A Dompierre-sur-Yon (85), l’apprentissage de la conduite passe par la case Renault Zoé. Emilie Hermouet, gérante de l’auto-école Sécuri’Route, accompagne ainsi en particulier les nombreux élèves qui se lancent dans la conduite accompagnée. Et ce, pour de bonnes raisons.

BVA

Est-il utile de rappeler qu’une boîte automatique facilite les démarrages en côte ? Egalement qu’elle permet de se concentrer davantage sur l’environnement et la circulation, et en particulier de porter une attention plus importante aux piétons et deux-roues. Globalement, l’exploitation d’une BVA est susceptible de se traduire par une conduite plus sécurisée et apaisée.

Si, aux Etats-Unis et dans nombre d’autres pays cet équipement a été adopté depuis des dizaines d’années, en France, manier le levier de vitesses semblait être élevé au rang de sport national. Depuis quelques années, certains modèles de véhicules, en particulier ceux de haut de gamme, y compris dans les segments des citadines, sont essentiellement proposés avec des boîtes séquentielles ou robotisées. Les engins de location bénéficient de ce phénomène. De plus en plus de jeunes débutent la conduite accompagnée sur des voitures ainsi dotées. Sur une électrique, sauf pour quelques conversions artisanales, la transmission est assimilable, du point de vue du conducteur, à une boîte automatique.

BEA

A l’origine du présent article, un commentaire reçu à la suite d’un autre rappelant une récente modification de la législation en matière d’apprentissage à la conduite. Un arrêté du 14 octobre 2016 s’intéresse à la formation des titulaires de la catégorie B du permis de conduire, et en particulier à ceux qui ont fait le choix de se limiter aux véhicules à changement de vitesses automatique pour des raisons non médicales. Il y a encore peu, le BEA (pour embrayage automatique), était perçu comme une variante des plus restrictives ne permettant de conduire sur la voie publique que des voitures équipées d’une boîte automatique, séquentielle ou robotisée.

Conversion

Si, pour une raison ou une autre, – par exemple le besoin d’effectuer des trajets comme conducteur avec un véhicule professionnel monté en boîte mécanique -, il fallait procéder à une conversion du permis BEA en B, les candidats devaient impérativement repasser devant l’inspecteur. Une opération possible seulement au bout de 12 mois après l’admission au BEA.

Désormais, depuis le 1er janvier 2017, la conversion peut s’effectuer au bout de 6 mois, en suivant une formation individuelle de 7 heures, – dont une éventuellement sur simulateur -, dispensée en école de conduite. Il n’y a plus d’examen à passer. Sauf pour ceux dont des raisons médicales ont imposé le BEA. Dans ce cas particulier, les dispositions d’avant l’arrêté du 14 octobre 2016 demeurent : « Ils restent soumis à la procédure de régularisation », selon les termes du document officiel.

Contenu de la formation

L’arrêté publié fin octobre 2016 au Journal officiel indique que, s’il s’agit bien d’une formation pratique, « des apports théoriques indispensables sont délivrés par l’enseignant, à bord du véhicule ». Les 7 heures sont divisées en 2 séquences.

La première, d’une durée de deux heures, se déroule « dans un trafic nul ou faible ». Elle permet à l’élève d’acquérir les connaissances et compétences suivantes : « Comprendre le principe du point de patinage de l’embrayage et assurer sa mise en œuvre ; Etre en capacité de réaliser un démarrage en côte en toute sécurité ».

Les 5 heures restantes entraînent le stagiaire « dans des conditions de circulation variées, simples et complexes ». Compétences alors à acquérir : « Savoir utiliser la boîte de vitesses manuelle de façon rationnelle et en toute sécurité dans les conditions de circulation précitées et adopter les techniques de l’éco-conduite ; Etre en capacité de diriger le véhicule en adaptant l’allure et la trajectoire à l’environnement et aux conditions de circulation ».

Bon plan ?

