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Interpelé en amont de la première édition 2015 du Vendée électrique Tour par Pascal Houssard, directeur général du SyDEV, Frédéric Beuchillot, à la tête d’un établissement hôtelier qui joue à fond la carte du développement durable, vient de se faire installer ses connecteurs muraux Tesla.

Sur la route d’un essai

Le même Pascal Houssard, me sachant l’an dernier sur le point de faire un essai de plusieurs jours du Nissan e-NV200 Evalia, sur un trajet qui partait du nord de la Bretagne pour le sud de la Vendée, m’avait tout aussi naturellement aiguillé vers Le Rabelais de Fontenay-le-Comte qu’il savait alors tout récemment équipé de ses 2 premières bornes de recharge pour véhicules électriques et hybrides rechargeables.

L’une, une Wallbox Legrand d’une puissance de 3 kW installée à l’abri d’un vaste bâtiment dispose d’une prise de type 3 et d’une Green Up destinée à la recharge lente des batteries d’un peu tous les véhicules branchés à ce jour sur le marché. L’autre, sur le parking extérieur face à l’entrée de l’établissement, est dotée du double de la puissance pour un ravitaillement jusque 32 ampères.

Depuis l’ouverture du service de recharge, une vingtaine de voitures, principalement des Renault Zoé, ont été rechargées au Rabelais.

Une idée née au cours d’une interview

Lors de l’interview de Frédéric Beuchillot, que j’avais à l’époque réalisée pour l’Avem, nous avions évoqué ensemble l’appel de Tesla aux établissements hôteliers qui serait prêts à recevoir une borne du constructeur sur leur site.

Le directeur de l’hôtel s’était pris à rêver de pouvoir proposer à sa clientèle un superchargeur. Encore fallait-il pour cela que Le Rabelais soit idéalement situé pour les utilisateurs de Model S et des modèles à venir et capable de leur proposer un moment de détente pendant l’opération de ravitaillement des batteries.

Même si ce n’était pas du tout gagné d’avance, l’établissement pouvait mettre en avant sa proximité avec une sortie de l’autoroute A83 et une multitude de façon d’attendre la fin de la recharge, ne serait-ce qu’en prenant un café au calme d’une terrasse ouvrant sur un espace boisé, en savourant un repas gastronomique, ou en profitant de la table de ping-pong, du sauna, de la salle de sport ou de la piscine. Fallait-il y croire ?

Deux cartons Tesla sur le bureau du directeur

De retour du Catalan electric Tour, j’ai voulu en savoir davantage sur ce projet d’implantation du superchargeur Tesla au Rabelais. Bingo ! Deux cartons Tesla venaient tout juste d’arriver sur le bureau de Frédéric Beuchillot. Pas de quoi contenir ces grandes installations que l’on voit un peu à l’écart sur les autoroutes, mais 2 connecteurs muraux d’une puissance de 22 kW chacun.

Le réseau de recharge à destination, selon la terminologie employée par Tesla, démarré en Europe au printemps 2016, compte déjà plus d’une centaine de sites équipés dans l’Hexagone pour ravitailler en électricité les si désirables voitures américaines distinguées du préfixe « Model ».

On y retrouve des établissements prestigieux comme Le Fouquet’s à Paris (75), Le Majestic Barrière à Cannes (06), Le Crowne Plaza de Montpelliers (34), l’Hôtel Sezz à Saint-Tropez (83) ou encore le château de Chenonceau (37) (voir l’article de Yoann à ce sujet), mais aussi des lieux très à l’opposé, tels le centre commercial Carrefour de Villiers-en-Bière (77) et Parly 2 au Chesnay (78).

Le Rabelais n’y figure pas encore, mais ce n’est qu’une question de jours, puisque les connecteurs muraux viennent tout juste d’être installés à la mise en ligne du présent article.

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Recharge à destination

« Les propriétaires de Tesla organisent leurs vacances et déplacements professionnels en fonction des lieux où ils pourront recharger leurs voitures une fois sur place. Tesla s’emploie donc à développer des bornes de recharge dans tous ces lieux », indique le document remis aux candidats pressentis pour recevoir des connecteurs Tesla.

Selon un partenariat gagnant-gagnant, les professionnels sélectionnés sont « mis en valeur » auprès de tous les clients du constructeur américain. « Ils choisiront votre établissement en sachant qu’ils profiteront d’un lieu d’exception et d’une solution de recharge pendant leur séjour », peut-on lire plus loin. Parmi les bénéfices mis en avant par le document, à l’intention des partenaires : « visibilité et mise en valeur auprès d’une clientèle premium grandissante de voyageurs fréquents ; possibilité d’accueillir des événements Tesla grâce à la communauté de conducteurs passionnés ; opportunité de participer à une aventure technologique et novatrice tout en bénéficiant des avantages que Tesla réserve à ses partenaires de la première heure ; intégration des sites partenaires dans toutes les voitures Tesla via l’interface interactive de navigation et sur le site Web ».

