Avant un nouveau périple prévu cet été, Nathan nous raconte son premier road-trip au volant de la Renault Twizy.

Twizy est rentrée dans ma vie le 1er juillet 2016. Enfin ! Je l’espérais depuis si longtemps. Elle s’apprêtait en Espagne, je l’attendais à Paris. Au jour dit, je suis allé la chercher. Coup de foudre ! Elle est si belle dans sa cuirasse noire et en même temps, d’une silhouette si fragile. Et vaillante avec ça !

La circulation parisienne ne l’a émue en rien, son p’tit coeur électrique la propulse souplement. Son entrainement fait, elle était mûre cet été  pour m’accompagner au festival d’Avignon 2017. Bon, Paris -> Avignon c’est un peu impossible : trop long en si peu de temps ! Du coup, plan B : essayer de la charger dans le 12m3 censé contenir les décors de deux pièces de théâtre se jouant à Avignon, et dont j’étais le régisseur.

Je parviens avec difficulté à faire rentrer Twizy dans l’utilitaire Renault qui l’a aussitôt reconnue (losange de fratrie). Ensuite, décors et projecteurs l’ensevelissent après une longue partie de Tetris… camion complètement surchargé ! C’est parti pour Avignon !! Trajet sans encombre. Arrivée à Avignon, déchargement des décors et reste la belle à faire descendre… Heureusement la chance m’a souri : deux poutrelles empruntées à un échafaudage voisin me permettront de faire apparaître ma compagne : surprise, un peu amochée, une oreille en moins. Je n’ai pu greffer un rétroviseur que plus tard !

C’est parti pour un mois en Avignon avec Twizy pendant lequel elle a joué la star à la sortie des théâtres, les paparazzis l’ont mitraillée. Elle a un défaut que je suis seul à connaître : elle est très gourmande. Un commerçant complaisant de la superette « Huit à Huit » dans la rue des Lices, a accepté de la restaurer régulièrement.

Top départ

Le festival passe, puis l’heure des démontages arrive. et maintenant, c’est le temps des vacances et de l’aventure ! Je charge mes bagages et départ à 15h direction la mer.

Vers 17h, aux alentours d’Aix-en-Provence, plus de batterie. Je cherche une prise chez des résidents, je roule à bout de souffle dans de petites allées à la recherche d’un portail accueillant, et Twizy tombe littéralement à sec. Un portail est ouvert, je la pousse, je m’approche timidement d’un homme qui travaille. Il vient vers moi, je lui explique que je viens de Paris et que Twizy est à l’agonie. Il n’est guère compatissant et finit par accepter de la recharger uniquement 15 minutes, c’était juste assez pour arriver à Aix.

Le problème reste entier puisqu’une recharge complète dure 3h30. Plusieurs commerces refusent, et je finis par trouver un hôtel qui accepte de mettre gratuitement à ma disposition une prise domestique. Je branche Twizy et me détends le temps d’un biberon électrique entier.

22h environ, c’est reparti. Je choisis de passer par les montagnes de la côte d’azur direction Hyères. Vers 23h, plus de batterie ! Pas beaucoup de monde sur les routes étroites, pas beaucoup de lumière non plus … Je commence à stresser mais je veux gagner du terrain en laissant peut-être imprudemment passer des endroits éclairés. Vais-je finir à sec en plein milieu de nulle part ? Finalement, un portail, une lumière, je m’arrête. Étrange spectacle : de l’autre côté d’un grillage, des hommes, manifestement étrangers s’approchent, tenant tous dans leur main un smartphone allumé avec lequel ils me filment. Je leur demande s’ils peuvent me dépanner : pas de réponses, ils ne font que rire. Enfin arrive un homme parlant français qui m’explique que « la ferme de Beaugensiers » héberge des afghans. Ils ont l’air très impressionnés par la Twizy, ils veulent y monter, la prendre en photo. Pendant ce temps, Twizy se régale d’un biberon 100 % écolo, l’électricité provenant des panneaux photovoltaïques du lieu.

00h30, plus que 30km pour atteindre la mer. Je finis par arriver à la presqu’île de Giens. J’avance sur la longue route droite et voilà un camping, entrons. Les veilleurs de nuit me demandent le numéro de mon bungalow, j’évite le sujet en mentant, je prétexte une recharge. Ils m’indiquent une prise et se détournent de moi. Subrepticement je traverse le camping et arrive sur une plage. Enfin ! Bain de minuit oblige. Je reviens discrètement à Twizy et dors à l’intérieur. Bon, j’avoue que dormir dans une Twizy est limite impossible, je me suis juste reposé.

Le lendemain j’ai conduit Twizy sur la plage, je l’ai nichée dans le sable, autour d’elle les vacanciers tournaient, ce qui m’a permis de faire quelques rencontres. Je passe une seconde nuit inconfortable au sein de Twizy.

Le jour suivant, je repars d’une traite jusqu’à Saint-Raphaël (dans le Var). Le temps de faire la bise à mes grands-parents, et je repars en passant par Ramatuelle pour son festival. Nuit blanche avec festivaliers, comédiens, … et retour à Saint-Raphaël pour une 2e bise (je suis très affectueux). C’est là que l’idée de gravir les Alpes avec Twizy me vient à l’esprit, allez hop direction Serre-Chevalier !

