Qu’on ne se méprenne pas sur le sens du titre : le mot « envahir » ne doit pas être considéré ici comme un terme péjoratif ! Tant attendue pendant des années, la location libre-service de scooters électriques progresse désormais rapidement à Paris sous l’impulsion de Cityscoot, mais aussi de Mober, plus discret, qui s’apprête cependant à passer la seconde vitesse, courant du mois de mai prochain.

Scootlib’…

Cityscoot et Mober surfent sur les offres de location libre-service de véhicules plus vertueux pour l’environnement qui se développent à Paris depuis 2007, occupant le créneau vacant entre Vélib’ et Autolib’ que devait occuper Scootlib’. Espéré par Anne Hidalgo, maire de Paris, dans ses promesses de campagne, ce projet avait été approuvé en octobre 2013 par le Conseil de Paris, le poussant dans une phase d’étude de faisabilité. Objectif de Scootlib’ : accompagner l’évolution des modes de déplacements des Franciliens en leur proposant une solution économique et écologique supplémentaire pour laisser au repos voitures et deux-roues thermiques individuels, ces derniers se retrouvant régulièrement mal stationnés sur les trottoirs.

…existe

Le projet Scootlib’ a fait long feu, laissant à Motit, avec une ouverture à Barcelone, en Espagne, la nouveauté pour un tel système de location libre-service de scooters. Scootlib, sans l’apostrophe, existe cependant bien, avec son site Web dédié. Il s’agit d’une société privée dont la finalité est quelque peu différente. Elle se pose en leader sur le marché de la location, assurance comprise, de scooters thermiques et électriques à destination des professionnels de la livraison, tels les coursiers et enseignes de restauration livrée.

De 1.000 Cityscoot…

Si l’on excepte le partenariat conclu au début de l’année 2015 avec Vinci Park, devenu Indigo, le service de scooters électriques partagés et connectés Cityscoot a été officiellement ouvert à Paris le 21 juin 2016, après une phase d’expérimentation menée sur une durée de 7 mois. Le programme, soutenu par la mairie de Paris, prévoyait un parc de 1.000 engins branchés au premier trimestre 2017. Le glissement sur le planning n’est, à la louche, que d’une vingtaine de jours, puisque Cityscoot a exploité la mise en service de son millième scooter pour inaugurer mercredi 19 avril 2017 une toute nouvelle desserte : Levallois-Perret (92). Jusqu’en mars dernier, le terrain de jeu des engins bleus et blancs été circonscrit à Paris intramuros.

…à 2.500 pour 2018

Le 28 mars 2017, le service Cityscoot a commencé à s’étendre au-delà de cette frontière arbitraire parisienne, en permettant de prendre et déposer les scooters électriques à Neuilly-sur-Seine (92). Un premier pas vers une expansion à la petite couronne ! Les objectifs pour un développement rapide sont désormais de 1.600 et 2.500 deux-roues branchés, respectivement pour la fin de la présente année 2017 et courant 2018.

A propos de chiffres, Cityscoot revendique déjà plus de 23.000 utilisateurs, pour environ 3.000 trajets enregistrés par jour, d’une distance moyenne de 4,5 kilomètres. L’autonomie de ce modèle équivalent 50 cm3 fabriqué en Europe est de 60-100 km selon usage.

Mober passe la seconde…

Autant Cityscoot brille par une communication que l’on pourrait qualifier d’impeccable, avec un site Web efficace et de nombreux documents accessibles, autant, pour Mober, il faut aller à la pêche et dépasser le silence opposé à notre proposition d’interview adressée par messagerie électronique. A tel point que s’est posée à nous la question de l’avenir de ce deuxième opérateur parisien de mobilité à scooters électriques partagés.

En phase de test ? Non, Mober a été officiellement lancé en mars 2016, soit 3 mois plus tôt que Cityscoot qui a dû contrarier son développement par le volume de ses engins branchés mis subitement en service. Si l’on en croit l’application dédiée, une douzaine de scooters seraient actifs chez Mober au 21 avril 2017 à 12 heures. Sauf que ceux dont la capacité des batteries passe en dessous des 20% ne sont plus visibles jusqu’à retrouver un niveau satisfaisant.

…en mai ?

Depuis Twitter, l’entreprise communique sur 20 scooters électriques, loin des objectifs des 150 annoncés pour fin 2016, mais laisse entendre l’arrivée prochaine de nouveaux modèles avec plus d’autonomie, toujours concentrés sur Paris.

