut les utiliser sur Fessenheim pour des voitures électriques ?

Ségolène ROYAL : Mais bien sûr ! On donne… de la formation professionnelle pendant un an, deux ans, le temps de construire l’usine et du coup on a vraiment la réalisation d’une mutation industrielle. Moi-même dans la région Poitou-Charente j’ai transformé un site, vous voyez, parce que ce sont des choses qui ont formidablement bien réussi, un site d’une ancienne usine automobile en site de construction de panneaux photovoltaïques et d’énergie renouvelable…

Ludovic GALTIER : Et le deuxième secteur, vous disiez « deux secteurs » ? Voiture électrique et ?

Ségolène ROYAL : Et donc ce que les Allemands ont proposé, et donc ce groupe de travail va travailler sur ça, sur la mise en place, donc la valorisation d’un territoire pour installer une usine Tesla ou pour installer une usine de construction de la 3ème génération de batteries, parce que nous en sommes à la 3ème génération des batteries notamment les batteries des voitures automobiles…

Elizabeth MARTICHOUX : Il reste très peu de temps madame Royal…

Ségolène ROYAL : …comment dirais-je, rechargées avec de l’énergie solaire par exemple… ça y est, ça c’est quelque chose de très opérationnel que nous sommes en train d’étudier et enfin, je vais très vite, en faire un site pilote, justement, de démantèlement de centrale pour que la France et l’Allemagne, en partenariat, puissent maitriser le marché mondial du démantèlement des centrales. Il y a 400 centrales à l’échelle mondiale donc il y a un marché économique et créateur d’activité et d’emplois !

Que retenir concrètement ?

Suite à cette interview de Ségolène Royal, on retiendra donc :
– qu’il y a un chargé de mission qui a été nommé pour la mutation industrielle de Fessenheim ;
– que le gouvernement français travaille avec les autorités allemandes sur ce projet ;
– que l’usine Tesla pourrait se situer non pas sur l’usine de Fessenheim mais « sur le bassin d’emploi » ;
– que le site a été proposé par écrit à Elon Musk ;
– et que Ségolène Royal rencontre les dirigeants de Tesla dans 10 jours.

Ces précisions rendent le projet un peu plus concret et plausible. Il reste désormais à savoir si les responsables de Tesla seront sensibles aux avances de madame Royal et du gouvernement français…

Source, crédit photos et audio : RTL