Chercher à obtenir d’abord un permis BEA pour le convertir en B, serait-il un bon plan pour arriver plus vite au permis et dépenser moins au final ? Le coût de la formation de conversion tourne généralement autour des 500 euros.

Emilie Hermouet a un avis très tranché sur la question. Pour elle, l’apprentissage du BEA n’est souhaitable que s’il s’agit véritablement de conduire des voitures à boîte automatique ou assimilée. C’est pourquoi elle s’intéresse toujours aux motivations profondes des futurs automobilistes qui viennent s’inscrire à son auto-école. Une certaine façon de penser, d’envisager le futur automobile, l’attrait réel pour les boîtes robotisées ou les voitures électriques, par exemple, sont pour elle des raisons valables.

Viser par calcul financier le BEA pour le convertir en B au bout de 6 mois n’est pas recevable par notre interviewée. Dans ce cas, pourquoi tous les élèves de Sécuri’Route passent-ils par la Renault Zoé ?

900 élèves en 3 ans sur la Zoé

En 3 ans, ce sont 900 élèves, dont de nombreux candidats à la conduite accompagnée âgés de 15 ans, qui ont débuté la conduite par la citadine branchée du Losange. La raison ? « Pour leur permettre d’acquérir plus rapidement et en profondeur les bons regards automatisés », répond Emilie Hermouet. « Avec une voiture à boîte mécanique, les élèves doivent se concentrer à la fois sur l’attention à l’environnement et à la circulation, mais aussi au passage des vitesses », détaille-t-elle.

« Pas besoin de se demander au moment de tourner si l’on est bien en deuxième ! », illustre-t-elle. « Les bons réflexes sont acquis plus rapidement sur une BVA, ce qui permet ensuite de passer plus d’heure en centre-ville », poursuit notre interviewé. Les futurs automobilistes découvrent ensuite, au bout de 2 heures de conduite, le passage des vitesses sur une voiture plus classique à boîte mécanique. C’est donc plus pour sa transmission que sa motorisation spécifique que la Zoé a intégré la flotte de l’établissement. Même si notre interviewée reprend avec bonne humeur et peut-être une petite pointe de malice : «  La voiture électrique, l’essayer, c’est l’adopter ! ».

Facilite l’accompagnement

« Commencer sur une voiture à boîte automatique est également positif pour les formateurs à la conduite qui subissent moins les secousses imposées par les débuts d’apprentissage des élèves ; les professionnels peuvent ainsi, également, se concentrer davantage sur l’environnement et la circulation et leur appréhension par les élèves », révèle Emilie Hermouet.

« On enlève au final pas mal de tracas en commençant la conduite avec une voiture en BVA », complète-t-elle. « La Zoé est plus rentable du fait d’un entretien moindre et d’une facture allégée en énergie, mais on perd beaucoup de temps à la recharger le midi », témoigne la gérante de Sécuri’Route qui a participé cette année au Vendée énergie Tour proposé par le SyDEV, – le syndicat de l’énergie de la Vendée. La contrainte de ravitaillement en énergie s’estomperait sans doute avec les nouveaux modèles de voitures électriques, disposant d’une autonomie au moins proche des 300 kilomètres.

VE

Que pensent les élèves à l’apprentissage de la conduite des voitures électriques ? « Ils sont très surpris de l’absence de bruit moteur et de la facilité extrême de conduite, mais mécaniquement, ça ne leur parle pas forcément », a constaté Emilie Hermouet. « Beaucoup de jeunes connaissent l’existence des boîtes automatiques, car c’est ce qui équipe par exemple le Renault Espace ou la Peugeot 5008 des parents », avance-t-elle. « En revanche, concernant les voitures électriques, ils ont peur de la panne à cause de l’autonomie limitée », remonte-t-elle. Une crainte qui se fait débat.

Automobile Propre et moi-même remercions Emilie Hermouet pour son décryptage personnel de l’exploitation d’une voiture électrique en auto-école.