Il se murmure qu’une cinquantaine d’exemplaires seraient livrés en mai, fournis par un nouvel acteur français du scooter électrique : Pink Mobility. Son offre Pink Style est proche des engins que Mober propose déjà, avec le look rétro Vespa. Le nouvel engin, toujours en équivalent 50 cm3, disposerait d’une autonomie de 50-60 kilomètres, obtenue d’un pack Panasonic Li-NMC 50 V 40 Ah en alimentation d’un moteur 3.000 W. Ce scooter est équipé de freins à disques ventilés, à l’avant comme à l’arrière.

Un déploiement plus lent

Faut-il privilégier Cityscoot à Mober en raison du déploiement plus lent de ce dernier ? La question ne devrait pas se poser en ces termes, finalement ! Il est clair qu’avec 1.000 engins en circulation, il est plus facile de dégoter un scooter blanc et bleu qu’un modèle branché au look Vespa original et d’une couleur vive (jaune, rouge, vert, bleu).

Pour autant, Mober à su séduire ses inconditionnels qui plaident en faveur des modèles plus funs à leurs yeux. Ceux qui auront besoin d’utiliser régulièrement un scooter électrique en location libre-service devront se faire leur propre idée en essayant les offres des 2 opérateurs.

Smartphone

Globalement, Cityscoot et Mober fonctionnent sur le même principe. Un smartphone est le sésame incontournable pour partir avec un scooter électrique. Une inscription préalable, Web ou appli Android et iPhone, est impérative, avec pièces d’identité exigées. Ensuite, l’application permet de repérer les exemplaires disponibles et leur autonomie restante estimée, puis de réserver celui qui convient le mieux.

Sur place, le rituel pour libérer l’engin choisi diffère, même s’il reste un point commun : ni clé, ni carte pour effectuer l’opération. Chez Cityscoot, un code à 4 chiffres reçu sur le portable et à reproduire sur sur le clavier accessible depuis le guidon déverrouille le deux-roues. Trois clicks suffisent chez Mober pour démarrer le scooter. Casques et charlottes hygiéniques de protection sont fournis, mais pas les gants qui sont cependant recommandés.

Solo ou duo ?

Un point qui peut être décisif pour sélectionner son opérateur préféré : Avec Mober il est possible d’embarquer un passager. Et l’entreprise assume : « Vous pouvez parfaitement monter à deux. Et on vous y encourage : prenez un selfie avec le hashtag #moberparis sur Facebook, Twitter ou Instagram et nous vous offrons 30 minutes ! ».

Chez Cityscoot, la balade duo est interdite : « A noter que pour une question de sécurité liée à la puissance de nos scooters, vous n’êtes pas autorisé(e) à embarquer un passager, même s’il dispose de son propre casque ! ».

Tarifs

Aucun abonnement demandé par les 2 opérateurs. Chez Mober, la facturation est très simple : 19 centimes d’euro la minute en mode roulage, et 9 centimes au repos. Les 15 premières minutes d’utilisation qui suivent l’inscription sont gratuites. Un même bonus est attribué pour chaque parrainage. Cityscoot pratique un tarif à priori plus élevé : 28 centimes par minute en roulant. Mais il est possible d’acheter des packs (CityRider100 et CityRider500) qui gomment la différence.

Il faut alors débourser tout de suite 25 ou 100 euros TTC pour respectivement 100 et 500 minutes d’utilisation, soit 25 ou 20 centimes la minute de roulage. Sous la pluie et en hiver, il peut être préférable de payer ce minime surcoût à partir d’un centime pour bénéficier d’une jupe de protection à ce jour absente chez Mober. Par ailleurs, contrairement à ce qui est pratiqué par son concurrent, effectuer une pause en cours de location, par exemple pour déjeuner ou vous rendre à un rendez-vous, n’est pas facturé. Chacun des opérateurs peut donc apparaître comme le plus abordable financièrement, selon l’usage et les options de règlement !

Horaires, dépôts et recharges

Habituelle simplicité des grilles Mober, le service est ouvert 24/7. Cityscoot est exploitable tous les jours, mais de 7 à 23 heures seulement. A partir du 1er mai, l’amplitude s’élargit jusqu’à minuit. Les 2 opérateurs demandent à ce que les scooters électriques soient déposés après usage sur une place publique autorisée aux deux-roues motorisés au sein de leurs zones actives. Celles-ci sont encore très proches de l’espace délimité par le périphérique parisien. Pas de station ni de borne à trouver : ce sont les 2 entreprises qui s’occupent de la recharge des packs de batteries. A ce sujet, la plus influente indique : « L’équipe de maintenance Cityscoot se déplace jour et nuit en fourgonnette électrique afin de remplacer les batteries vides par des pleines ».

Comment effectuer son choix si à la fin de la lecture de cet article il n’apparaît pas évident ? Peut-être se reposer sur sa propre sensibilité aux vidéos respectives de présentation…

https://youtube.com/watch?v=Vjliara05Fk