Longtemps contraint au segment des bus, le gaz naturel fait sa révolution dans le domaine du poids-lourds. D’ici 2020, la France devrait compter quelque 10.000 camions GNV en circulation.

Si l’Italie a déployé son réseau stations grâce aux ventes de voitures particulières, c’est le segment des poids lourds qui porte aujourd’hui le développement la filière en France. Alors que le diesel est de moins en moins bien accueilli dans  les grandes villes, le gaz apparait comme une alternative fiable pour les transporteurs souhaitant engager dès maintenant la transition de leur flotte.

Il faut dire que les transporteurs sont largement incités à accélérer la cadence. Entre les mesures fiscales mises en place à l’échelle gouvernementale, les nouvelles réglementations d’accès aux centres urbains et les exigences des « chargeurs » qui imposent désormais la solution gaz pour certaines missions, le GNV apparaît désormais comme un choix stratégique pour les transporteurs.

« Aujourd’hui, il y a environ 1000 poids-lourds en France qui circulent au gaz et les immatriculations doublent chaque année » chiffre Vincent Rousseau, en charge du développement du GNV chez GRTgaz et Président de la Commission Affaires Publiques de l’Association Française du Gaz Naturel pour véhicules (AFGNV) dont vous retrouverez l’interview ci-dessous. « Si cette tendance se confirme, nous devrions avoir un parc d’environ 10000 poids lourds GNV en France à horizon 2020. Un objectif en ligne avec la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) qui fixe un objectif de 25.000 poids-lourds GNV en 2023 ».

30 à 50 % de NOx en moins

Sur le volet écologique, les avantages du gaz vis-à-vis du diesel sont nombreux. « Le gaz permet des diminutions de CO2 de 10 % environ par rapport au diesel. S’il est d’origine renouvelable, nous sommes sur des réductions de 80 % sur toute la chaine par rapport au diesel. En particules nous en avons très peu par rapport au gaz même si le diesel a fait de gros progrès avec les filtres à particules. Sur le dioxyde d’azote, il y a une vraie carte à jouer pour le GNV. Même avec les meilleurs diesel équipés d’un filtre NOx de dernière génération, nous sommes sur une diminution de dioxyde d’azote de l’ordre de moins 30 à moins 50 % pour le GNV ».

Des estimations récemment confirmées par les tests du projet Equilibre en Rhône Alpes dont les relevés démontrent des NOx trois fois inférieurs au diesel sur autoroute et quatre fois moins élevés en traversée d’agglomération.

Un réseau de stations en plein essor

Qui dit flottes de véhicules dit également stations de ravitaillement. Dans le cas présent, pas de problématique de poule et de l’œuf puisque la demande est là. D’autant que les flottes de camions sont du pain béni pour les opérateurs. Avec des ravitaillements  à la fois réguliers et importants en termes de volumes, les flottes de camions apportent une véritable garantie en termes de rentabilité. Et alors que les gros acteurs n’ont aucun mal à intéresser les opérateurs, les plus petits ont tendance à se réunir sous formes de consortiums sur des territoires donnés. Objectif : réunir suffisamment de transporteurs pour atteindre la « taille critique » (10 à 15 camions) qui justifie l’implantation d’une station pour un opérateur.

« Dans les 12 prochains mois, il devrait être mis en service autant de station que tout ce qui a été mis en service depuis 25 ans » estime Vincent Rousseau. Un réseau « initial » qui devrait également profiter à d’autres types des véhicules. « Mêmes causes, mêmes effets, le gaz devrait aussi intéresser les professionnels de la logistique et des transports du dernier kilomètre. Pour le coup, il y aura une combinaison plus fine avec les autres solutions alternatives : électrique, hybride etc… ». Une transition déjà en marche puisque Lyreco ou le Groupe La Poste ont déjà adopté le gaz naturel pour les utilitaires de plus gros gabarits en complément de l’électrique.

Le gaz séduit aussi les entreprises du dernier kilomètre. Ici, un camion GNV Lyreco

110 stations GNV en France pour Total

Air Liquide, Endesa, Proviridis, GNVert, Gas Natural Fenosa… S’ils se comptaient sur les doigts d’une main il y a encore quelques années, les opérateurs se multiplient pour occuper un terrain encore relativement neutre en France.

Longtemps observateurs sur le sujet, Total et sa filiale poids-lourds AS 24 se lancent également  dans l’aventure avec de fortes ambitions. En France, le groupe annonce un objectif de 110 stations à horizon 2026, dont une vingtaine entre 2017 et 2018. La première d’entre elles a été ouverte à Nantes il y a quelques semaines.

Il faut dire que le groupe pétrolier français à de gros avantages sur ses concurrents : d’une part un foncier facilement disponible, puisqu’il s’agit d’ajouter du gaz dans les stations-services existantes, et d’autre part une base clients titanesque qui lui permet de sonder plus facilement les transporteurs pour identifier les besoins. A l’échelle européenne, le groupe pétrolier français vise l’objectif de 200 stations à horizon 2026 et a récemment fait l’acquisition de PitPoint, opérateur néerlandais spécialiste des stations GNV.

Volkswagen met les gaz en Allemagne

Il n’y a pas qu’en France que le gaz se développe pour la mobilité. En Allemagne, Volkswagen a récemment dévoilé son nouveau moteur 1.0 TGI et s’est associé avec plusieurs acteurs clés du domaine pour relancer la filière. Objectif : parvenir à multiplier par dix le nombre de véhicules gaz en circulation, soit un objectif d’un million de véhicules GNV à horizon 2020. Quant aux stations, l’objectif est d’en compter 2000 d’ici 2025 contre 900 actuellement…