Le coût d’une charge moyenne est estimé à 6 euros, pour 0,12 euro le kWh. L’opération, qui dure 2h30, permet à une Model S de parcourir environ 240 kilomètres. Petite précision : « Tesla demande à tous ses partenaires d’installer au minimum 2 bornes de recharge Tesla ».

De l’été 2015…

Un des premiers réflexes de Frédéric Beuchillot dans sa démarche pour équiper son établissement d’une installation de recharge Tesla a été de contacter à l’été 2015 son électricien Sdel, spécialisé dans la conception et la réalisation d’infrastructures de réseaux d’énergie (électricité et gaz), de télécommunications et d’éclairage public. Une bonne adresse, puisque cette entreprise est déjà en contact avec Tesla.

Une première réponse d’un représentant en France du constructeur américain a été de demander à l’hôtelier de patienter quelque temps, en raison des nombreuses demandes reçues, en cours de traitement.

Deux mois vont s’écouler avant qu’une étude d’implantation soit lancée. La proximité avec une sortie de l’autoroute A83, le circuit à suivre par les propriétaires de Model S et maintenant aussi de Model X, la capacité d’accueil des électromobiliens sur le site … : tout a été étudié de près. Une réponse encourageante est arrivée en décembre 2015, annonçant que la situation de l’hôtel Le Rabelais à Fontenay-le-Comte est conforme aux attentes de Tesla.

C’est là que le dirigeant de l’établissement a appris que le matériel de recharge ne sera pas un superchargeur, mais des connecteurs muraux. Une étude technique et sur la capacité du réseau électrique de l’hôtel devait être encore réalisée afin de certifier que l’implantation serait possible sur le site. Frédéric Beuchillot était confiant : il avait déjà fait réaliser des travaux très cadrés pour installer ses 2 premières bornes, profitant d’une demande d’intervention d’EDF sur l’alimentation d’une ligne à 20.000 volts qui traverse le parking extérieur.

…à octobre 2016

Fin avril, le directeur de l’hôtel reçoit de Tesla différents documents, dont un, technique, à transmettre à l’électricien.

En juin 2016, le mouvement s’accélère. Sdel remet son devis : 960 euros à la charge de l’hôtel pour installer les connecteurs muraux Tesla. Ces derniers sont fournis gratuitement aux établissements.

Avec l’acceptation du devis par Frédéric Beuchillot, Tesla valide le dossier. Le matériel est envoyé le 6 septembre suivant. L’électricien est rapidement prévenu. L’installation doit être réalisée mi-octobre, en même temps que l’ajout de cet article sur le présent blog Automobile Propre. Une mise en peinture du mur qui supportera les connecteurs muraux est prévue, permetant d’identifier instantanément l’usage des places matérialisées devant eux. L’hôtel sera ensuite référencé sur le site Web de Tesla.

Si plus d’une année s’est écoulée entre l’idée d’équiper le Rabelais en matériel de recharge Tesla et la mise en service des connecteurs muraux, ce n’est pas seulement en raison de retards qui se seraient accumulés.

A ceux-là, il faut ajouter le nécessaire temps de maturation du projet. Les bornes reçues à Fontenay-le-Comte disposent de la puissance maximum pour ce matériel, soit 22 kW (32A – 3 phases). Ils permettent ainsi de régénérer les batteries d’une Model S à hauteur d’environ 100 kilomètres d’autonomie retrouvée par heure de charge. S’ils ne sont pas tous configurés ainsi, ceux de du Rabelais sont bridés pour ne fonctionner qu’avec les véhicules Tesla actuels et à venir.

Spécifications des connecteurs muraux

Dans les tableaux des spécifications inclus aux documents envoyés aux partenaires ou accessibles sur le Net :

  • Tension = 230 V phase neutre / 400 V phase phase ;
  • Circuit = Triphasé étoile ou triangle ;
  • Ampérage par phase = Au choix 32, 25, 20, 16 A ;
  • Dimensions = 380 x 160 x 140 mm (hauteur x largeur x profondeur) ;
  • Protection du boîtier = Type 3R, IP55 – Intérieur/extérieur (marquage CE) ;
  • Protection électrique par borne installée = Disjoncteur (non fourni) + interrupteur différentiel (fourni par Tesla) ;
  • Fixation = Mur (à 1,2 m au-dessus du sol) ou potelet non fourni (hauteur et largeur recommandées 130 x 11 cm, support pour enrouler le câble de recharge à prévoir) ;
  • Longueur du câble de recharge = 7,4 m ;
  • Poids = 9 kg ;
  • Normes / certification = CE, IEC 61851 / prise de Type 2 ;
  • Température de fonctionnement = -30 à 50°C.

