Différentes raisons poussent à acquérir une première voiture électrique. Si une personne seule peut rapidement rejoindre le cercle grandissant des électromobiliens, lorsqu’il s’agit d’équiper une famille d’un nouveau véhicule principal, le choix d’un modèle branché demande un minimum de concertation pour que la nouvelle aventure automobile qui commence soit vécue au mieux par tous les membres.

Frein puissant

Les constructeurs, concessionnaires, médias ont tendance à oublier qu’il existe un frein puissant au développement des véhicules électriques : le poids de la famille, et en particulier celui du couple. Par les habitudes qu’elle est susceptible de bouleverser, la voiture survoltée n’entre pas si aisément que cela dans la plupart des cercles familiaux. Lorsque l’un des 2 adultes est séduit par un modèle de VE, le premier pas à poser est de connaître l’avis de son compagnon ou de sa compagne. S’il est plus facile qu’il y a 10 ans de trouver un modèle électrique de la même catégorie que le diesel ou l’engin à essence dont on se sépare, ce n’est pas le cas encore dans bien des situations. S’ajoutent des contraintes supposées à l’usage… qui n’en sont pas forcément.

Du paquebot break GPL à la citadine à batterie

Ayant pleinement connu ce scénario, une fois n’est pas coutume, j’amorce le sujet avec mon propre vécu. Lorsque notre première voiture électrique est arrivée dans la famille, – une citadine de 1996 à batteries NiCd -, nous possédions 3 véhicules. Mon épouse conduisait un break dont le moteur GTI venait de rendre l’âme. J’utilisais également au quotidien un break au GPL connu à son époque pour être le plus volumineux aux catalogues des constructeurs européens.

Pour la passion, j’avais aussi une ancienne en parfait état de fonctionnement et de présentation. C’est cette dernière et le break GTI que nous avons sacrifié pour acheter la Clio, mon épouse récupérant mon paquebot au gaz. Rapidement derrière, nous avons mis en place le covoiturage familial avec la citadine électrique. Une solution très intéressante puisqu’elle nous faisait économiser plus de 3.000 euros à l’année. Mais surtout, elle allait dans le sens de mon souci de limiter l’impact de nos déplacements sur l’environnement. Et c’est volontairement que j’ai indiqué « mon » souci, et pas « notre » souci.

Petites aventures

Passer de généreux breaks utilisés plus ou moins individuellement à une citadine remplie de 4 personnes n’a pas été neutre sur la vie de famille. Le choix en voitures électriques était très limité en 2007. Pourtant, quelques mois plus tard, nous arrivions à remplacer la citadine par un ludospace de 2002 à prolongateur d’autonomie.

La route des vacances, pour des séjours à moyennes distances, s’ouvrait à nous. Mais il me fallait être inventif pour faire accepter à ma petite famille des arrêts recharge de plusieurs heures pour ne retrouver que 80 à 100 kilomètres d’autonomie. On a vécu plein d’événements et de petites aventures sympas que nous n’aurions pas connus sans les VE ! On a rechargé dans des parcs d’attraction, des ports de plaisance, des restaurants, des hôtels, chez des agriculteurs amis d’amis d’amis, etc. Le coût très allégé des déplacements permettait de vivre davantage d’activités sur place. Mais…

Bilan

Quel bilan au bout de 10 ans d’utilisation en famille de voitures électriques ? Mon fils se voit rouler en youngtimers sportives dès son permis, dans 2 ans au plus tôt. Sa sœur rêve d’une micro-citadine qui n’existe qu’en thermique.

En refaisant sa vie, leur mère a repris une voiture à essence pour des raisons pratiques réelles. Sa nouvelle adresse est celle d’une copropriété sans places de parking. En outre, n’ayant pas une sensibilité écologique réelle, les rituels  quotidiens pour la recharge lui ont laissé des souvenirs plutôt négatifs, vécus de façon exagérée comme de véritables contraintes. J’ai donc récupéré la citadine acquise en 2012. Si chaque famille a son propre chemin, ses propres capacités à rebondir et accepter les changements, l’exemple ci-dessus peut servir de base de réflexion aux familles dont l’un des membres souhaite passer sereinement à la mobilité électrique. Il serait judicieux qu’il soit complété des expériences diverses de nos lecteurs déposées dans les commentaires à la suite du présent article.

Pourquoi une voiture électrique ?

Bien plus que pour une voiture qui ne serait utilisée que par un(e) célibataire ou à l’usage exclusif de l’un des 2 partenaires dans un couple, passer à l’électrique demande mûres réflexions, en particulier pour dégager ce qui apparaît comme essentiel dans la prise de décision d’achat.

S’il s’agit, par exemple, d’entrer ou de poursuivre un chemin vertueux quant à ses habitudes de consommation, il vaut mieux s’assurer que c’est une démarche partagée. Si elle ne l’est pas, qu’est-ce qui peut aider à ce que l’utilisation d’une voiture électrique à usage familial soit tout de même acceptable pour tous dans la famille ? Procéder ainsi permettra de mieux dépasser quelques possibles difficultés plus ou moins ponctuelles, notamment liées à la recharge pour les déplacements lointains et/ou inhabituels. Parmi les pistes : visites touristiques, temps pris ensemble au restaurant, etc.