12 août

A 17h00, départ de Saint-Raphaël. A l’aide de Waze, j’établis un itinéraire par la montagne. Sur la route en lacets, je fais une pause devant un énorme camp militaire, celui de Canjuers.

19h, au bout de 70km… plus de batterie. Dans un relais-restaurant, près des gorges du Verdon, à Trigance, un propriétaire sympathique accepte la recharge sur une de ses prises domestiques.

23h, la petite est repue, je repars par la route Napoléon, non éclairée… je traverse plusieurs villages endormis dont Castellane. Je suis impressionné par « Le Roc » qui domine la vallée du Verdon.

Vers 00h30, 78km passés, plus de batterie. Je suis à Digne-les-Bains. Encore un camping, aucun humain en vue, même pas un veilleur de nuit. Je trouve une prise, je m’y branche.

4h30 du matin, c’est reparti. Sur la route je croise toutes sortes d’animaux dont un lièvre qui fait la course avec nous, il court à 30km/h dans le faisceau des phares.

6h30, arrivée au bord du lac de Serre-Ponçon, magnifique au lever du soleil ! Forcément…plus de batterie. Je rentre dans un village-vacances, dans les bungalows tout le monde dort. Je tourne, je vire, je cherche, je trouve. Une prise dans le mini-club du village, une fois de plus, je me branche à la sauvette. J’en profite pour piquer une couette et me reposer dans la Twizy.

10h30, let’s go pour la dernière ascension. Un peu de Jean Ferrat sur la route… que la montagne est belle !

12h30, plus que 8 kilomètres à parcourir. Mais Twizy, exténuée n’a plus de batterie. A la station-service, j’essuie un refus. A l’hôpital du village par contre, la secrétaire très compréhensive, m’offre le branchement.

13h, là c’est la der’ des der’, un petit biberon de 30 minutes suffira pour atteindre les 1 400m.

Grand soulagement, à 13h30, j’y suis. Et là, je nous octroie 3 jours de repos en altitude. Coût du trajet : 0 euros – Distance parcourue : 300km – Temps de trajet : 20h30 (en comptant les recharges)

Après 3 jours d’oxygénation, de sommeil et de fête, il faut envisager le retour : Saint-Raphaël.

16 août

15h, départ de Serre-Chevalier. Déluge à noyer le monde.

18h, après avoir passé le lac de Serre-Ponçon, je fais halte dans un petit bistrot au village du Lauzet-Ubaye.

Je dîne, et vers 22h j’attaque les routes noires de la montagne. 22h30, la batterie fatigue, essoufflée par l’altitude. Par une route longue et plate, nous arrivons à Chabrières. C’est un village-fantôme, une ancienne gare désaffectée campe le décor, une dizaine de maisons obscurs, et surtout un hôtel-relais complétement éteint et visiblement fermé sans client plombent l’ambiance. J’ouvre à deux battants la grille de l’hôtel, et je pars à la recherche d’une prise. Miracle, j’en trouve une et elle fonctionne, j’en profite.

3h30, on décolle.

5h du mat’, je traverse le village de Comps-sur-Artuby et à la sortie, un grand fournil « Chez Michel » fonctionne. 2 employés sont en train de confectionner des centaines de baguettes. J’en ai les larmes aux yeux. Ils me proposent le café pour moi et Twizy qu’ils branchent bien volontiers ! Au milieu du ballet incessant des camions venant chercher le pain pour les boulangeries avoisinantes, je trouve le moyen de faire quelques petits sommes, tassé sur mon volant.

8h30, plus que quelques kilomètres à tenter sans recharge. Afin de garder le plus d’autonomie, je confie une petite infraction au code de la route, puisque j’emprunte une portion d’autoroute interdite à la Twizy (trop jeune pour ça). Au péage automatique, je paye 90 centimes tout de même !

10h30, nous sommes à Saint-Raphaël d’une traite.

Coût du trajet : 0 euros – Distance parcourue : 330km – Temps de trajet : 19h30 (avec les recharges)

Après quelques virées sur la côte, un dernier retour à Saint-Raphaël en passant par Marseille et Hyères, je dépose dans l’auto-train SNCF ma complice épuisée direction Paris où elle va retrouver son quartier de résidence à Montmartre.

Elle peut finalement m’être reconnaissante de lui avoir épargné pendant 2 mois complets la pollution de Paris en été. En échange, elle m’aura permis plusieurs rencontres inattendues dans des paysages variés et magnifiques. Grace à elle, j’ai aussi évité la canicule et la pollution. Alors, merci ma belle, on s’embrasse et … A refaire ? Oui puisqu’un nouveau départ est prévu le 26 juin prochain avec un Paris-Avignon réalisé cette fois exclusivement en Twizy. Les grandes lignes du programme :

  • 26 juin : Paris -> Bourgogne (environ 20h de trajet en comptant les charges)
  • 30 juin : Bourgogne -> Saint-Etienne (environ 10h de trajet en comptant les charges)
  • 1/2 juillet : Saint-Etienne -> Avignon (environ 20h de trajet en comptant les charges)

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Auteur et Twizyste : Nathan SEBBAGH

Adaptation littéraire : Colette BENOLIEL