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Le cahier des charges fourni par Tesla, ajoute cette précision : « Chaque borne peut fonctionner sur une plage d’intensité de 10 A à 32 A max en courant monophasé ou triphasé ». Et aussi cette préconisation pour choisir l’emplacement de fixation : « Les bornes Tesla et universelle sont identiques, elles doivent être installées de préférence à l’arrière gauche d’une place de stationnement extérieure ou intérieure ».

Un guide et 2 vidéos d’installation

Depuis le site du constructeur, le partenaire Tesla ou son électricien peut télécharger le guide d’installation de 45 pages (également fourni avec chaque connecteur) et visionner 2 vidéos en ligne : une de 12 minutes pour poser et mettre en service le matériel, l’autre, de 3 minutes, qui explique comment réaliser un réseau de charge partagée jusqu’à 4 bornes (1 maître et 3 esclaves).

A destination du professionnel qui mènera le chantier, un canevas représentant l’empreinte arrière du support mural et indiquant la position des trous à percer. Il lui permet de rapidement procéder, sans risque d’écarts entre les différents points de fixation. Cette opération suppose que les fils d’alimentation soient déjà en place. Une première série de connexions est à exécuter avant de solidariser au moyen de 4 vis torx le connecteur sur la face avant de son support. Nouveaux branchements à opérer avant une petite série de réglages à réaliser.


Sous-titres français disponibles en cliquant sur les lettres CC dans le coin inférieur droit de la vidéo.

Régionlib

Si Frédéric Beuchillot se réjouit que son établissement puisse tout prochainement permettre de ravitailler en électricité les Tesla, la fermeture de Régionlib complique un autre de ses projets liés à la mobilité électrique.

Curieusement, ce dernier lui apparaissait pourtant plus simple à concrétiser que de recevoir une réponse positive du constructeur américain. Au moment de mon interview pour l’Avem, en juin 2015, le directeur du Rabelais de Fontenay-le-Comte souhaitait permettre à certains de ses clients professionnels éloignés de rejoindre son établissement avec les voitures électriques de Régionlib, depuis la gare de Niort (79), après un voyage en train. C’était jouable : la distance entre les 2 sites n’est que d’une trentaine de kilomètres. Les 2 bornes déjà installées auraient suffi à recharger les batteries pour effectuer en plus du retour les visites prévues par cette clientèle un peu particulière, mais bien représentée au Rabelais.

Dès juillet, Frédéric Beuchillot a pris contact avec un responsable du service d’autopartage, qui, à l’époque, avait invoqué les vacances estivales pour reporter à la rentrée un éventuel rendez-vous. La redéfinition du mode de fonctionnement de Régionlib avait également été évoquée.

Puis, plus aucunes nouvelles : l’interlocuteur n’était plus joignable. Aujourd’hui, le directeur du Rabelais espère toujours trouver une formule qui pourrait s’apparenter à une navette électrique vers son établissement depuis la gare de Niort. Il réfléchit à un possible partenariat, véritablement ouvert à toute proposition cohérente. Hors le dynamisme vendéen si particulier, il se désole de la lenteur avec laquelle la mobilité électrique se développe en France et ailleurs. Selon lui, la question tourne autour de 3 éléments inséparables qui touchent les acteurs concernés : avoir la volonté, avoir le temps, et avoir les moyens.

Développement durable

Difficile d’évoquer l’hôtel Rabelais de Fontenay-le-Comte sans s’attacher un minimum à présenter les efforts tous azimuts réalisés au nom de la transition énergétique et du développement durable, qui lui valent d’être distingué par un Ecolabel depuis 5 ans au moins. Et ce, sans nuire au confort de la clientèle.

A ce sujet, un document complet est disponible dans chacune des chambres. Trois axes principaux sont suivis : économie d’énergie, d’eau, et tri des déchets. Rien qu’au niveau de l’éclairage, la réflexion menée par la direction est conséquente : implantation des sources lumineuses, ampoules à basse consommation, déclenchement et extinction des appliques dans les couloirs au passage des clients, interrupteur unique dans les chambres pour couper en les quittant l’alimentation de tous les consommateurs.

L’établissement est équipé d’une chaudière à gaz d’une grande sobriété. Des mousseurs et réducteurs de pression permettent de consommer moins d’eau. Un espace dans le parking couvert est à disposition des cyclistes, avec casiers individuels, coin abrité des regards pour se changer, râtelier de stationnement, et compresseur pour effectuer la pression des pneus, et peut-être même une douche.

Automobile Propre et moi-même remercions vivement pour son accueil Frédéric Beuchillot qui ne compte pas son temps pour communiquer autour de ses projets en lien avec la mobilité électrique, et plus généralement autour du développement durable.