Possibilités de recharge et autonomie

Avant de faire le choix d’acheter une voiture électrique, s’inquiéter des possibilités de la recharger est incontournable. Ca semble évident a priori, mais devant un modèle qui vous a séduit, la raison est parfois mise de côté. C’est l’utilisation que l’on compte faire d’une voiture électrique qui va fixer les besoins minimum en autonomie et les scénarios de recharge quotidiens et ponctuels.

On peut supposer que la plupart du temps l’engin sera branché chez soi, et/ou éventuellement sur son lieu de travail. Est-ce possible ? S’il y a un doute sur les prises du domicile, ne pas hésiter à demander l’avis d’un proche fiable ou d’un électricien. En copropriété, dès lors qu’il y a des places de parking associées, il y a un droit d’accès à la prise. Des entreprises proposent de prendre en charge tout l’aspect contraignant à ce sujet. S’il sera nécessaire de recharger régulièrement dans l’espace public ou sur la route lors de déplacements plus ou moins réguliers, il est important de recenser les standards, puissances et connecteurs à disposition, à croiser avec l’autonomie minimum nécessaire, afin de déterminer quelles sont les voitures électriques à retenir de préférence.

Reconsidérer la façon de se déplacer

Franchir le pas de la mobilité électrique peut être l’occasion de réfléchir à ses habitudes de déplacements. Cette démarche, bien que facultative, est susceptible de rendre possible la mobilité électrique là où des difficultés et blocages seraient mis au jour. L’autonomie que l’on espère d’une voiture électrique, mais aussi les besoins en recharge, dépendent des autres moyens à disposition pour effectuer certains trajets. Les transports en commun sont-ils accessibles pour se rendre sur ses lieux de vacances, éventuellement en embarquant la voiture électrique par le rail, ou en louant au besoin des véhicules sur place ? Le covoiturage est-il envisageable avec des voisins ou collègues ?

Budget et formules d’acquisition

Afin de ne pas déstabiliser le budget de la famille, il est utile de comparer les différentes formules d’acquisition possibles. L’idéal étant que le loyer et/ou le crédit à verser, additionné(s) du coût des recharges, se situe(nt) à un niveau similaire aux frais d’utilisation d’un modèle thermique, pleins en carburant compris.

En occasion, on trouve déjà des voitures électriques aux environs de 6.000 euros. En neuf, avec un ancien diesel à sacrifier, le bonus et une petite négociation, on arrive à faire tomber les prix de plus de 10.000 euros. A l’achat classique s’ajoutent des formules de location LOA et LLD qui permettent de disposer d’un VE pour un loyer mensuel inférieur à 100 euros par mois.

En exemple la Peugeot iOn avec l’offre Electric Box sur 84 mois (premier loyer de 2.400 euros, bonus et superbonus déduits). Chez Renault, le prix affiché pour la Zoé ne comprend pas la location imposée pour les batteries dont le loyer dépend d’un crédit kilométrique annuel. Ainsi, pour 7.500 km, il faudra régler chaque mois 69 euros TTC. Des formules sont parfois proposées avec un loyer d’un euro symbolique pendant 1 an. Tout cela doit être clair au moment de comparer les offres.

Comparer les modèles

Une fois dressée la liste des modèles électriques qui rentrent dans le budget, compatibles avec les besoins en autonomie et les possibilités de recharge, un conseil à suivre : les essayer tous en famille !

A noter que, question autonomie, en situation normale réelle, il convient de retirer environ 15-20% des chiffres NEDC, tant que ce standard sera imposé dans les communications des constructeurs. En hiver, le rayon d’action baissera encore en fonction de l’usage des consommateurs électriques les plus gourmands, en particulier le chauffage. Est-ce que tous les membres de la famille sont prêts à se passer parfois d’une température confortable, s’il faut choisir entre la chaleur et l’autonomie ? Même question en été avec la climatisation. Ce n’est bien sûr pas une problématique qui concerne toutes les familles. Si les besoins journaliers sont d’une cinquantaine de kilomètres sans ralentissements importants, pas besoin d’imaginer le pire au niveau de l’ambiance à bord.

Se faire plaisir

Une voiture électrique, c’est aussi une voiture plaisir. Pas de vibrations à bord, une isolation phonique qui privilégie le bien-être des personnes embarquées, pas de vitesses à changer à chaque accélération ou ralentissement, des présentations parfois très séduisantes en deux teintes, quelques originalités dans les commandes et leurs regroupements : certains modèles donnent vraiment l’impression de pénétrer dans un autre monde. Le dernier mot, une fois les engins compatibles essayés, reviendra très certainement à des éléments qui touchent à la sensibilité des personnes composant le foyer.

Appel à témoignages

A la suite de mon témoignage en début d’article, très loin de constituer une généralité, nos lecteurs qui ont déjà un recul d’au moins 4-5 ans dans l’usage familial d’un véhicule électrique sont invités à donner le leur, qui sera forcément différent, et sans doute le plus souvent davantage optimiste.

C’est l’association des situations diverses qui pourra aider au mieux les futurs électromobiliens à vivre au mieux avec leur entourage le choix d’une nouvelle manière de vivre ses déplacements.