Toyota Prius

Depuis plus de 10 ans déjà, je souris discrètement à chaque nouvelle augmentation du prix à la pompe. Même constat lorsqu’il s’agit du prix du fioul, du gaz naturel ou encore de l’électricité.

Malgré l’impopularité de ces augmentations, j’ai toujours assumé pleinement ma position. Pourtant, socialement parlant, à plus de 1,50€ le litre de super sans plomb, l’augmentation du prix des carburants n’est plus vraiment souhaitable.

Aussi, depuis plusieurs mois, j’ai acquis la conviction qu’il était temps que le signal-prix laisse progressivement la place à celui de la sobriété et de l’efficacité. En tant que consommateur, cela reviendrait à consacrer la même importance au bilan CO2 qu’à la facture. Beaucoup penseront certainement que je suis un doux rêveur et pourtant…

Appelez là comme vous voulez : culture de la sobriété et de l’efficacité, culture CO2, culture carbone, etc… Peu importe. C’est celle qui a conduit plusieurs millions d’automobilistes à opter pour une Toyota Prius plutôt que pour une berline classique abreuvée au gazole(*). Celle qui conduit aujourd’hui certains consommateurs à opter pour les véhicules électriques quand bien même leur coût global reste assez élevé comparativement aux véhicules thermiques traditionnels.

C’est cette même culture carbone qui contribue à faire de nouveaux adeptes du vélo pour les courts trajets et/ou les déplacements urbains. Pas uniquement parce que ces courts trajets sont synonymes d’économies potentielles (carburant, stationnement, contravention…) mais surtout parce qu’ils constituent un gisement CO2 non négligeable jour après jour, année après année…

Cette culture carbone est née des prix élevés de l’énergie. C’est ce qui explique qu’elle est encore peu répandue en Amérique du Nord. Mais les choses bougent fort heureusement. Il suffit de constater le succès grandissant des voitures hybrides. À moins de 1$ le litre de sans plomb – absence de taxe oblige (…) – le surcoût à l’achat d’un véhicule hybride est difficile à amortir outre atlantique.

Face aux offres délirantes proposées par la majorité des constructeurs pour entretenir coûte que coûte l’extrême dépendance des consommateurs vis-à-vis de l’automobile à pétrole, il faut une culture carbone bien aiguisée et un porte-monnaie souvent bien garni pour opter pour un véhicule hybride plutôt qu’un véhicule ordinaire. Heureusement, le marché de l’occasion continue de s’étoffer : désormais, quiconque qui le souhaite peut s’offrir une Toyota Prius II de moins de 100 000 km en parfait état pour moins de 15 k$. Encore faut-il vraiment le vouloir…

Jusqu’ici portée par les « écolos », les « bobos » et les « early adopter », la culture carbone doit continuer à se répandre chez les consommateurs sans attendre que le prix de l’essence atteigne de nouveaux sommets. Pour que ce changement d’échelle puisse avoir lieu, les constructeurs automobiles ont désormais un rôle central à jouer : devenir à leur tour de vrais ambassadeurs de l’économie et accompagner les consommateurs vers l’indispensable changement de paradigme automobile que nous impose ce siècle.

Certaines marques s’y sont déjà attelées depuis quelques années déjà. Toyota et sa solide technologie hybride. Volkswagen et sa gamme Bluemotion qui a permis de rendre la basse consommation accessible à tous ou presque (**). Les constructeurs français parmi lesquels Renault qui a beaucoup investi en faveur du véhicule électrique et qui entend devenir leader européen en matière de véhicule à faible émission de CO2 d’ici 2020.

Même les prestigieuses marques allemandes ont investi ce créneau porteur d’avenir. BMW est indiscutablement le constructeur qui mérite d’être cité en exemple à suivre. Si la marque continue d’être associée à la puissance, au plaisir de conduire et à la noblesse mécanique de ses moteurs, les investissements consacrés ces dernières années pour réduire la consommation de ses modèles contribuent désormais à faire évoluer les mentalités de sa clientèle, notamment en Europe (***).

Naturellement, pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par l’Union Européenne en matière de réduction des émissions de CO2, ces efforts vont devoir être intensifiés et suivis par tous les constructeurs. Des orientations qui seront d’autant plus faciles à suivre que la demande sera forte du coté des consommateurs.

Contribuer à améliorer la culture des internautes en faveur de l’automobile propre : c’est un des objectifs de ce blog. Espérons qu’il y contribue durablement de la manière la plus agréable qui soit…

(*) en France, du fait d’une fiscalité carburant aberrante, rouler dans une berline Diesel qui consomme 5,5L/100km ne coûte pas plus cher que rouler dans une Prius III qui consomme 5L d’essence aux 100km.

(**) Malgré les critiques nombreuses qui fusent de la part des « anti-Diesel » sur la stratégie de Volkswagen en matière de véhicule propre, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à plébisciter les produits de la marque, notamment eu égard au ratio performance/consommation offert par les moteurs TDI et TSI de dernière génération.

(***) Faute de marché suffisamment important en matière de véhicule premium basse consommation en Amérique du Nord, BMW limite pour l’instant au marché européen son offre en matière de véhicule à très faible consommation (CO2 < 120 g./km). Même stratégie de la part de Mercedes-Benz qui continue d’écouler ses grosses cylindrées à essence aux USA, au Canada et plus récemment en Chine. Et au diable les émissions de CO2 correspondantes…