Renault R-Link

Renault vient de présenter sa tablette embarquée R-Link, à base d’Android, et pourvue d’un app store. Pour les constructeurs automobiles, c’est une technologie qui tombe à point pour essayer de redonner un cachet « cool » à la voiture, qui en a bien besoin.

L’automobile va mal. Un peu caché par l’essor des ventes dans les pays émergeant, l’automobile traverse une crise très grave dans les pays industrialisés. Aux USA, les ventes 2011 vont tourner autour de 13 millions d’unités, un peu mieux que les 11,7 millions de 2010, mais loin des plus de 17,4 millions vendus en 2005.

Au Japon, le déclin continue, accentué cette année par les effets du tsunami. En 2011, on n’y vendra qu’environ 4,25 millions de véhicules, contre 4,8 millions en 2010. On est très loin des plus de 7 millions vendus en 1996. En Europe, la situation n’est guère meilleure. Alors qu’on y vendait 15,9 millions d’unités en 2007, les ventes ont baissées ces dernières années, pour atteindre environ 12,8 millions en 2011 (-1,4% par rapport à 2010), et les prévision de J.D. Power sont de 12,15 millions pour 2012 (-5,1%).

Mais se sont les tendances de fond qui inquiètent les constructeurs. Par exemple, en Grande Bretagne, 48% des jeunes entre 17 et 20 ans avaient un permis de conduire en 1990. En 2010, ce ne sont plus que 35% qui possédaient un permis de conduire. Si on peut pointer du doigt la crise économique et le coût des voitures, cela n’explique pas tout. Les modes de vie ont changé.

Autrefois, le rite de passage pour un adolescent, c’était son premier cyclo en Europe, sa première voiture aux USA, qui ouvrait la porte vers l’indépendance. Aujourd’hui, c’est le premier téléphone portable qui donne à un pré-adolescent l’accès immédiat à son réseau d’amis, soit par les textos, soit par Facebook. Plus besoin d’un moyen de locomotion pour retrouver ses amis, on se retrouve sur le web.

Une récente étude parmi les jeunes de 18 à 24 ans aux USA leur a donné le choix entre une voiture et un accès internet : 46% ont choisi l’accès internet. En plus, de nouvelles habitudes se forment sur le web. Les jeunes regardent des films en streaming, écoutent de la musique sur abonnement, et donc la notion de propriété est entrain de reculer. Ce qui évidemment ouvre tout grand les portes de l’auto-partage, la location entre particuliers, etc.

Bref, la voiture ne fait plus rêver les jeunes, contrairement aux générations précédentes. Même les voitures électriques ne semblent pas les intéresser, sans doute à cause de leur prix. C’est donc toute une génération de futur clients que les constructeurs automobiles risquent de perdre. Ironiquement, dans les grandes villes comme San Francisco, c’est le vélo qui est devenu cool, supplémenté de l’auto-partage, parmi les jeunes « branchés ».

Et qu’est-ce qui fait rêver les jeunes d’aujourd’hui ? Les smartphones, les apps et autres gadgets. Et les constructeurs automobiles essaient de récupérer ce mouvement. Honda, par exemple, avec son robot Asimo, que l’on voit sur tous les salons. Ford, avec son Sync myFordTouch, à base Microsoft. Et maintenant Renault, avec son R-Link, à base Android. Tous les constructeurs s’y mettent.

Pour l’instant, cette nouvelle technologie embarquée sert pour la communication (courriels, Facebook), l’entertainment (radio), la navigation, et la télématique (donner des instructions à distance à la voiture). Dans le futur, elle pourra aussi nous amener vers l’auto-conduite. Mais surtout, elle permet la commande vocale, qui est indispensable pour garantir la sécurité pendant la conduite. Et les commandes vocales sont à l’heure actuelle le graal du smartphone (voir SIRI sur le nouvel iPhone 4S d’Apple).

Le système Sync de Ford connecte la voiture par l’intermédiaire du bluetooth d’un téléphone portable et permet l’installation d’applications (apps). Le R-Link de Renault serait connecté au réseau EDGE grâce à un modem, qui d’après Renault serait moins cher que le réseau 3G. Sur les hauts de gamme BMW et Audi, les voitures se connectent directement sur le réseau 3G. Renault va distribuer un SDK (software development kit) très bientôt ce qui permettra aux développeurs de créer des apps. Cela ne vous rappelle rien ? Le smartphone, ou la tablette, bien entendu.

Ford Sync

Ford / Microsoft Sync embarqué dans une Fiesta.

Pour l’instant donc, Microsoft est dans le coup, ainsi qu’Android. Apple et son iOS ne doivent pas être loin, ainsi que peut-être le WebOS de HP (qui vient tout juste de devenir Open Source).

La voiture ne va-t-elle devenir qu’une autre plateforme mobile ? Retrouvera-t-elle ainsi un intérêt parmi les jeunes ? Faut-il s’en réjouir si on est un partisan de la voiture verte ? Car ces avancées technologiques s’appliqueront aussi bien aux voitures électriques qu’aux plus polluantes. Ainsi, le système R-Link sera disponible sur la Zoé ainsi que sur la prochaine Clio. Ce qui est sur, c’est que la voiture continue de s’adapter…